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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/175

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de « chairs étouffées », ils défendent le meurtre. « Ayant donc été envoyés, ils vinrent « à Antioche, où ils assemblèrent les fidèles et a leur remirent la lettre (30). Ceux-ci, l’ayant lue, eurent beaucoup de joie et de consolation (31) ». Pour mieux faire voir en quoi consistait cette consolation, il est encore écrit : « Jude et Silas étant eux-mêmes prophètes, consolèrent et fortifièrent les frères par plusieurs discours (32) : et après être restés là quelque temps, ils quittèrent les fidèles et retournèrent en paix auprès des apôtres a (33) ».
2. Plus de discussions ni de luttes ; aussi, après les avoir fortifiés, ils partent en paix ils étaient venus pour critiquer Paul, et la doctrine de Paul s’établit. Ainsi, l’Église ne connaissait pas la vanité, mais tout y respirait la modération. Voyez, en effet ; Paul parle après Pierre, et personne ne lui impose silence. Jacques attend, et ne se hâte point de parler ; cependant il présidait l’assemblée. Jean et les autres apôtres n’élèvent pas la voix ; ils se taisent et ne s’emportent pas, tant leur âme était exempte de vanité !
Mais revenons sur ce qui précède. Après qu’ils se furent tu, Jacques prit la parole et dit : « Siméon a raconté comment Dieu conçut d’abord ce dessein ». Pierre avait parlé avec plus de véhémence, mais Jacques s’exprime plus posément. C’est ce que l’on doit faire dans une haute position ; il faut laisser dire par d’autres ce qui peut être pénible à entendre et parler avec plus de douceur. Il a raison de dire : « Siméon a raconté », il semble ne faire ici que rapporter l’avis des autres. Observez qu’il montre que depuis longtemps Dieu avait « ce dessein de prendre chez les gentils un peuple consacré à son nom ». non seulement il le choisit, mais encore il l’associe à son nom, c’est-à-dire à sa gloire. II ne regarde point la vocation des gentils comme une honte pour son nom, il l’appelle une gloire. En effet, cette gloire s’en accroissait. Mais il donne aussi à entendre quelque chose d’étonnant. Qu’est-ce donc ? C’est que l’élection des gentils est la plus ancienne. « Je reviendrai ensuite édifier de nouveau la maison de David, qui est tombée ». En réfléchissant là-dessus, on reconnaîtra que la maison de David est encore debout ; car, puisque c’est un de ses descendants qui règne, son royaume s’étend partout. Qu’importeraient les maisons et la ville, s’il n’y avait pas de sujets ? Et quel dommage la ruine de la ville peut-elle causer, lorsque tout le monde serait prêt à se sacrifier pour le souverain ? Aussi, non seulement cette maison subsiste, mais elle brille par-dessus toutes les autres, car elle est aujourd’hui célèbre par tout l’univers. Or, si la maison de David a été relevée, il est de toute nécessité qu’elle ait été auparavant renversée. Quand il dit : « Je rétablirai », il en explique la raison : « Pour que les autres hommes cherchent le Seigneur ». Si donc la ville a été relevée pour celui qui devait se choisir un peuple parmi les gentils, il est clair qu’elle a été élevée à cause de la vocation des gentils. Quels sont « les autres hommes ? » Ceux qui étaient alors abandonnés. Mais observez qu’il en parle à leur place, c’est-à-dire en dernier. « C’est ce que dit le Seigneur qui fait tout cela ». non seulement il le dit, mais il le fait : ainsi la vacation des gentils est l’œuvre de Dieu. On posait une autre question que Pierre résolut clairement en disant : Il n’est pas nécessaire de les circoncire. A quoi bon ce discours ? C’est qu’on ne prétendait pas exclure les gentils fidèles ; on disait seulement qu’il ne fallait les admettre que d’après l’ancienne loi. Voilà pourquoi Pierre a eu raison de parler ainsi ; mais comme c’était là ce qui inquiétait le plus l’auditoire, Jacques s’en occupe à son tour. Remarquez qu’il s’agissait de faire une loi pour ne pas accomplir la loi, comme Pierre l’avait déjà insinué : maintenant il fallait montrer que notre vocation, à nous autres gentils, était décidée depuis longtemps ; c’est ce que fait Jacques ; puis il arrive aux prescriptions dont les Écritures n’ont point parlé ; il fait, pour apaiser les scrupules, une concession à la faveur de laquelle il émet cette conclusion : « Aussi je juge qu’il ne faut point inquiéter les gentils qui se convertissent », c’est-à-dire, qu’il ne faut pas les repousser. Car, si Dieu les a appelés et si nos pratiques les détournent, nous combattons contre Dieu. C’est pourquoi il parle avec raison des « gentils qui se convertissent », montrant par là que c’était la providence céleste qui les réclamait et que leur obéissance ne faisait que répondre à son appel.
Qu’entend-il par ces mots : « Je juge ? » cela signifie : J’ai le droit de décider ainsi. « Mais il faut leur écrire qu’ils s’abstiennent des