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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/453

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HOMÉLIE XXIII.

NE SAVEZ-VOUS PAS QUE CEUX QUI COURENT DANS LA LICE, COURENT TOUS, MAIS QU’UN SEUL REMPORTE LE PRIX ? (CHAP. 9, VERS. 24, JUSQU’AU VERS. 12 DU CHAP. X)

ANALYSE.

  • 1. Si saint Paul use de condescendance, s’il se fait tout à tous, il a ses vues, son but à atteindre, il veut gagner des âmes ; mais ceux d’entre les Corinthiens qui vont s’asseoir à la table des idoles, qu’y peuvent-ils gagner pour eux et pour les autres ?
  • 2. De même qu’il n’a servi de rien aux Juifs d’être comblés des bienfaits de Dieu, ainsi les dons du Saint-Esprit seront-ils inutiles aux Corinthiens sans la pureté de la conduite et des mœurs.
  • 3. Que l’intempérance mène à l’impudicité.
  • 4. Que les peines futures seront éternelles.
  • 5. Que le repentir est aussi inutile dans l’autre monde que plein d’efficacité dans celui-ci.
  • 6. Comparaison des avares avec ceux qui cherchent l’or dans les entrailles de la terre.

1. Après avoir montré que la condescendance est très utile, qu’elle est le sommet de la perfection, qu’il en a lui-même usé plus que les autres, parce qu’il a tendu plus que tous à la perfection, et qu’il l’a même dépassée, en ne recevant rien ; après avoir spécifié les occasions favorables pour l’une et pour l’autre, c’est-à-dire, pour la perfection et la condescendance, il les pique plus au vif en insinuant que ce qui se fait chez eux et qu’ils prennent pour de la perfection n’est qu’un travail vain et superflu. Il ne s’exprime cependant pas aussi clairement, pour ne pas les pousser à l’insolence ; mais il fait ressortir sa pensée des preuves qu’il apporte. Après avoir dit qu’ils pèchent contre le Christ, qu’ils perdent leurs frères, que la science parfaite ne leur est d’aucun profit si la charité ne s’y joint, il revient aux exemples vulgaires, et dit : « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice courent tous ; mais qu’un seul remporte le prix ? » Il ne veut pas dire qu’un seul homme entre tous doive être sauvé, loin de là ! mais que nous devons déployer un grand zèle. Car comme dans la multitude de ceux qui descendent dans la lice, il n’y en a pas beaucoup qui soient couronnés, mais un seul, et qu’il ne suffit pas d’entrer en lice, ni de se frotter d’huile et de lutter ; de même ici il ne suffit pas de croire et de combattre d’une façon quelconque, mais si nous ne courons pas de manière à rester irréprochables jusqu’au bout, et si nous n’atteignons pas le prix, nous n’aurons rien fait. Si vous vous imaginez, leur dit-il, être parfaits quant à la science, vous n’avez cependant pas encore tout ; et c’est ce qu’il insinue en disant : « Courez donc de telle sorte que vous le remportiez ». Ils ne l’avaient donc pas encore remporté. Après avoir dit cela, il indique la manière de le remporter : « Quiconque combat dans l’arène, s’abstient de toutes choses ». Qu’est-ce que cela veut dire : « De toutes « choses ? » Il ne s’abstient pas d’une chose, pour faire excès dans un autre ; mais il réprime la gourmandise, l’impudicité, l’ivrognerie, en un mot toutes les passions : Voilà, dit-il, ce qui s’observe dans les combats extérieurs. Il n’est pas permis aux combattants de s’enivrer au moment de la lutte, ni de commettre la fornication, de peur qu’ils n’épuisent leurs forces, ni de se livrer à aucune autre occupation ; mais s’abstenant absolument de tout, ils s’adonnent uniquement aux exercices gymnastiques.