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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/439

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permis : d’abord par son propre exemple ; comme il va dire qu’il n’a rien reçu d’eux, il ne commence pas par là, mais il parle d’abord de sa dignité : « Ne suis-je pas apôtre ? ne suis-je pas libre ? » Pour qu’on ne dise pas : Si vous n’avez rien reçu, c’est que vous n’aviez pas droit de rien recevoir, il expose d’abord les raisons pour lesquelles il aurait eu le droit de recevoir, s’il l’avait voulu.
Ensuite pour ne pas paraître, en disant cela, incriminer Pierre et ceux qui l’entouraient (car eux recevaient), il prouve d’abord qu’ils avaient droit de recevoir ; puis, pour qu’on ne dise pas que Pierre avait ce droit et que lui ne l’avait pas, il prévient l’esprit de l’auditeur par ses propres louanges. Et considérant qu’il était nécessaire de faire son éloge (c’était le moyen de corriger les Corinthiens) et ne voulant d’ailleurs rien dire de trop, mais simplement ce qui suffisait à son but, voyez comme il sait ménager ce double point, en se louant lui-même, non autant qu’il l’aurait pu en conscience, mais dans la mesure que la circonstance demandait. Il pouvait dire en effet J’avais le droit de recevoir plus que tous les autres, parce que j’ai travaillé plus qu’eux ; mais il ne tient pas ce langage qui serait trop haut ; il se contente de poser les principes qui faisaient la grandeur des apôtres et leur droit à recevoir, en disant : « Ne suis-je pas apôtre ? ne suis-je pas libre ? » C’est-à-dire : Ne suis-je pas maître de moi-même ? suis-je sous la dépendance de quelqu’un qui me fasse violence et m’empêche de recevoir ? – Mais eux ont quelque chose de plus que vous : ils ont été avec le Christ. – Mais cet avantage, je l’ai eu aussi. C’est ce qui lui fait dire : « N’ai-je pas vu Jésus-Christ Notre-Seigneur ? Après tous les autres, il s’est fait voir aussi à moi comme à l’avorton ». (1Cor. 15,8) Ce n’était pas là un mince honneur. « Car beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu ». (Mt. 13,17) « Des jours viendront où vous désirerez voir un seul de ces jours ». (Lc. 17,22) – Mais quoi ! quand vous seriez apôtre et libre et que vous auriez vu le Christ, quel droit auriez-vous de recevoir si vous ne pouvez montrer l’ouvrage d’un apôtre ? Voilà pourquoi il ajoute : « N’êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ? » Voilà le grand point sans cela le reste est inutile. Car Judas était apôtre, était libre et avait vu le Christ : mais comme il ne fit pas œuvre d’apôtre, tout cela ne lui servit à rien. Voilà pourquoi Paul ajoute ces mots, et appelle les Corinthiens eux-mêmes en témoignage. Et comme il venait d’exprimer une grande chose, voyez quel correctif il y met, en disant : « Dans le Seigneur » ; c’est-à-dire, vous êtes l’œuvre de Dieu et non la mienne. « Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, je le suis cependant pour vous ».
2. Voyez-vous comme il ne dit rien de trop ? Pourtant il pouvait parler du monde entier, des nations barbares, de la terre, de la mer ; il n’en dit pas un mot, et prouve sa thèse victorieusement, surabondamment et comme en passant. À quoi bon, dit-il, produire des arguments superflus, quand ceci suffit pour le sujet actuel ? Je ne cite point des succès obtenus chez d’autres ; vous avez été témoins de ceux dont je parle. En sorte que n’eusse-je eu ailleurs aucun droit de recevoir, du moins je l’aurais eu chez vous. Et pourtant je n’ai rien reçu de ceux chez qui j’avais le plus droit de recevoir (car j’ai été votre maître). « Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, je le suis cependant pour vous ». De nouveau il parle en abrégé ; car il était l’apôtre du monde entier. Et pourtant, dit-il, je n’en parle pas, je ne conteste pas, je ne réclame pas : je parle de ce qui vous concerne. « Vous êtes le sceau de mon apostolat », c’est-à-dire la preuve. Si quelqu’un veut savoir mon titre à l’apostolat, je vous nomme ; chez vous j’ai donné tous les signes de l’apostolat, sans en omettre aucun c’est ce qu’il répète dans sa seconde épître « Quoique je ne sois rien, les marques de mon apostolat ont été empreintes sur vous par une patience à l’épreuve de tout, par des miracles, des prodiges et des vertus ». (2Cor. 12,11-12) Qu’avez-vous eu de moins que les autres églises ? Aussi dit-il : « Vous êtes le sceau de mon apostolat ». Car je vous ai fait voir des signes, je vous ai instruits par la parole, j’ai couru des dangers, j’ai mené une vie irréprochable. On peut voir tout cela dans ces deux épîtres, où il leur explique ces choses dans le plus grand détail.
« Ma défense contre ceux qui m’interrogent, la voici ». Qu’est-ce que cela veut dire : « Ma défense contre ceux qui m’interrogent, la voici ? » À ceux qui veulent savoir comment je suis apôtre, ou à ceux qui m’accusent d’avoir reçu de l’argent, ou à ceux qui rue demandent pourquoi je n’en reçois pas, ou à ceux qui