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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/399

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HOMÉLIE XV.


IL N’EST BRUIT QUE D’UNE FORNICATION COMMISE PARMI VOUS, D’UNE FORNICATION TELLE QU’IL N’EN EXISTE PAS CHEZ LES GENTILS MÊMES ; JUSQUE-LÀ QUE QUELQU’UN À LA FEMME DE SON PÈRE. ET VOUS ÊTES GONFLÉS D’ORGUEIL ! ET VOUS N’ÊTES PAS PLUTÔT DANS LES PLEURS, POUR FAIRE DISPARAÎTRE DU MILIEU DE. VOUS CELUI QUI À COMMIS CETTE ACTION ! (CHAP. 5,1, 2, JUSQU’AU VERS. 8)

ANALYSE.

  • 1. Saint Paul en vient enfin à l’incestueux, et il ne l’attaque pas seul, mais avec lui toute l’Église de Corinthe que souillait la présence d’un tel coupable.
  • 2. Il faut châtier le coupable, le châtier dans son corps pour sauver son âme.
  • 3. Pour les chrétiens, tous les jours sont jours de fête.
  • 4. Prudence de saint Paul. – Que l’avarice est un vieux levain, et comment. – Des héritiers d’un bien mal acquis.


1. Quand il s’agissait de leurs divisions, il n’employait pas dès le début des termes aussi violents ; trais il leur parlait d’abord doucement, et finissait par les accuser en disant : « Car j’ai été averti, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, qu’il y a des contestations parmi vous ». (1Cor. 1,11) Ici, il ne procède pas de la, même manière ; mais il frappe tout d’abord ; et fait, autant que possible, peser sur tous l’accusation. En effet, il ne dit pas Pourquoi un tel a-t-il commis une fornication ? Mais : « Il n’est bruit que d’une fornication commise parmi vous » ; il ne veut pas que, se croyant à l’abri du reproche, ils agissent avec négligence ; mais que, le coup tombant sur la communauté et l’accusation sur l’Église, leur sollicitude s’éveille. Il veut leur dire : On ne dira pas, un tel a commis une fornication, mais tel péché s’est commis dans l’Église de Corinthe. Il ne dit pas : On commet la fornication, mais : « Il n’est bruit… telle qu’il n’en existe pas chez les gentils mêmes. C’est toujours par comparaison aux gentils qu’il fait rougir les fidèles. Ainsi il écrivait aux Thessaloniciens : « Que chacun de vous sache posséder son corps saintement, et non dans la passion de la convoitise comme les autres nations » (1Thes. 4,4-5) ; et aux Colossiens et aux Éphésiens : « Ne marchez plus comme les autres nations ». (Eph. 4,17) Mais si ces fautes sont impardonnables chez les gentils, à quel rang, dites-moi, placerons-nous les fidèles qui les dépassent ? Citez les gentils, non seulement on ne commet ; pas ce crime, mais il n’a même pas de nom. Voyez-vous jusqu’où il porte l’accusation ? Car inventer un genre de luxure que les infidèles, non seulement ne commettent pas, mais ne connaissent même pas, c’est porter le péché à son comble.
« Parmi vous », ces mots sont emphatiques ; c’est-à-dire, parmi vous, les fidèles, qui participent à de si grands mystères, à qui on a communiqué les secrets divins, qui êtes appelés au ciel. Voyez-vous quelle indignation ce langage respire ? Comme il est irrité contre eux tous ? S’il n’eût pas été enflammé de courroux, il ne se serait pas ainsi adressé à tous ; il eût dit : J’ai appris qu’un tel a commis le péché de fornication, punissez-le. Mais ce n’est pas ainsi qu’il parte : il s’adresse à tout le monde. Si on lui eût écrit pour le prévenir, il aurait pu employer ce langage. Or, non seulement on ne lui a pas écrit, mais on cherche à tenir la faute dans l’ombre, voilà pourquoi il emploie des tertres plus violents. « Jusque-là que quelqu’un a la femme de son père ». Pourquoi ne dit-il pas. À commis la fornication