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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/245

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de milliers de Juifs ont cru ». Ils ne disent pas : combien de milliers de Juifs nous avons instruits ; mais : combien il y en a qui ont cru. Et ceux-ci sont tous zélés pour la loi », dit-il. Deux causes, la multitude et son sentiment. En effet, s’ils étaient peu nombreux, il faudrait les mépriser ; et il n’y aurait pas beaucoup à s’en occuper, si, étant nombreux, ils n’eussent pas gardé la loi. Il se présente une troisième cause : « Tous ont appris de vous », dit Jacques : « que vous enseignez l’éloignement de Moïse à tous les Juifs qui habitent a parmi les nations, et que vous dites qu’il ne a faut pas circoncire les enfants, ni suivre les coutumes ». Ensuite il ajoute : « Qu’en est-il donc ? La multitude va se réunir sans doute, car ils vont apprendre que vous êtes venu. Faites donc ce que nous vous disons ». Ils parlent ainsi pour lui donner un conseil et non pas un ordre. « Il y a parmi nous quatre hommes qui ont un vœu. Prenez ces hommes et purifiez-vous avec eux ; faites pour eux la dépense ; qu’ils se rasent la tête, et que tous sachent que ce qu’ils ont appris sur vous n’est rien, et que vous marchez en gardant la loi ». Ils lui conseillent de faire son apologie en actions et non en paroles. « Qu’ils se rasent la tête, et que tous sachent que ce qu’ils ont appris sur vous n’est rien ». Ils ne disent pas : Vous enseignez ; mais : « ils ont appris », signifiant par ce mot : ont été instruits ; « et que vous marchez », c’est-à-dire, que vous les observez vous-même amplement. On ne s’inquiétait pas seulement qu’il enseignait les coutumes aux autres, mais si lui-même les observait. Mais quoi, si les nations l’apprennent, ne se scandaliseront-elles pas ? Non, puisque nous, docteurs des Juifs, « nous leur avons envoyé dire ceci : mais touchant ceux qui a parmi les nations ont cru, nous avons écrit et décidé qu’ils n’aient point à observer rien a de semblable, si ce n’est qu’ils doivent s’abstenir de ce qui a été immolé aux idoles, du sang et de ce qui a été étouffé, et de la fornication ». Il parle ainsi en forme d’avertissement. Ce qu’il dit signifie : de même que nous l’avons réglé pour eux, quoique nous prêchions les Juifs ; ainsi vous, quoique vous prêchiez aux gentils, travaillez avec nous. Considérez Paul ; il ne dit pas : Je puis amener Timothée que j’ai circoncis, et je puis, par ce discours, les persuader certainement ; mais il leur obéit et fit tout ce qu’on lui conseillait ; et en effet, c’était le plus expédient. Ce n’était pas la même chose de faire son apologie en paroles, et de faire ces choses sans que personne ne sût rien. Payer pour eux n’était pas de nature à faire naître les soupçons. « Alors Paul ayant pris ces hommes, et, le jour suivant, s’étant purifié avec eux, il entra dans le temple en «, annonçant l’accomplissement des jours de la purification lorsqu’il offrirait l’oblation pour chacun d’eux (21, 26) ». « Annonçant », c’est-à-dire, déclarant : de sorte que c’était lui-même qui se faisait connaître, mais « lorsque les sept jours furent écoulés ».
2. Remarquez le temps qu’il donne à ces choses. « Les Juifs d’Asie ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent la foule entière, et mirent la main sur lui en criant : Hommes d’Israël, aidez-nous : c’est là L’homme qui enceigne en tout lieu contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; de plus il a introduit des gentils dans le temple et violé ce lieu saint ». Voyez leurs mœurs partout turbulentes : ils crient témérairement dans le temple. « En effet, ils avaient vu avec lui dans la ville Trophime d’Éphèse, qu’ils pensaient avoir été introduit dans le temple par Paul. La ville tout entière fut troublée, il se fit un rassemblement de peuple ; et s’étant saisis de Paul, et ils l’arrachèrent du temple, et aussitôt les portes furent fermées ». Les Juifs mettent ici en avant ce qui les tourmentait le plus : « le temple et la loi ». Paul, quoiqu’il souffrît de telles injures, n’accusa pas les apôtres d’être la cause de ce qui lui arrivait, tant il avait un grand cœur. « Et ils le poussaient hors du temple ; et les portes furent fermées ». Ils voulaient le tuer, et pour cela ils le tiraient hors du temple, pour commettre ce crime en toute liberté. « Comme ils cherchaient à le tuer, la nouvelle arriva au tribun de la cohorte, que Jérusalem tout entière était bouleversée. Celui-ci prit avec lui aussitôt des soldats et des centurions, et marcha contre eux. Voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul. Alors le tribun s’étant approché, s’empara de lui, ordonna de le lier avec deux chaînes ; et il demandait qui était cet homme, et ce qu’il avait fait. Ils criaient dans la foule, l’un ceci, l’autre cela ». Et pourquoi, puisqu’il venait l’interroger, ordonna-t-il de le lier avec deux chaînes ? Pour calmer la fureur du peuple. « Et comme, à cause du tumulte, il ne pouvait