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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/191

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qu’ils l’ont sauvé, mais parce qu’il admire leur puissance.
2. Voyez ce qui se passe de part et d’autre. D’un côté, voilà une servante débarrassée du mauvais esprit, et les magistrats mettent en prison ceux qui l’ont ainsi délivrée du démon : (le l’autre côté, au seul aspect des portes ouvertes, le geôlier ouvre les portes de son cœur, le dégage de tous es liens et allume sa lumière ; car cette lumière brillait dans son cœur. Il s’élance et se prosterne, sans demander : Comment cela s’est-il fait ? qu’est-il arrivé ? Il dit aussitôt : « Que dois-je faire pour être sauvé ? Là-dessus, que dit Paul ? Croyez à Notre-Seigneur Jésus-Christ, et vous serez sauvé, vous et votre maison ». Ce que les hommes désirent le plus, c’est que toute leur, famille soit sauvée. « Ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison ». Il lava les plaies de leurs corps, et, eux, celles de son âme ; il donna la nourriture temporelle et reçut la nourriture spirituelle. « Et il se réjouit ». Cependant tout se réduisait à des paroles et à de grandes espérances ; mais c’était une preuve, qu’il avait la foi et que tout lui était remis. Qu’y a-t-il de pire, de plus cruel, de plus sauvage qu’un geôlier ? Cependant il les accueillit avec beaucoup de respect : il ne se réjouit pas d’avoir été préservé de la mort, mais « d’avoir cru en Dieu. Croyez au Seigneur », lui dit Paul ; aussi est-il écrit : « Il crut à Dieu », pour montrer que ce n’était pas le pardon d’un coupable et d’un pécheur. Aussi les apôtres disent-ils : « Ils nous ont battus, sans condamnation préalable, et nous ont jetés en prison », pour montrer qu’ils avaient agi en même temps que la grâce. Voyez comme cette grâce se manifeste de différentes manières, pour la délivrance de Pierre, puis de Paul, qui tous deux étaient apôtres.
Les magistrats « furent effrayés » : pourquoi ? Par la qualité de citoyens romains, mais non par l’injustice de la condamnation. « Ils les supplièrent de sortir de la ville ». Ils leur demandaient cela comme une grâce ; mais ceux-ci ne partirent qu’après avoir visité Lydie et l’avoir encouragée : en effet, ils ne pouvaient laisser cette femme hospitalière dans l’angoisse et l’affliction. Ils partirent donc, non pour obéir aux magistrats, mais pour déployer leur zèle apostolique ; cette ville ayant été suffisamment instruite par le miracle, il ne fallait pas y rester plus longtemps. Car un miracle semble avoir plus d’éclat et faire plus de bruit quand ceux qui l’ont fait ne sont plus là : en effet, 1a foi du geôlier le proclamait assez haut : que peut-on voir de plus étonnant ? Voilà un homme que l’on charge de chaînes, et c’est lui qui délie les autres ; il brise une double chaîne et sacrifie sa liberté pour la rendre à celui qui la lui avait enlevée. Voilà vraiment les œuvres de la grâce. « Sortez », leur dit-on, « allez en paix » ; c’est-à-dire, en sécurité et sans rien craindre. Ils veulent aussi que le geôlier, soit hors de tout danger, et n’encoure aucune responsabilité. Ils ne disent point : On nous a battus et jetés en prison après les miracles que nous avons faits ; personne ne s’en serait inquiété. Ils disent ce qui pourrait le plus frapper les esprits : « Nous n’étions pas condamnés et nous sommes citoyens romains ». Songeons toujours à une pareille captivité, plutôt encore qu’au miracle. Que diront les gentils, en voyant le prisonnier convertir le geôlier ? Il ne s’agissait, répondront-ils, que d’un homme méprisable, misérable et privé de sens, sujet à tous les vices et à toutes les erreurs. Ils diront encore. Qu’importe de convertir un corroyeur, une marchande de pourpre, un eunuque, un geôlier, des esclaves et des femmes ? Mais que pourront-ils répliquer, quand nous leur citerons des personnages bien plus élevés, un centurion, un proconsul et bien d’autres depuis ce temps-là jusqu’à nos jours, des rois et des empereurs. Eh bien ! je vais vous dire quelque chose d’étrange : nous allons considérer les moins importants. Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? Cela est étonnant en effet : il n’y aurait rien d’extraordinaire s’il s’agissait de faire comprendre la première chose venue ; mais quand il s’agit de la résurrection, du royaume des cieux, de la conduite de la vie, il est plus étonnant d’en faire acquérir l’intelligence et la conviction à des gens simples qu’à des personnes instruites. En l’absence de tout danger, si l’on enseigne une science, on distingue naturellement les élèves sans intelligence. Mais si vous dites à un de ces hommes que vous appelez esclaves : Si tu m’écoutes, tu t’exposes à tous les dangers, tout le monde te sera hostile, il te faudra mourir après avoir subi mille maux. Avec tout cela, si vous persuadez son âme, on ne pourra plus dire que c’est par faute d’intelligence. On pourrait le