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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/228

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nous examinerons aussi ces séjours du rire, je veux dire les festins où se rencontrent les parasites et les flatteurs, et les délices de la bonne chère, et nous les comparerons avec les autres qu’habitent les boiteux et les estropiés. Dans les premiers se voient l’ivresse, les délices, l’énervement de l’âme. Dans les seconds, c’est tout le contraire. Voyez le corps, lorsqu’il s’engraisse et vit dans la délicatesse, il tombe promptement dans la maladie ; il n’en est pas ainsi lorsqu’il est réglé. Pour vous montrer cela plus clairement, prenons un corps qui ait beaucoup de sang et de chairs, et qui soit plein de sève ; il ne faudra qu’une nourriture ordinaire pour lui donner la fièvre, surtout s’il est oisif. Prenons-en un autre qui lutte habituellement avec la faim et l’affliction, celui-ci sera plus difficile à abattre et à vaincre. Quoique le sang soit sain en nous, il engendre cependant souvent la maladie par la réplétion ; s’il est moins abondant, quoique moins sain, on peut facilement le guérir. On peut en dire autant de l’âme, celle qui vit dans l’oisiveté et les délices suit. une pente plus rapide vers le péché : car elle est proche de la violence, de la volupté, de la vaine gloire, de l’envie, des embûches et de la calomnie ; mais il n’en est pas ainsi de celle qui vit dans la tribulation et la frugalité, elle est exempte de tous ses maux. Voyez combien est grande notre cité. D’où viennent les maux ? n’est-ce pas des riches ? n’est-ce pas de ceux qui sont dans la joie ? Quels sont ceux qui traînent les autres devant les tribunaux ? qui est-ce qui dilapide sa fortune ? Sont-ce les malheureux et les rebuts du monde, ou bien les orgueilleux et ceux qui sont dans la joie ? Il n’appartient pas à l’âme affligée de faire le mal. Paul a connu ses avantages, c’est pour cela qu’il dit : « La tribulation engendre la « patience ; la patience, l’épreuve ; l’épreuve, « l’espérance ; l’espérance ne confond pas ». (Rom. 5,3-5) Ne nous laissons pas abattre dans l’affliction, mais rendons grâces en toutes circonstances, pour gagner beaucoup et être, éprouvés devant Dieu qui permet les tribulations. L’affliction est un grand bien, et nous voyons cela par nos enfants ; sans l’affliction, l’enfant n’apprend rien de bon. Nous avons encore plus besoin qu’eux de l’affliction. S’ils ne fleurissent que lorsque leurs passions sont tenues dans le calme, à plus forte raison nous qui avons des passions beaucoup plus impérieuses, nous aurions bien plus besoin de maîtres ; les péchés des enfants ne sont pas très-grands, mais les nôtres le sont. L’affliction est notre précepteur. Ne l’attirons pas sur nous, mais supportons-la avec courage lorsqu’elle survient ; elle est la source de mille biens ; supportons-la afin de jouir de la grâce de Dieu et des biens qui sont préparés à ceux qui l’aiment en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui appartiennent, au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.