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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/458

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des voies de salut. D’abord, si vous pardonnez au prochain, vos péchés vous seront remis. « Si vous remettez aux hommes leurs offenses », nous dit Jésus-Christ, « votre Père céleste vous remettra aussi les vôtres ». (Mt. 6,14) Si vous faites l’aumône, il vous pardonnera vos péchés : « Rachetez », est-il écrit, « vos iniquités au moyen de l’aumône ». (Dan. 4,24) Si vous priez avec ferveur, vous serez encore pardonné, comme nous le voyons par l’exemple de la veuve qui fléchit, à force d’instances, un juge inhumain. Si vous accusez vos péchés, vous recevrez de la consolation : « Accusez d’abord vos fautes, afin que vous soyez justifié ». (Is. 43,26) Si vous en êtes triste, ce sera encore un remède très efficace ; car il est écrit : « J’ai vu qu’il était affligé, qu’il s’en allait triste, et j’ai corrigé ses voies ». (Is. 57,17-18) Si vous supportez l’adversité avec patience, vous serez quitte de tout. C’est ce qu’Abraham dit au mauvais riche : « Lazare a reçu les maux et maintenant il est consolé ». (Lc. 16,25) Si vous avez pitié de la veuve, vous vous laverez de vos péchés ; car il est écrit : « Rendez justice à l’orphelin, faites droit à la veuve et venez discuter avec moi : quand vos péchés seraient rouges comme l’écarlate, je les rendrai blancs comme la neige ; fussent-ils de la couleur du safran, je les rendrai blancs comme la laine ». (Is. 1,17-18) Dieu ne laisse pas même paraître la cicatrice.
5. Quand nous serions réduits aux dernières extrémités comme celui qui avait dissipé son patrimoine et qui vivait de glands, pourvu que noua fassions pénitence, nous serons certainement sauvés ; dussions-nous dix mille talents, pourvu que nous demandions grâce et que nous oubliions les injures, tout nous sera remis ; fussions-nous égarés comme la brebis qui s’est écartée du bercail, il saura nous ramener, pourvu que nous le voulions, mes bien-aimés : car Dieu est bon. Aussi s’est-il contenté de voir à ses genoux celui qui lui devait dix mille talents ; de voir le prodigue revenir, et la brebis égarée consentir à être rapportée. Considérant donc l’étendue de sa bonté, rendons-le-nous propice ; prosternons-nous devant sa face en faisant l’aveu de nos fautes, de peur qu’au sortir de ce monde, nous trouvant sans excuse, nous ne soyons livrés au dernier supplice. Si nous montrons de la diligence pendant cette vie, une diligence quelconque, nous en retirerons un très grand profit ; mais si nous nous en allons sans nous être améliorés, l’amer repentir que nous éprouverons dans l’autre vie ne nous servira de rien. C’était dans l’arène qu’il fallait combattre, et non après la lutte finie, se livrer à des lamentations et à des larmes inutiles, à l’exemple de ce mauvais riche qui pleurait et gémissait, mais en pure perte, parce qu’il avait négligé de le faire à temps. Et il n’est pas le seul ; il y a encore aujourd’hui beaucoup de riches de ce genre, qui ne veulent pas mépriser les richesses, mais qui négligent leur âme ; ils sont pour moi un sujet d’étonnement, quand je les vois solliciter continuellement la miséricorde divine et cependant persévérer dans des dispositions qui les rendent incurables, et traiter leur âme comme une ennemie.
Ne nous faisons point d’illusion, mes bien-aimés, ne nous faisons point d’illusion, et ne nous trompons pas nous-mêmes au point de demander à Dieu d’avoir pitié de nous, pendant que nous préférons à cette pitié l’argent, la volupté, tout en un mot. Si quelqu’un vous constituait juge, et disait que celui qu’il accuse, méritant mille fois la mort et pouvant se racheter au moyen d’un léger sacrifice d’argent, aime cependant mieux mourir que de faire ce sacrifice, vous ne jugeriez certainement pas l’accusé digne d’indulgence ni de pardon. Appliquez-vous ce raisonnement : voilà ce que nous faisons réellement, quand nous négligeons notre salut et ménageons notre argent, Comment pouvez-vous prier Dieu de vous épargner, quand vous ne vous épargnez pas vous-même, et préférez l’argent à votre âme ? Aussi je me sens frappé d’un extrême étonnement quand je considère combien il y a de prestige dans l’argent, ou plutôt de déception dans les âmes qui s’y attachent. Il y en a pourtant, oui, il y en a qui rient de bon cœur de cette séduction. Qu’y a-t-il donc là de propre à nous fasciner ? n’est-ce pas de la matière, une matière inanimée, éphémère ? Sa possession n’est-elle pas incertaine ? n’est-elle pas pleine de craintes et de périls ? Une occasion de meurtres et d’embûches ? Une source d’inimitié et de haine ? de paresse et de vices nombreux ? N’est-ce pas de la terre et de la cendre ? Quelle folie que celle-là ! quelle maladie ! Mais, dirait-on, il ne s’agit pas seulement d’accuser ces malades, mais de les guérir de leur passion. Et comment les guérir, sinon en leur montrant