Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

souillures des idoles, de la fornication, des chairs étouffées et du sang ». C’étaient là des observations matérielles, mais nécessaires à suivre, car il eût été très-dangereux de les négliger. Pour que personne ne vienne dire pourquoi n’en écrit-on pas autant aux Juifs ? il ajoute : « Quant à Moïse, il y a eu de tout temps, dans chaque ville, des hommes qui le prêchent » ; c’est-à-dire, Moïse leur parle sans cesse. C’est ce qu’il entend par ces mots : « On le lit chaque jour de sabbat ». Voyez quelle tolérance ! Quand il ne voit pas d’inconvénient à le laisser prêcher, il l’accorde sans difficulté, et consent à ce que les Juifs l’étudient partout, mais il en détourne les gentils : de plus, les raisons pour lesquelles il appelle sur Moïse le respect et l’obéissance des Juifs, sont cause qu’il en détourne les gentils. Pourquoi ne leur enseigne-t-il pas cette loi ? Parce que ceux-ci ne sont point disposés à la croire. Il fait voir aussi par là que les Juifs eux-mêmes n’étaient pas tenus d’en observer davantage. Si donc, semble-t-il ajouter, nous n’écrivions pas aux Juifs, ce n’est pas qu’ils doivent en observer davantage, mais c’est qu’ils ont quelqu’un pour leur donner ces prescriptions. Il ne dit pas : de peur de les scandaliser ou de les bouleverser, comme saint Paul écrivant aux Galates (Gal. 1,7), mais : je juge qu’il ne faut pas les inquiéter ; il fait voir que cela les inquiéterait sans leur être utile. Ainsi, il enlève toutes les entraves. Il semble conserver la loi parce qu’il lui emprunte quelques prescriptions, mais en réalité il la supprime, parce qu’il ne les emprunte pas toutes. Il avait souvent parlé de ces prescriptions : mais il voulait paraître respecter la loi, et, d’un autre côté, donner ces règles comme venant, non pas de Moïse, mais des apôtres ; alors, afin d’en établir plusieurs, il en divisa une. C’est là surtout ce, qui les apaisa. C’est la Providence qui permet cette dispute, afin qu’après cela le dogme fût mieux établi. « Alors, il fut résolu par les apôtres de choisir les principaux parmi les frères pour les envoyer » : ils n’envoient pas les premiers venus, mais les principaux : « À ceux qui étaient à Antioche, en Syrie et en Cilicie », où la séparation avait pris naissance.
3. Vous voyez qu’ils ne disent rien qui puisse les affliger ; ils songent seulement à ce que tout soit bien réglé ; cela servait à ramener ceux qui avaient soulevé cette discussion. Ils ne leur disent point : Vous êtes de pernicieux séducteurs, ni rien de semblable ; quoique Paul le, fasse au besoin comme quand il s’écrie : « Homme rempli de ruses ! » (Act. 13,10) Mais ici, puisqu’ils se corrigent, cela n’est plus nécessaire. Remarquez encore qu’ils ne disent pas : Quelques-uns d’entre nous vous ont ordonné d’observer l’ancienne loi, mais « ils ont troublé et renversé vos âmes ». Cette expression est parfaitement juste ; quoique peu employée. Vos âmes, qui étaient déjà fortifiées solidement, ils les ont renversées comme un édifice, pour y substituer des matériaux de leur fabrique. « Cependant nous ne leur avions donné aucun ordre : Il nous a plu, après nous être rassemblés dans un même esprit avec nos chers frères Paul et Barnabé ». S’ils leur sont chers, ils ne les mépriseront pas, et s’ils ont exposé leur vie, ils sont dignes de foi. « Nous avons donc envoyé Jude et Silas qui vous feront entendre les mêmes choses de vive voix ». Il ne fallait pas, en effet, que la lettre parût seule, de peur qu’on ne la crût extorquée par de faux rapports. L’éloge de Paul fit taire tous ces propos. Car observez que ce n’est pas seulement Paul ou Barnabé qui arrive, mais aussi des messagers de l’Église, afin que ni l’un ni l’autre ne fût suspect, et que l’on vit qu’ils étaient en communauté de dogmes avec ceux de Jérusalem. Cela prouve combien ils sont dignes de foi, sans se comparer eux-mêmes à la source de la foi, car ils sont loin de cet orgueil. Voilà le sens de ces paroles et de celles-ci : « Ce sont des hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ » Mais pourquoi ces mots : « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous », lorsqu’il suffisait de mettre : « Au Saint-Esprit ? » Ils disent : « Au Saint-Esprit » pour montrer qu’il ne s’agit pas d’une décision humaine, et ils ajoutent : « À nous », pour montrer qu’ils s’y soumettent, quoiqu’ils soient circoncis, « de ne vous imposer aucune autre charge ». Ils parlent ainsi, parce qu’ils s’adressent à des hommes faibles et timides ; voilà pourquoi ils ajoutent ces mots. Cependant ils font voir que cette décision n’est pas une condescendance, un ménagement pour leur faiblesse, loin de là ; mais il s’agissait d’une pratique répugnante pour les maîtres, inutile et pénible pour les disciples. Voyez comme cette lettre est courte, comme elle ne contient rien de superflu, ni