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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/251

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Qui êtes-vous, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth que tu persécutes » (Chap. 22,1-8) Ces paroles étaient dignes de foi, la conversion de Paul inexplicable autrement, devait leur mériter créance. Qu’est-ce que cela prouve, dira-t-on, s’il se vante ? Il ne se vante nullement. Pourquoi, dites-moi, se serait-il tout d’un coup enflammé d’un tel zèle ? Parce qu’il recherchait les honneurs ? Or il a enduré les outrages. Il recherchait le repos ? Cela non plus ; quelqu’autre chose ? La pensée ne peut rien"découvrir. Paul leur laisse ces conclusions à tirer, il raconte les choses, et leur dit : « J’étais proche de Damas, vers a midi tout à coup une grande lumière venue du ciel m’enveloppa, je tombai par « terre ». Ceux qui m’accompagnaient, qui m’ont conduit par la main, qui ont vu la lumière, me sont témoins que je ne me vante point. « Ceux qui étaient avec moi virent la lumière ; et furent épouvantés ; mais ils n’entendirent pas là voix de celui qui me parlait ». Ne vous étonnez pas s’il parle ainsi en cet endroit, et si, ailleurs, il est dit d’une autre manière : « Ils, restèrent debout entendant la voix, mais ne voyant personne ». (Act. 9,7) Il n’y a pas contradiction. En effet il y avait deux voix : la voix de Paul, et celle du Seigneur ! Dans le dernier passage, la voix dont parle Paul est la sienne. Mais dans celui qui nous occupe, Paul ajoute : « Ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait ! » Donc ce mot ne voyant personne », ne s’applique pas à la vision, mais signifie qu’ils n’entendirent pas. En effet ; Paul ne dit pas qu’ils ne virent pas la lumière ; mais : « Ne voyant personne, ils restèrent immobiles » c’est-à-dire, né voyant pas la personne qui me parlait. Il convenait que ce fait se passât ainsi, car il fallait que Paul fût seul jugé digne de cette voix. Si ceux qui accompagnaient Paul eussent entendu la voix, le prodige n’eût pas été aussi grand. Comme c’étaient des hommes grossiers, la vision était plus propre à les persuader ; c’est pour cela qu’ils virent seulement la lumière, ce qui suffisait pour les persuader, et qui les épouvanta. D’ailleurs la lumière n’agit pas autant sur eux que sur Paul : La lumière en effet aveugla Paul, et, par ce qui lui arrivait, fournit à ses compagnons le moyen de voir, s’ils le voulaient. Il me semble que ce fut par une disposition de la Providence que ces hommes, ne crurent pas, pour qu’ils fussent des témoins dignes de foi. « Il me dit », rapporte Paul : « Je suis Jésus de Nazareth que tu persécutes ». La ville est à propos nommée, pour qu’ils le reconnaissent. Et les apôtres disaient de même : « Jésus de Nazareth ». Voyez : le Christ lui-même témoignait qu’il était persécuté. « Ceux qui étaient avec moi virent la lumière et furent épouvantés ; mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait. Je dis : Que ferai-je, Seigneur ? Le Seigneur me dit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira ce qu’il faut que tu fasses. Et comme je ne voyais pas, à cause de la splendeur de cette lumière, conduit par la main de mes compagnons, j’allai à Damas ; mais Ananie, homme pieux suivant la loi, ayant le témoignage de tous les Juifs qui sont a Damas ; vint vers moi, et se tenant auprès de moi, me dit : Saul, mon frère, voyez. Et à l’heure même, je le regardai. Entrez, dit le Christ, dans la ville, et là on vous dira ce que vous devez faire ». Voici un nouveau témoin ; et voyez comme il le montre digne de foi. « Un certain Ananias, homme pieux suivant la loi, ayant le témoignage de tous les Juifs, qui sont à Damas ; étant venu vers moi, et s’étant tenir auprès de moi, me dit : « Voyez ». Ainsi, rien n’était étranger. « Et à la même heure, je le regardai ». C’est là le témoignage par les faits. Voyez comme il est mélangé de personnages amis et étrangers. Les personnages, ce sont les prêtres, les anciens, les compagnons de route de Paul ; les événements, ce sont ce qu’il fait, ce qu’il souffre ; les faits servent de témoins aux faits, et non pas seulement les personnes ; ou bien encore d’une autre manière : Ananie était étranger. Ensuite, l’événement lui-même, c’est-à-dire, Paul recouvre la vue ; puis une grande prophétie : « Ananie dit : Le Dieu de nos Pères a étendu sa main sur vous par avance ; pour que vous connaissiez sa volonté et voyiez ce qui est juste ». Il dit à propos de nos pères », pour montrer qu’ils ne sont pas Juifs, mais étrangers à la loi ; et qu’ils agissent par envie ; et non par zèle. « Pour que vous connaissiez sa volonté et voyiez ce qui est juste ». Donc, c’est là sa volonté. Voyez comme la doctrine est expliquée par l’ordre de la narration. « Et que a vous entendiez la voix de sa bouche, parce d que vous serez son témoin auprès de tous