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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/230

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dit le texte. Considérons aussi le prodige opéré. Le jeune homme était assis sur une fenêtre, et fort avant dans la nuit, tant était grand le zèle des auditeurs. Rougissons, nous qui sommes loin d’en montrer autant même pendant le jour. – Mais c’était Paul qui prêchait alors, dit-on. Que dites-vous ? Mais c’est encore Paul qui parle maintenant. Ou plutôt Paul ne parlait pas alors non plus qu’aujourd’hui ; celui qui parle, c’est le Christ, et personne n’écoute. Il n’y a pas de fenêtre maintenant, il n’y a pas de besoin pressant, le sommeil n’accable pas, et cependant nous n’écoutons pas. Vous ne pouvez non plus vous plaindre du manque d’espace ni d’aucune incommodité de ce genre. Ce qui est aussi admirable c’est que, quoique jeune, Eutychus n’était pas négligent ; accablé de sommeil, il ne s’en alla pas, et ne redouta pas le danger de tomber. Ne vous étonnez pas qu’il soit tombé en dormant ; car ce n’était pas par paresse qu’il dormait, mais par la faiblesse de la nature. Considérez, je vous prie, de quel zèle ils étaient enflammés jusqu’à monter à un troisième étage : il n’y avait pas alors d’Église. « Ne vous troublez pas », dit Paul, « car son âme est en lui ». Il ne dit pas : Il ressuscitera, car je le réveillerai, mais bien : « Ne vous troublez pas ». Voyez comme il est éloigné du faste et de la vaine gloire. « Il mangea », dit l’auteur, « les exhorta longuement jusqu’au jour, et partit ». Voyez-vous comment ils passaient la nuit en veillant ? La table était telle, que les auditeurs la quittaient sobres, et capables d’écouter de nouveau. Pour nous, en quoi différons-nous des chiens ? Voyez quelle différence entre les premiers disciples et nous ! « Ils emmenèrent l’enfant vivant, et furent grandement consolés ». Ils furent grandement consolés parce qu’ils avaient reçu l’enfant vivant, et aussi parce qu’un prodige s’était accompli. « Pour nous, nous montâmes sur un vaisseau et nous allâmes jusqu’à Asson, où nous devions reprendre Paul, selon l’ordre qu’il nous avait donné, car pour lui il avait voulu faire le chemin à pied. Lors donc qu’il nous eut rejoint à Asson, nous nous dirigeâmes sur Mitylène ». Souvent Paul se sépare des disciples. Voici qu’il va à pied, et eux voyagent sur un navire ; il laisse aux autres ce qui est plus agréable, et choisit pour lui ce qui est plus rude. Il voyageait à pied pour arranger beaucoup de choses, et pour enseigner aux Chrétiens à ne point se séparer de lui. « Nous nous rembarquâmes le lendemain, et nous arrivâmes en face de Chio. Le jour suivant nous touchâmes Samos, et, nous étant arrêtés à Trogile, le deuxième jour nous arrivions à Milet ». Paul se hâte, ils continuent leur route sans perdre de temps et en laissant de côté les îles. « Paul avait résolu de passer Éphèse sans y prendre terre, afin qu’il n’eût point occasion de s’arrêter en Asie, se hâtant pour être, s’il était possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem (13-16) ».
2. Pourquoi cette hâte ? Ce n’était pas à cause de la fête, mais à cause de la multitude. Paul attirait à lui les Juifs par son respect pour les fêtes, et comme il voulait ramener les ennemis, il avait hâte de leur annoncer la parole. Songez quel grand fruit il dut faire en ce jour qui réunissait toute la nation. Mais d’ailleurs, pour que les Éphésiens ne fussent pas négligés, il prit d’autres mesures. Mais reprenons. « Et ayant salué les disciples », dit l’auteur, « il partit pour aller en Macédoine, et lorsqu’il leur eut adressé de nombreuses exhortations, il alla en Grèce ». Il ranimait ainsi leur foi et leur donnait d’abondantes consolations. Remarquez que partout il opère par la parole et non par des prodiges. « Devant aller en Syrie », dit l’auteur. Toujours il nous le montre empressé d’aller en Syrie. La cause, c’était l’Église et Jérusalem. C’était aussi son désir de régler toutes choses en ce pays. Cependant Troade n’est pas une grande ville ; pourquoi donc y restent-ils durant sept jours ? Peut-être était-elle grande par le nombre des disciples. Et lorsqu’il y fut demeuré sept jours, il passa la nuit suivante à les instruire, tant c’était avec peine qu’il se séparait d’eux, et eux de lui. « Lorsque nous fûmes rassemblés pour la fraction du pain », dit l’auteur. Le discours commença donc à l’heure indiquée pour la fraction du pain, et cette heure n’était pas trop avancée, mais l’entretien une fois commencé se prolongea. Ce n’était pas précisément pour l’instruction que l’on s’était réuni, mais pour la fraction du pain ; mais une fois qu’il eut entamé l’instruction, Paul ne s’arrêta plus qu’il ne l’eût longuement développée. Remarquez que tous participaient à la table de Paul. Il me semble qu’il parla à table, pour nous apprendre à regarder la nourriture de l’âme comme l’affaire principale, et celle du corps