Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non seulement à Corinthe, mais par toute la terre. Car le nom de l’Église n’est pas un nom de division, mais d’union et d’harmonie. « Aux sanctifiés dans le Christ Jésus ». Encore le nom de Jésus, nulle part celui des hommes. Mais qu’est-ce que la sanctification ? Le bain, la purification. Il leur rappelle leur propre impureté, dont il les a délivrés, et les engage à avoir d’humbles sentiments d’eux-mêmes ; car ce n’est point par leurs propres mérites, mais par la bonté de Dieu qu’ils ont été sanctifiés. « Qui sont appelés saints ». Être sauvés par la foi, leur dit-il ; cela ne vient pas de vous : vous n’êtes point venus les premiers, mais vous avez été appelés ; en sorte que ce peu même n’est point à vous tout entier. Et quand bien même vous seriez venus, étant sujets à d’innombrables misères, ce n’est point à vous qu’il faudrait en attribuer le mérite, mais à Dieu.
Voilà pourquoi, écrivant aux Éphésiens, il disait : « Vous avez été sauvés par la grâce, au moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous ». (Eph. 2,8) Votre foi ne, vous appartient pas tout entière ; car vous n’avez point prévenu, lorsque vous avez cru, mais vous avez été appelés et vous avez obéi. « Avec tous ceux qui invoquent le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Non pas le nom d’un tel ou d’un tel, mais « le nom de Jésus-Christ. En quelque lieu que ce soit, de Jésus-Christ, leur Seigneur comme le nôtre ». En effet, bien que cette lettre ne s’adresse qu’aux Corinthiens, il mentionne pourtant tous les fidèles qui sont sur la terre, indiquant par là que sur toute la terre l’Église, quoique séparée par les distances, doit être une ; à plus forte raison celle de Corinthe. Que si le lieu les sépare, le Seigneur, leur maître commun, les réunit ; aussi, pour exprimer cette union, ajoute-t-il : « En quelque lieu que ce soit, et leur Seigneur comme le nôtre ». En effet, l’unité de maître est bien plus efficace que l’unité de lieu pour faire exister l’union. Car, comme ceux qui sont dans un même lieu sont cependant divisés, s’ils ont plusieurs maîtres opposés entre eux, et ne gagnent rien pour la concorde à être réunis dans le même endroit, vu que leurs maîtres leur prescrivent des choses différentes et les attirent à eux, « vous ne pouvez », est-il dit, « servir Dieu et Mammon » ; de même ceux qui sont dans des lieux différents, s’ils n’ont pas des maîtres différents, mais un seul et même maître, ne perdent rien pour la concorde à la diversité des lieux, puisqu’un même maître les réunit. Je ne dis donc pas, insinue-t-il, que, vous Corinthiens, vous ne devez être unis qu’aux Corinthiens, mais à tous les fidèles qui sont sur toute la terre, puisque, vous avez un maître commun. Voilà pourquoi il répète : « Notre ». Car après avoir dit : « Le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ » ; pour ne pas avoir l’air de séparer, aux yeux des insensés, il ajoute : « Notre maître et le leur ». Et pour rendre plus clair ce que j’avance, je lirai le texte comme le sens l’exige : Paul et Sosthène, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur notre maître et le leur en tout lieu, soit à Rome, soit partout ailleurs : « Grâce et paix soit avec vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ». Ou, encore une fois, comme je crois plus exact : Paul et Sosthène à ceux qui sont sanctifiés à Corinthe, qui sont appelés saints, avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur d’eux et de nous. C’est-à-dire Grâce à vous, et paix à vous qui avez été sanctifiés et appelés à Corinthe ; et non seulement à vous, mais avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus-Christ notre maître et le leur. Que si la paix vient de la grâce, pourquoi vous enorgueillissez-vous ? pourquoi vous enflez-vous, puisque vous êtes sauvés par la grâce ? Si vous êtes en paix avec Dieu, pourquoi vous livrez-vous à d’autres ? C’est créer la dissidence. Qu’est-ce, en effet, d’être en paix et en grâce avec celui-ci et avec celui-là ? Moi, je demande que ces deux choses vous viennent de Dieu, et de lui et pour lui ; car elles ne seraient pas solides, si elles ne recevaient l’influence céleste : et si elles ne sont pas pour lui, elles sont sans profit pour nous. En effet, il ne nous sert de rien d’être en paix avec tout le mondé, si nous sommes en guerre avec Dieu ; comme nous ne souffrirons point d’avoir tout le monde contre nous, si nous sommes en paix avec Dieu. Et encore, il ne nous servira de rien d’être célébrés par tous les hommes, si nous offensons Dieu ; comme il sera sans danger pour nous d’être repoussés et haïs de tous, si Dieu nous accueille et nous aime : car la vraie grâce, la vraie paix, vient de Dieu. En effet, celui qui possède la grâce qui vient de Dieu, fût-il accablé de maux, ne