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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/246

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savoir la vérité, il ordonna de le conduire dans le camp. Lorsqu’il fut arrivé près des a degrés, il se trouva qu’il était porté par les soldats à cause de la violence du peuple : La foule suivait, en effet, en criant : Ôtez-le ». Que signifie : « Ôtez-le ? » C’était l’habitude des Juifs de parler ainsi contre ceux qu’ils condamnaient, comme ils le firent contre le Christ, lorsqu’ils crièrent : « Ôtez-le », c’est-à-dire : faites-le disparaître du nombre des vivants. D’autres disent que « Ôtez-le » signifie ce qui se dit parmi nous suivant la coutume romaine : « Jetez-le aux enseignes ». Et lorsque Paul allait entrer dans le camp, il dit au tribun : « s’il m’était permis de vous dire quelque chose ? » Porté sur les degrés, il demande à parler au tribun. Voyez avec quelle douceur : « S’il m’était permis de vous dire quelque chose ? » dit-il. « Celui-ci lui dit : Savez-vous le grec ? N’êtes-vous pas cet Égyptien qui, il y a quelques jours, a excité du tumulte, et a entraîné après lui au désert quatre mille sicaires ? » Cet Égyptien était un homme séditieux et novateur. Paul se lave de cette accusation, et, par ce qu’il dit, détruit ce soupçon.
Reprenons. « Il y a parmi nous quatre hommes qui ont un vœu ; prenez-les avec vous, et purifiez-vous avec eux ». Paul n’oppose rien à cela et se laisse persuader. D’où l’on voit clairement qu’il n’était pas obligé de suivre ce conseil, mais que ce fut prévoyance et indulgence de sa part. Cela n’était pas un empêchement à la prédication, puisque les apôtres eux-mêmes gouvernaient les Juifs suivant les coutumes légales. Quoique Paul tienne ici lui-même cette conduite, cependant plus tard il accuse Pierre ; mais ce n’était pas une accusation pure et simple. En effet, ce qu’il avait fait lui-même dans le cas présent, Pierre, dans l’occasion à laquelle je fais allusion, le fit en se taisant pour l’établissement de la doctrine véritable[1]). Ils ne dirent pas : Il ne faut pas enseigner cela aux gentils ; n ##Rem : Il suffit que l’on ne le pêche pas ici ; mais ils disent : Il faut faire quelque chose de plus, les persuader que vous gardez la loi. Ce n’est là qu’une condescendance : ne craignez rien. Envoyez : les apôtres ne le persuadent point avant de lui avoir montré la prévoyance qu’il y a à agir de la sorte et le gain qu’on en peut retirer. Il était supportable d’agir de la sorte à Jérusalem. Faites cela ici, et hors de cette ville vous ferez autrement. « Alors Paul prit le lendemain ces hommes », dit l’auteur. Il ne différa pas, mais montra par l’action qu’il était persuadé. Il prend donc ceux avec qui il devait se purifier ; tant la prévoyance inspire de ferveur ! Et comment, direz-vous, les Juifs d’Asie le virent-ils dans le temple ? Il est vraisemblable qu’ils étaient venus passer quelques jours à Jérusalem. Voyez comment l’événement est préparé. En effet, après que les Juifs ont été persuadés, alors ils s’insurgent contre Paul ; et cela se passe ainsi pour que ces derniers ne s’insurgent pas en même temps contre lui. « Aidez-nous, hommes d’Israël », disent-ils. Comme si quelqu’un de difficile à saisir et à vaincre était tombé entre leurs mains. « Aidez-nous », disent-ils. « Cet homme est celui qui enseigne partout à tous », non seulement ici, mais partout. L’accusation tirée des circonstances présentes avait encore plus de gravité. « Il a même de plus profané le temple en y introduisant les gentils ». Cependant, au temps du Christ, les gentils montèrent au temple pour y adorer ; mais ils parlent de ceux qui étaient venus sans vouloir adorer. « Et s’étant emparés de Paul, ils le poussaient dehors ». Considérez qu’ils le chassent du temple ; ils se, passaient bien de lois et de tribunaux. C’est pourquoi ils le frappaient ; ainsi en tout, ils sont audacieux et pétulants. Mais lui ne se défendit pas alors, mais seulement plus tard ; avec raison, car alors ils ne l’auraient pas écouté Et pourquoi criaient-ils donc : « Ôtez-le ? » Ils craignaient qu’il ne s’enfuît. Mais voyez avec quelle modération Paul parle au tribun ! Que dit-il donc ? S’il m’était permis de vous – dire quelque chose n. Il était tellement humble qu’il parlait toujours avec modestie. « N’êtes-vous pas cet Égyptien ? »
3. Voyez la malignité : du démon. Cet homme était un imposteur et un magicien ; et le démon espérait, par son moyen, pouvoir jeter de l’ombre sur le Christ et les apôtres, et les faire passer pour les complices de ses crimes. Mais il ne put rien ; la vérité n’en éclata que mieux ; bien loin de souffrir des machinations du démon. S’il n’y eût pas eu d’imposteurs, le triomphe des apôtres eût peut-être provoqué quelques soupçons. Ce qui rend ce triomphe plus admirable, c’est qu’il s’est accompli malgré les imposteurs qui ont paru. Il

  1. \+jmp frechry|Voyez tome IV, page 167.\+jmp*