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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/154

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et passant à ce qui était désirable pour eux, il leur montre que la loi est abrogée ; puis il s’arrête à ce qui importe surtout et leur montre que de grands biens sont promis à ceux qui seront fidèles, et que de grands maux attendent les transgresseurs. Ensuite, il parle avec louange de David : « David dans sa génération accomplit la volonté de Dieu, et fut réuni à ses pères ». Ainsi Pierre, en rappelant David, disait : « On peut, parler avec confiance du patriarche David ». Paul ne dit pas qu’il est mort, mais « qu’il a été réuni à ses pères », ce qui était plus doux à dire. Remarquez que nulle part il ne parle de leurs bonnes œuvres, mais seulement de ce qui les accuse. Il énumère les bienfaits de Dieu, en disant : « Il a choisi, il a élevé, il a nourri ». C’est là un éloge, mais celui de Dieu. II ne donne de louanges qu’à David, parce que le Christ vient de lui. Jean appelle l’entrée du Christ, « avant l’entrée du Christ », son incarnation, sa manifestation dans la chair. Ainsi Jean en écrivant l’Évangile, en appelle souvent à Jean-Baptiste, car son nom était célèbre dans toute la terre. Remarquez enfin que Paul ne parle pas d’après lui-même, niais d’après le témoignage de Jean.
3. Remarquez-vous comme Paul montre avec soin que Dieu a tout conduit ? Mais écoutons ce que les apôtres ont persuadé aux hommes, en prêchant le Christ crucifié. Qu’y a-t-il de plus incroyable, qu’il ait été mis dans le tombeau par ceux à qui il annonçait le salut ; et que cet homme enseveli remette les péchés, et mieux que la loi ? Aussi Paul ne dit-il pas : Dont vous n’avez pas voulu, mais bien : « Quiconque croit en Jésus est justifié de ce dont vous n’avez pu être justifié dans la loi de Moïse ». Et il montre par là la faiblesse de la loi. Il dit avec raison : « Quiconque », pour déclarer que cela s’applique à tout croyant. Mais à quoi bon toute cette doctrine, s’il n’en résultait quelque bien ? Aussi met-il en dernier lien la rémission des péchés, avantage dont il fait ressortir la grandeur, en montrant que ce qui était impossible à la loi, Jésus crucifié l’a fait par sa mort. Paul disait donc avec raison : « Ils sont ses témoins devant le peuple », qui l’a mis à mort. Ils ne le seraient pas s’ils n’étaient fortifiés par la puissance divine. Ils n’attesteraient pas de telles choses à des hommes qui ne respirent que le meurtre, à ceux mêmes qui ont mis le Christ à mort. Il dit cette parole : « Je vous ai engendré aujourd’hui » ; car il sait que tout le reste suit de là. Mais pourquoi Paul n’apporte-t-il pas de témoignage qui puisse les convaincre que la rémission des péchés vient de : Jésus ? Parce qu’il ne voulait que démontrer clairement aux Juifs que Jésus était ressuscité ; ceci prouvé, il était indubitable par là que la rémission des péchés vient par lui. D’ailleurs il voulait les amener au désir de ce grand bien. La mort de Jésus n’était donc pas un abandon de Dieu, mais l’accomplissement des prophéties. Il rapporte les faits historiques dont l’ignorance fut pour les Juifs la source de tant de maux. Paul insinue ce sens à la fin de son discours, en disant : « Voyez, contempteurs, et faites attention ». Remarquez comme il coupe court à cette parole dure, en ajoutant : « Pour qu’il ne vous arrive pas ce qui a été dit aux autres : j’accomplis une œuvre que vous ne croirez pas, si quelqu’un vous la raconte ». Ne vous étonnez pas, cette incrédulité semble inconcevable, mais elle avait été prédite. On pourrait aussi à bon droit nous dire à nous : « Voyez, contempteurs », en parlant de ceux qui ne croient pas à la résurrection. Les affaires de l’Église sont en souffrance, quoique vous pensiez que tout soit en paix. Et c’est un grand malheur de ne pas savoir que nous sommes dans le malheur, lorsque nous sommes plongés dans des maux sans nombre.
Que dites-vous ? Nous avons des églises, des biens, et le reste, les collectes se font, chaque jour le peuple assiste à l’office divin, et nous méprisons. La prospérité de l’Église ne se reconnaît pas à ces signes. Mais à quel signe, direz-vous, la reconnaîtra-t-on ? Ce sera si nous avons de la piété, si nous rentrons dans nos demeures chaque jour avec un gain spirituel nouveau, si nous avons fait quelque fruit grand ou petit ; si nous n’accomplissons pas la loi d’une façon quelconque et connue pour l’acquit de notre conscience. Qui est sorti meilleur des assemblées de tout un mois ? C’est là la question : car souvent ce qui nous semble bien se trouve être mal, parce que nous n’en retirons aucun profit pour notre avancement spirituel. Et encore plût à Dieu que nous fussions toujours au même point ; mais hélas ! vous rétrogradez. Quel fruit avez-vous retiré des assemblées ? Si vous en avez retiré quelque fruit, vous devriez tous mener