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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/243

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ne soit pas surchargée ». (1Tim. 5,16) Faites comme vous voulez, seulement faites quelque chose. Moi je ne dis pas : polar que l’Église ne soit pas surchargée ; mais : pour que vous ne soyez pas surchargé. Par ce raisonnement vous ne ferez jamais rien, vous renverrez tout à l’Église. L’Église a assigné une demeure commune pour vous ôter ce prétexte.
Mais l’Église, direz-vous, l’Église a des revenus, des biens, des sommes à dépenser. Dites-moi, n’a-t-elle pas aussi des dépenses à faire ? n’a-t-elle pas des frais journaliers ? Certainement. Pourquoi donc n’aidez-vous pas sa pauvreté ? J’ai honte de dire ces choses, cependant je ne force personne. Si l’on pense que c’est un vil intérêt qui nous fait parler, faites vous-même une hôtellerie de votre maison ; établissez-y un lit, établissez-y une table, mettez-y de la lumière. N’est-il pas absurde que, si des soldats arrivent, vous ayez pour eux, des demeures toutes prêtes, que vous y mettiez un grand soin ; que vous leur fournissiez tout ce qu’il leur faut, parce qu’ils vous protègent durant la guerre qui vous fait sentir ce besoin ; et que d’un autre côté vous n’ayez pas d’endroit où puissent demeurer les étrangers ? Faites mieux que l’Église : voulez-vous nous faire rougir ? Agissez ainsi ; surpassez-nous en libéralité ; ayez une demeure où le Christ vienne habiter ; Dites : C’est ici la cellule du Christ ; cette maison lui est destinée. Quoique ce soit une vile demeure, elle ne sera pas dédaignée. Le Christ, nu et étranger, voyage, il a besoin d’un toit. Fournissez-lui au moins cela ; ne soyez point inhumain et cruel ; si ardent pour les choses de la vie ; et si froid pour les choses spirituelles. Que le plus fidèle de vos serviteurs soif chargé de cela ; qu’il introduise les estropiés, les mendiants, ceux qui sont sans asile. Je dis cela pour vous faire honte. Il faudrait les recevoir dans le haut de votre demeure ; si vous ne le voulez pas, recevez-les en bas ; quoique fa soient les mulets et les serviteurs, recevez-y le Christ. Peut-être frémissez-vous en m’entendant. – Que dire cependant, si vous ne faites même pas cela ? Voici que je vous y exhorte ; et que je vous dis : Que ceci soit l’objet de vos soins. Mais, direz-vous, ce moyen d’exercer l’hospitalité ne nous convient pas. – Alors, adoptez-en un autre. Il y a beaucoup de pauvres et de pauvresses ; désignez quelqu’un uniquement pour les attendre ; que le pauvre soit le gardien de votre maison ; qu’il soit pour vous une enceinte et une muraille, un bouclier et une lance. Là où est l’aumône, le diable n’ose pas approcher, non plus qu’un mal quelconque. Ne méprisez pas un si grand avantage. Il y a partout une place assignée au char et aux voitures ; pour le Christ errant il n’y a aucune place. Abraham recevait les hôtes où il demeurait lui-même ; son épouse était là à la place de la servante, et eux à la place des maîtres. Il ignorait qu’il recevait le Christ ; il ne savait pas qu’il recevait les anges ; s’il l’eût su, il eût tout sacrifié. Mais nous, quoique nous sachions que nous recevons le Christ, nous ne montrons pas le zèle que déployait cet homme qui croyait recevoir des hommes.
Mais il y a, dira-t-on, beaucoup de trompeurs et d’ingrats. – Votre récompense en sera plus grande, parce que vous les recevez au nom du Christ. Si vous savez que ce sont des imposteurs, ne les recevez pas dans votre maison ; si vous ne le savez pas, pourquoi les accusez-vous témérairement ? C’est pour cela que je dis qu’ils aillent dans une hôtellerie. Quel moyen de défense avons-nous, puisque ceux-là, même que nous connaissons, nous ne les recevons pas et leur fermons la porte ? Que notre maison soit l’hôtellerie du Christ. Réclamons d’eux notre récompense, non de l’argent, mais qu’ils fassent de notre demeure l’hôtellerie du Christ : allons de tous côtés, attirons-les, faisons-leur la chasse, nous recevrons plus de bien que nous n’en ferons nous-mêmes. Je ne commande pas de tuer le veau ; donnez du pain au pauvre, un vêtement à l’homme nu, un toit à l’étranger. Ne prétextez pas qu’il y a la demeure commune de l’Église. Payez en cet endroit, et vous, donnez l’hospitalité, parce que chacun a la récompense de ce qui est fait par ses serviteurs. Les serviteurs du patriarche n’étaient pas formés comme les nôtres ; ils couraient et ne murmuraient pas comme les nôtres, car il les avait rendus pieux. Il les mena à la guerre et ils ne murmuraient pas, tant ils étaient sages. Il prenait de tous autant de soin que de soi-même ; car il disait sans doute comme Job : « Nous avons été formés du même sein ». (Job. 33,6)
Prenons donc, nous aussi, soin de notre salut, et ayons une grande sollicitude pour nos serviteurs, afin de les rendre honnêtes et vigilants, Que notre serviteur soit instruit des