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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/153

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pas croire, si quelqu’un vous la raconte (29-41) ».
2. Voyez comme Paul compose le tissu de son discours avec les faits actuels, les prophéties et la race de promission. Mais reprenons ce qui a été dit plus haut : « Hommes mes frères, fils de la race d’Abraham ». Il les appelle par le nom de leur père. « La parole du salut vous a été envoyée ». Ce mot : « à vous », il ne le dit pas aux Juifs à l’exclusion des autres peuples, mais pour donner à ses auditeurs le moyen de se séparer de ceux qui ont osé faire mourir le Christ. Et cela est éclairci par ce qui suit : « En effet, ceux qui habitaient Jérusalem ne l’ont pas reconnu, et n’ayant point entendu les paroles des prophètes, lues tous les jours de sabbat dans les synagogues, ils les ont accomplies en le jugeant ». C’est une circonstance qui aggrave la faute de n’avoir pas fait attention à des paroles qu’ils entendaient souvent. Mais cela ne doit pas surprendre ; ce que l’apôtre a dit de la conduite de leurs pères en Égypte et au désert, était suffisant pour montrer l’ingratitude de ce peuple. Mais comment, dira-t-on, le méconnurent-ils, puisque Jean le leur signalait ? Faut-il s’en étonner, puisqu’ils l’ont méconnu malgré toutes les prophéties qui l’avaient si clairement et si hautement désigné. Ensuite vient une autre accusation : « Et n’ayant trouvé aucune cause de mort » ; ceci n’était pas le fait de l’ignorance. Admettons, en effet, qu’ils ne l’aient pas considéré comme le Christ, pourquoi le mettaient-ils à mort ? « Et ils demandèrent à Pilate de le faire mourir. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui avait été écrit de lui, on le descendit de la croix et on le mit dans un tombeau ». Voyez le zèle que les Juifs déploient dans toute cette affaire. Paul indique le genre de mort, et introduit Pilate en cause, pour prouver clairement la passion du Christ par le tribunal qui la décida, et pour accuser en même temps plus fortement les Juifs qui ont livré Jésus à un étranger. Paul ne dit pas : ils l’accusèrent ; mais « ils demandèrent » qu’on le mît à mort, sans qu’on eût trouvé de crime de mort en lui, pour montrer qu’ils obtinrent cela comme une grâce de Pilate, qui ne voulait pas le faire mourir ; Pierre le dit plus ouvertement encore par ces paroles : « Pilate, jugeant qu’il devait être relâché ». (Act. 3,13) Paul aimait beaucoup les Juifs. Remarquez qu’il ne s’arrête pas à l’ingratitude de leurs pères, mais il leur inspire la crainte à eux-mêmes. Étienne, au contraire, s’y arrête comme il lui convenait, à qui allait être mis à mort, qui ne voulait pas tant instruire les Juifs que leur montrer que la loi était abrogée.
Mais Paul ne parle pas de même, il se contente de les menacer et de les épouvanter. « Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Il a été vu pendant un très-grand nombre de jours par ceux qui étaient venus avec lui de la Galilée à Jérusalem ». Voyez comment Paul, poussé par l’Esprit-Saint, leur rappelle à tout propos la passion et le tombeau du Christ. « Et nous vous annonçons, leur dit-il, la promesse qui a été faite à nos pères » ; c’est-à-dire : Nos pères ont reçu la promesse, vous, vous, en avez vu l’accomplissement. Ensuite, il appelle Jean en témoignage par ces paroles « De cette race, suivant la promesse, Dieu a suscité un Sauveur à Israël, et avant sa venue, Jean prêchait le baptême de la pénitence à Israël ». Puis il le cite de nouveau en témoignage lorsqu’il disait : « Je ne suis pas celui que vous pensez ». Ensuite il donne le témoignage des apôtres en faveur de la résurrection : « Ceux-ci sont ses témoins auprès du peuple ». Enfin il termine par cette parole de David : « Vous ne permettrez pas que votre saint voie la corruption ». Les paroles prises dans les anciens n’avaient pas assez de force par elles-mêmes, et les paroles de Jean et des apôtres ne prouvaient pas assez non plus sans les prophètes, c’est pour cela que Paul se sert des uns et des autres pour rendre sa prédication persuasive. Comme les Juifs étaient retenus par la crainte, vu qu’ils avaient, mis le Christ à mort, comme d’ailleurs leur conscience les éloignait, les apôtres ne leur parlent pas comme à des membres du Christ, ni comme à des hommes qui auraient livré un bien qui ne leur appartenait pas, mais comme à ceux qui auraient livré leur propre bien. Le nom de David était cher aux Juifs, aussi met-il ses paroles en avant pour leur faire accepter le Christ ; comme si David leur disait : C’est mon fils qui sera votre roi, ne rejetez donc pas son joug. Que veut dire : « J’accomplirai mes saints engagements avec David ? » C’est-à-dire, les engagements sûrs, les engagements qui ne doivent jamais être brisés. Il ne s’arrête pas à cela, vu qu’ils ont foi en cette parole. Mais il les menace du châtiment,