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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/195

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183) : « Ceux-ci étaient plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’affection et d’ardeur, examinant tous les jours les Écritures, pour voir si ce « qu’on leur disait était véritable (11) ». Ils étaient « plus nobles », c’est-à-dire meilleurs vous voyez qu’ils lisaient les Écritures, non pas négligemment, mais avec soin ; et l’expression du texte montre combien ils les scrutaient. Ils voulaient se convaincre encore mieux par eux-mêmes de la passion, car ils étaient déjà dans le chemin de la foi. « De sorte que plusieurs d’entre eux, et beaucoup de femmes grecques de qualité et un assez grand nombre d’hommes, crurent en Jésus-Christ (12). Mais quand les Juifs de Thessalonique surent que Paul avait aussi annoncé la parole de Dieu à Bérée, ils y vinrent émouvoir et troubler le peuple (13). Aussitôt les frères se hâtèrent de faire sortir Paul pour aller vers la mer ; et Silas avec Timothée demeurèrent à Bérée (14) ». Vous voyez que tantôt il cède, tantôt il résiste ; enfin, qu’il agit souvent par prudence humaine. « Mais ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu’à Athènes, où ils le quittèrent après avoir reçu ordre de lui, de dire à Silas et à Timothée qu’ils vinssent le trouver au plus tôt (15) ».
Mais revenons à ce qui précède. « Pendant trois jours de sabbat, il leur parlait en leur découvrant les Écritures ». Rien de mieux, tant qu’ils pouvaient le faire. C’est ainsi qu’agissait le Christ ; partout il expliquait les Écritures, mais il ne faisait pas des miracles partout. Comme on était aussi opposé à Paul et qu’on l’appelait imposteur et sorcier, il parle des Écritures. Car celui qui cherche à persuader, seulement avec des prodiges, est suspect avec raison ; celui qui persuade d’après les Écritures évite de pareils soupçons. Nous voyons que Paul convertit souvent par sa seule prédication : ainsi, quand il enseignait à Antioche, toute la ville se rassembla autour de lui ; voilà un fait bien important, c’était un miracle qui n’était pas vulgaire, et un des plus grands possibles. Mais ici, pour que les apôtres ne crussent pas qu’ils pouvaient, Dieu permettait qu’ils fussent chassés. Il en résultait deux conséquences : c’était de les empêcher d’être fiers comme des vainqueurs ou tremblants comme des criminels ; aussi, leur vocation était-elle providentielle. « Beaucoup de personnes pieuses parmi les gentils, un grand nombre de femmes de qualité et d’hommes furent convertis ». Mais les Juifs leur étaient toujours contraires. Comment celui qui a dit : « Nous sommes envoyés aux gentils, et d’autres aux circoncis (Gal. 11, 9) », discutait-il avec les Juifs ? Il le faisait, pour ainsi dire, par-dessus le marché. Mais, s’il devait parler aux Juifs, comment disait-il encore ? « Celui qui a agi avec Pierre auprès des circoncis, a agi avec moi auprès des gentils ». (Id. 8) De même que les autres apôtres, quoique réservés pour les circoncis, parlaient aussi aux gentils, de même Paul, quoiqu’il parlât plus souvent aux gentils, ne négligeait pas les Juifs, afin de ne pas faire paraître de divisions.
2. Mais pourquoi, direz-vous, commençait-il par entrer dans les synagogues ? C’est qu’il convertissait les gentils au moyen des Juifs et par ce qu’il disait aux Juifs : il savait, en effet, que c’était une bonne méthode pour amener les gentils à la foi. Aussi disait-il : « Je reste l’apôtre des gentils ». (Rom. 11,13) Toutes ses lettres montrent qu’il lutte contre les Juifs. « Il fallait », dit-il, « que le Christ souffrît ». Si cela était nécessaire, il fallait aussi qu’il ressuscitât, car la souffrance était bien plus étonnante que la résurrection. En effet, si Dieu a livré à la mort Celui qui n’avait rien fait de mal, à plus forte raison il a dû ressusciter. « Mais des Juifs incrédules prirent avec eux quelques hommes de la lie du peuple et troublèrent la ville ». Il y avait donc des gentils dans ce rassemblement ; et si les Juifs en prirent plusieurs, c’est qu’ils ne se croyaient pas assez nombreux pour faire une émeute et qu’ils n’avaient pas de motif raisonnable pour cela. C’est ce qui arrive toujours dans les séditions où l’on se sert des hommes les plus pervers. « Comme ils ne trouvaient pas les apôtres, ils emmenèrent Jason ». Quelle tyrannie ! On arrachait sans raison les gens de leur domicile. « lis sont a tous rebelles aux ordonnancés de César, en « proclamant Jésus comme un autre roi ». Comme les apôtres ne disaient rien de contraire à ces ordonnances et ne troublaient pas la ville, ils leur imputent un autre crime et les accusent de lèse-majesté. Que craignez-vous de Jésus puisqu’il est mort ? Voyez comme partout les persécutions développent la prédication. « Ceux-ci étaient plus nobles que ceux