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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/193

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combien peu vous veillez et vous faites l’aumône ; lui, au contraire, afin de remettre nos péchés, n’a pas épargné son Fils unique, qui partage son trône. Voyez-vous qu’il désire le pardon des pécheurs encore plus qu’eux-mêmes ? Hâtons-nous donc et ne remettons rien à demain. Il est bon et clément, donnons-lui seulement prise sur nous, afin de ne pas rester inutiles à nous-mêmes, car il nous pardonnerait encore sans cela. De même que dans mille circonstances nous confions nos intérêts à différentes personnes, nous pouvons nous reposer sur lui du soin de notre salut. « Présentons-nous devant lui en lui rendant hommage » (Ps. 94,2), car il est bon et clément.
Cependant que fera-t-il si vous ne l’invoquez pas avec sincérité, si vous ne lui dites : Pardonnez-moi, que des lèvres et non du cœur ? Qu’est-ce qu’invoquer avec sincérité ? c’est-à-dire, de toute son âme, avec un esprit pur : on dit d’un parfum qu’il est pur quand il n’est mêlé avec rien ; il en est de même ici. Celui qui le prie et l’invoque sincèrement, persévère et ne s’arrête qu’après avoir été exaucé ; mais celui qui se contente d’accomplir le précepte de la prière, ne l’invoque pas sincèrement. Qui que vous soyez, ne dites pas seulement : Je suis un pécheur ; mais cherchez à perdre cette opinion de vous-même ; ne le dites pas seulement, mais affligez-vous-en. Si vous éprouvez cette souffrance, vous chercherez à en guérir ; si vous n’y travaillez pas, c’est que vous ne souffrez point et qu’alors votre prière est une dérision. Celui qui dit : Je suis malade, ne fait-il pas tout pour guérir ? La prière est une arme bien puissante. « Si vous savez donner à vos enfants ce qui leur convient, combien plus votre père ne vous le donnera-t-il pas ». (Lc. 11,13) Pourquoi ne voulez-vous pas aller vers lui ? Il vous aime, il est plus puissant que toute créature, il peut et il veut ; qui vous arrête ? Rien. Adressons-nous donc à lui avec confiance, allons le trouver en lui apportant les offrandes qu’il réclame, le pardon des injures, la bonté et la douceur. Tout pécheur que vous êtes, ne craignez pas de lui demander la rémission de vos péchés, pourvu que vous puissiez lui présenter cet hommage mais, fussiez-vous juste, cela ne vous sert à rien si vous ne savez oublier les offenses. Celui qui ne pardonne pas à son prochain, ne peut lui-même obtenir un pardon complet. Dieu est sans comparaison plus clément que nous ; cela est clair pour tout le monde, n’est-il pas vrai ? Or, si vous pouvez lui dire : J’ai été offensé, et j’ai dompté ma colère ; j’ai été patient contre la violence, afin d’accomplir vos ordres ; ne vous pardonnera-t-il pas lui-même ? Certainement il vous remettra toutes vos fautes. Ainsi bannissons de nos âmes le souvenir des injures ; cela nous suffit pour être exaucés. Prions donc avec vigilance et persévérance, pour jouir avec abondance des fruits de la clémence divine et obtenir les biens qui nous sont promis, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance et honneur, maintenant et à jamais, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.