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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/145

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pour avoir entendu cette parole : « La voix d’un dieu et non celle d’un homme », fut ainsi frappé quoiqu’il n’eût rien dit, combien plus eût dû souffrir le Christ, s’il n’avait été Dieu, le Christ, qui disait sans cesse : « Mes paroles ne sont pas les miennes » ; et « mes serviteurs combattraient », et tant de choses semblables. Hérode termina sa vie d’une façon honteuse et misérable, et il n’est rien resté de lui d’éclatant. Remarquez aussi comme il est persuadé par Blastus ; avec quelle facilité ce malheureux homme est emporté par la colère et aussitôt s’apaise ; à quel point il est l’esclave du peuple et ne jouit d’aucune liberté. Considérez aussi l’autorité de l’Esprit-Saint. « Pendant qu’ils servaient le Seigneur et qu’ils jeûnaient », dit l’auteur, « le Saint-Esprit leur dit : Mettez-moi à part Barnabé et Paul ». Eût-il osé, s’il n’eût joui de la même puissance que le Père et le Fils, dire ces paroles ? Ceci a lieu pour que ces apôtres ne demeurent plus tous ensemble. L’Esprit-Saint voit qu’ils sont plus forts et qu’ils peuvent suffire à un plus grand nombre. Comment leur parla-t-il ? Peut-être par les prophètes. C’est pour cela qu’il est dit auparavant qu’il y avait des prophètes ; ils jeûnaient et servaient Dieu, pour nous apprendre qu’ils eurent besoin d’une grande sobriété. Il est ordonné à Antioche où il prêche. Pourquoi l’Esprit-Saint ne dit-il pas Mettez à part pour le Seigneur, mais « pour « moi ? » Pour, montrer l’unité de puissance et d’autorité.
Remarquez-vous l’importance du jeûne ? Il montre que l’Esprit-Saint fait toutes choses. C’est un grand bien que le jeûne. Il n’est circonscrit par aucune limite. Lorsqu’il faut ordonner, ils jeûnent ; et alors l’Esprit leur parle. Le jeûne n’est pas cela seulement, mais s’abstenir des délices est une sorte de jeûne aussi. 1e ne commande que celui-ci : Ne jeûnez pas, mais abstenez-vous des délices. Recherchons la nourriture, mais non la corruption ; cherchons la nourriture, mais non pas ce qui est la source des maladies de l’âme et du corps ; recherchons la nourriture qui procure quelque plaisir, non les délices, qui sont une source d’incommodité ; c’est cela qui est délice, ceci est une véritable peste ; cela est joie, ceci chagrin ; l’un est dans la nature, et l’autre lui est opposé. Si quelqu’un vous donnait à boire de la ciguë, ne serait-ce pas contre nature ? Si l’on vous servait du bois et des pierres, ne les repousseriez-vous pas ? Et avec raison, car c’est contre nature. Ainsi sont les délices De même que dans une ville, pendant un siégé, il y a tumulte et agitation quand les ennemis s’y introduisent ; ainsi en est-il pour l’âme quand le vin et la bonne chère s’en emparent. « Pour qui les malédictions ? pour qui les ennuis et les vaines paroles ? pour qui « le jugement, si ce n’est pour ceux qui passent « leur temps à boire ? Pour qui les yeux livides ? » (Prov. 23,29-30) Mais quoi que nous disions, nous n’éloignerons pas de la bonne chère ceux qui y sont adonnés, si nous n’attaquons pas une autre maladie.
Et d’abord parlons des femmes. Rien de plus honteux qu’une femme adonnée aux plaisirs de la table, rien de plus hideux que celle qui s’enivre. La fleur de son visage se fane, la sérénité et la douceur de ses yeux se trouble ; c’est comme un nuage qui passe sous le soleil et en intercepte les rayons. Elle devient une chose ignoble, servile et couverte de toutes les ignominies. Combien est désagréable la respiration d’une femme exhalant l’odeur puante du vin, vomissant des viandes corrompues, alourdie et ne pouvant se soulever, rouge plus qu’il ne convient, et prise de vertiges et de bâillements répétés. Mais telle n’est – pas la femme qui s’abstient de ces plaisirs : elle imprime le respect, elle est sage et belle. Une âme bien réglée communique au corps une grande beauté ; ne croyez pas, en effet, que la beauté ne vienne que des formes corporelles. Prenez une jeune fille bien faite, mais turbulente, bavarde, médisante, adonnée au vin, coquette, ne devient-elle pas plus laide que la plus difforme ? Au contraire, qu’elle soit modeste et discrète, qu’elle sache rougir, ne parler, qu’avec mesure, et jeûner ; dès lors sa beauté est doublée, sa grâce devient plus grande, son visage plus agréable par la chasteté et la décence dont il est orné. Voulez-vous que nous parlions maintenant des hommes ? Quoi de plus hideux que l’ivrogne ? Il est la risée de ses serviteurs, la risée de ses ennemis, la pitié de ses amis, le digne objet de mille blâmes, une bête plutôt qu’un homme ; car se repaître à l’excès appartient au léopard, au lion, à l’ours. C’est convenable pour eux ; ils n’ont pas une âme raisonnable. Et même, chez ces animaux, lorsqu’ils se repaissent outre mesure et plus que ne le veut la nature, le corps entier se corrompt. Combien plus en est-