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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/400

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avec une femme ? Il repousse ce terme trop honteux ; par pudeur il le passe sous silence, comme déjà contenu dans ce qu’il vient de dire. Et par là même il fortifie l’accusation en montrant qu’on commet chez eux un crime que Paul ne peut prendre sur lui de nommer ouvertement. C’est pourquoi il adopte encore plus bas la même formule : « Celui qui a commis cette action » ; puis il rougit de nouveau et se refuse encore à employer le terme propre : ce que nous avons coutume de faire dans les matières par trop honteuses. Il ne dit point non plus : Sa belle-mère, mais « la femme de son père », afin de frapper plus fort. En effet, quand les mots suffisent pour l’accusation, il les emploie et n’y ajoute rien. Ne m’objectez pas, leur dit-il, qu’il n’y a qu’un fornicateur ; car le crime est commun à tous. Aussi ajoute-t-il : « Et vous êtes gonflés d’orgueil ». Il ne dit pas : À cause de ce péché (ce qui eût été absurde), mais à cause de l’enseignement de cet homme. Il ne s’exprime pas ainsi, il laisse de côté ce moyen, pour frapper plus fort.
Et voyez la prudence de Paul.. Après avoir d’abord détruit la sagesse du dehors et fait voir qu’elle n’est rien, même quand le péché – ne s’y ajoute pas, il parle enfin du péché. Si, à propos du fornicateur, qui était peut-être un sage, il eût dit que le don spirituel avait beaucoup de valeur, il n’eût pas fait grand-chose ; mais abattre la sagesse humaine, abstraction faite du péché, et démontrer qu’elle n’est rien, c’est la réduire au moindre prix possible. C’est donc après avilir d’abord établi la comparaison, qu’il mentionne le péché. Et, il ne daigne pas même parler au coupable, (en quoi il fait ressortir son extrême infamie) ; mais il dit à tous z Vous devriez pleurer, gémir, vous couvrir la face de honte, et vous faites tout le contraire. Aussi ajoute-t-il : « Et vous êtes gonflés d’orgueil ! Et vous n’êtes pas plutôt dans les pleurs ! » Qu’est-il donc arrivé, objecte-t-on, pour que nous soyons dans les pleurs ? Parce que l’accusation retombe sur toute l’Église. Et que gagnerons-nous à pleurer ? « De faire disparaître un tel coupable du milieu de vous ». Il ne prononce pas son nom, ni ici, ni ailleurs ; comme nous avons coutume de faire quand il s’agit de choses monstrueuses. Il ne dit pas : Et vous ne l’avez pas plutôt chassé ; mais, comme c’est de deuil et d’instantes prières qu’il est besoin, ainsi que dans les cas de maladie et de peste, il dit : « Pour le faire disparaître » ; et dans ce but il faut employer la prière et tout mettre en œuvre pour le retrancher. Il ne leur reproche pas de ne pas l’avoir prévenu, lui, niais de n’avoir pas pleuré pour faire disparaître le coupable ; indiquant par là qu’ils auraient dû le faire même en l’absence de leur maître, à cause de l’évidence du crime. « Pour moi, absent de corps, il est vrai, mais présent d’esprit ».
2. Voyez soir indignation : il ne veut pas même qu’on attende son arrivée pour lier le coupable ; mais voulant expulser le venin avant qu’il ait envahi tout le corps, il se hâte de le contenir, en disant. « J’ai déjà jugé comme si j’étais présent ». Or, il disait cela, non seulement pour les presser de rendre l’arrêt et les détourner de toute autre résolution, mais encore pour les effrayer en leur montrant qu’il savait ce qui devait se passer, et le jugement qui devait se rendre. C’est ce qui s’appelle être présent d’esprit ; comme Élisée l’était à Giézi, à qui il disait : « Est-ce que mon esprit n’était pas avec toi ? » (2R. 5,26) Oh ! qu’elle est grande, la vertu de la grâce, puisqu’elle fait de tous les membres un seul corps, et révèle ce qui se passe au loin ! « J’ai déjà jugé comme si j’étais présent ». Il ne leur permet pas de penser autrement : J’ai porté la sentence comme si j’étais là ; pas de retards, point de délais : tout autre parti est impossible. Ensuite, pour ne pas trop paraître agir d’autorité, et pouf que son langage ne respire pas l’arrogance, voyez comme il les associe eux-mêmes au jugement qu’il porte ! Après avoir dit : « J’ai jugé », il continue : « Que celui qui a commis un tel attentat, vous et mon esprit étant réunis au nom « de Notre-Seigneur Jésus-Christ, soit, par la présence de Notre-Seigneur Jésus-Christ, livré à Satan ». Et pourquoi : « Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? » C’est-à-dire, selon Dieu ; sans être retenu par aucune considération humaine. Quelques-uns lisent : « Celui qui a ainsi agi au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ », et plaçant là un point ou une virgule, ils continuent ainsi le texte : « Vous et mon esprit étant réunis, de livrer cet homme à Satan ». Et voici, selon eux, le sens de ce passage : « Livrez à Satan l’homme qui a fait cela au nom de Jésus-Christ ; c’est-à-dire, livrez à Satan celui qui a outragé le nom