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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/250

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je ne suis pas contre vous. « Hommes mes frères et mes pères », dit-il. Ce second mot est un titre d’honneur ; le premier, l’expression de la fraternité. « Écoutez mon apologie que je vous adresse ». Il ne dit pas l’enseignement, ni la harangue, mais l’Apologie » ; il se pose lui-même comme un suppliant. « Entendant qu’il parlait hébreu, ils firent un plus grand silence, ». Ne voyez-vous, pas comme il s’empare d’eux par leur propre langue pour laquelle ils avaient une sorte de vénération ? Voyez comme il continue son discours ainsi commencé, en disant : « Je suis Juif, né à Tarse de Cilicie, mais élevé dans cette ville, aux pieds de Gamaliel, instruit suivant la vérité de la loi paternelle, serviteur zélé de Dieu, comme vous l’êtes aujourd’hui ». – « Je suis », leur dit-il, « Juif », ce qu’ils aimaient le plus à entendre, « né à Tarse de Cilicie ». Pour qu’ils n’aillent pas se figurer une nation étrangère, il ajoute sa religion : « mais élevé dans cette ville ».
Il montre son grand zèle pour le culte, puisqu’il avait quitté sa patrie, ville célèbre et si éloignée, et avait voulu être élevé à. Jérusalem pour s’instruire dans la loi. Voyez quel respect il avait autrefois pour la loi. Il ne parle pas ainsi, seulement pour se défendre, mais pour montrer que ce n’est pas dans un but humain qu’il a été conduit à la prédication, mais parla puissance divine ; autrement il n’aurait pas été ainsi instruit tout d’un coup. S’il eût fait partie du commun des hommes, on eût pu faire cette supposition ; si, contraire, il était du nombre de ceux qui étaient le plus attachés à 1a loi, il n’était pas vraisemblable qu’il eût changé d’avis au hasard, et sans l’impulsion d’une urgente nécessité. Mais peut-être quelqu’un dira-t-il : Qu’il eût été élevé à Jérusalem, cela importe peu ; qu’est-ce que cela signifie en effet, si pour quelque intérêt ou pour toute autre cause vous êtes venu ici ? Pour qu’on ne pense pas ainsi, il ajoute « aux pieds de Gamaliel » : et il ne dit pas simplement auprès de Gamaliel, mais « aux pieds de Gamaliel ». Montrant par là sa persévérance, son assiduité, son ardeur pour apprendre et son profond respect pour cet homme. « Instruit suivant la vérité de la loi paternelle » ; il ne dit pas simplement de la loi, mais « de la loi paternelle. », pour montrer qu’autrefois il était observateur de la loi, et qu’il ne la connaissait pas simplement. Il semble dire ces choses pour eux, mais c’est contre eux qu’il parle, puisqu’il a abandonné cette loi qu’il connaissait si bien. Ensuite, de peur qu’on ne lui fasse cette nouvelle objection : Pourquoi donc, si vous connaissez complètement la loi, ne la défendez-vous pas et ne l’aimez-vous pas ? Il ajoute : « Zélé pour la « pratique de la loi », c’est-à-dire : non seulement je la connaissais, mais j’étais fort zélé pour elle. Et après qu’il a parlé de lui-même avec tant d’éloges, il dit : « Comme vous l’êtes tous aujourd’hui ». Il les montre par là agissant, non par des raisons humaines, mais par zèle pour Dieu. Il parle ainsi pour capter leurs bonnes grâces, s’emparer de leurs esprits, et les retenir par des moyens légitimes ; voici des preuves : « Moi qui ai persécuté cette voie jusqu’à la mort, enchaînant et emprisonnant les hommes et les femmes, ainsi que le grand prêtre et les anciens m’en rendent témoignage ». Afin, d’empêcher, de dire : Et la preuve ? Il apporte le témoignage du grand prêtre et du conseil des anciens. Il dit pour les adoucir : « Zélé dans la pratique de la loi comme vous » ; c’est-à-dire, autant que vous, et par ses œuvres il leur montre qu’il l’était plus qu’eux. En effet, certes, je ne perdais pas de temps pour les saisir ; mais de plus je pressais les prêtres, j’entreprenais, des voyages, je n’attaquais pas seulement les hommes comme vous, mais encore les femmes, et je les emprisonnais tous, et je les jetais dans les cachots. Ce témoignage est indubitable, les accusations des Juifs sont insoutenables. Voyez combien il cite de témoins : les anciens, le grand prêtre, les habitants de la cité.
2. Remarquez que sa défense n’est pas marquée au cachet de – l’a crainte, mais plutôt de l’enseignement et de la – doctrine. Si les auditeurs n’eussent été des pierres, ils auraient fait attention à ses paroles. Jusqu’ici il a eu les Juifs pour témoins ; ce qui suit s’était fait sans témoins. « De qui, ayant reçu des lettres, j’allais vers les frères à Damas pour emmener enchaînés ceux qui demeuraient en cette ville, et les conduire à Jérusalem afin qu’on les punît. Il arriva que lorsque j’étais en route et proche de Damas, vers le midi tout à coup une grande lumière venue du ciel m’enveloppa, je tombai par terre et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, « pourquoi me persécutes-tu ? Je répondis :