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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/186

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si quelqu’un mérite de vous recevoir et demeurez chez lui ». (Lc. 10,8) Ainsi la Providence conduisait tout.
« Or, il arriva que, comme nous allions au lieu de la prière, nous rencontrâmes une servante qui, ayant un esprit Pythien, apportait un grand gain à ses maîtres, en devinant (76). Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut, qui nous annoncent la voie du salut (17) ». Pourquoi le démon dit-il de pareilles choses, et pourquoi Paul s’y oppose-t-il ? C’était malignité d’un côté et prudence de l’autre, car le diable voulait ainsi empêcher les apôtres d’être dignes de foi. En effet, si Paul avait accepté son témoignage, le démon aurait trompé les fidèles en se prévalant d’une pareille approbation, car le démon ne les vante que pour s’établir à leur place et ne s’humilie que pour les perdre. Aussi Paul se contenta d’abord de ne pas accepter ce témoignage et de le repousser, ne voulant point prodiguer les miracles : mais comme le démon persévérait plusieurs jours et dévoilait ses intentions en disant toujours : « Voilà les hommes du Dieu Très-Haut qui nous annoncent la voie du salut ; il lui commanda de sortir. Paul, ayant peine à le souffrir, se tourna vers elle et dit à l’esprit : « Je te commande au nom de Jésus-Christ de sortir de cette fille, et il sortit à l’heure même (18). Mais les maîtres de cette fille, « voyant qu’ils avaient perdu l’espérance de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas ; et les ayant emmenés dans la place devant ceux qui commandaient dans la ville (19), ils les présentèrent aux magistrats, en leur disant : Ces hommes troublent toute notre ville, car ce sont des Juifs qui veulent établir une manière de vivre qu’il ne nous est point permis de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains (21) ». Ainsi l’argent cause du mal partout. O cruauté des païens ! Ils voulaient que cette servante restât possédée, afin de leur rapporter de l’argent. « Ils se saisirent de Paul et de Silas, et ils disaient : Ces hommes troublent toute notre ville ». Que faisaient-ils pour cela ? Pourquoi ne pas les avoir arrêtés plus tôt ? « Car ce sont des Juifs », tant ce nom avait une mauvaise réputation. « Ils veulent établir une manière de vivre qu’il ne nous est point permis de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains ». Ils en font un crime de lèse-majesté. « La foule se jeta sur eux (22). » O folie ! Ils n’examinent point, ils ne réfléchissent pas ; tandis qu’après un pareil miracle, on aurait dû se prosterner devant les apôtres et les regarder comme des bienfaiteurs et des sauveurs. Si vous voulez des richesses, pourquoi ne pas vous empresser de recueillir ces immenses trésors ? N’est-il pas plus beau de pouvoir chasser les démons que de leur obéir ? Voilà des miracles, mais l’amour de l’argent l’emporta. « Les magistrats firent déchirer leurs habits et commandèrent qu’ils fussent battus de verges ; et, après qu’on leur en eut donné plusieurs coups, ils les mirent en prison et ordonnèrent au geôlier de les garder sûrement (23) ». Ainsi, c’était Paul qui avait tout fait, les miracles et la prédication ; cependant Silas partagea ses dangers. Pourquoi dit-on que Paul « eut peine à souffrir ces paroles ? » C’est à cause de la malice du démon, dont il dit ailleurs : « Nous n’ignorons point ses pensées. » (2Cor. 2,11) Pourquoi les habitants ne disent-ils pas : Ils ont chassé un démon, ils ont été impies envers Dieu ? Pourquoi font-ils de cela un crime de lèse-majesté ? c’est qu’autrement ils se seraient avoués vaincus. C’est ainsi que l’on disait à propos du Christ : « Nous n’avons d’autre roi que César ». (Jn. 19,15) « Quiconque se prétend roi est l’ennemi de César. (Id. 12) Ici ils les mirent en prison », tant était grande leur fureur. « Le geôlier ayant reçu cet ordre, les mit dans un cachot et leur serra les pieds dans des ceps (24) ». Observez qu’il les met dans un cachot, et cela est encore providentiel. Comme il allait se produire un grand miracle, tout se passa en dehors de la ville, dans l’endroit le plus convenable, et à l’abri de toute tentative et de tout danger. Remarquez combien l’historien s’attache à tout indiquer. Comme on était dans le calme, on faisait d’autant plus d’attention à ce qui se disait car Philippes n’était pas une grande cité. Nous-mêmes, apprenons par là à ne rougir de personne. Pierre demeure chez un corroyeur, Paul chez une marchande de pourpre ; est-ce là de l’orgueil ? Prions donc Dieu pour qu’il ouvre notre cœur : du reste, Dieu ouvre tous les cœurs qui s’y prêtent ; mais on en voit qui s’y refusent. Mais revenons à ce qui précède. « C’était une femme marchande de pourpre,