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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/457

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l’occasion des épreuves en disant : Quand viendront les biens ? Quand viendront les récompenses ? Et c’est pour les en corriger et les effrayer qu’il dit : « Ne murmurez point comme quelques-uns d’entre eux murmurèrent, et ils périrent par l’exterminateur ». Car on ne nous demande pas seulement de souffrir pour le Christ, mais de supporter les événements avec courage et avec grande joie. C’est là toute la couronne ; en dehors de cela, ceux qui auront souffert à contre-cœur seront punis. Voilà pourquoi les apôtres se réjouissaient d’avoir été battus de verges, et Paul se glorifiait dans les afflictions. « Or toutes ces choses leur arrivaient en figure ; et elles ont été écrites pour nous être un avertissement, à nous pour qui est venue la fin des temps ».
Il les épouvante encore en parlant de la fin, et les prépare à attendre un avenir plus terrible que le passé. De tout ce qui a été exposé, dit-il, il est clair que nous serons punis, cela est évident même pour ceux qui ne croient pas à l’enfer ; et que la punition sera plus grave, cela résulte de ce que nous avons reçu plus de bienfaits et de ce que ces châtiments n’étaient que des figures. Si les dons sont plus grands, nécessairement les punitions le seront aussi. Voilà pourquoi il appelle les anciennes punitions des figures et dit qu’elles ont été écrites pour nous ; puis il rappelle le souvenir de la fin, pour éveiller la pensée de la consommation. Car les châtiments alors ne seront plus comme ceux-là qui avaient une fin et disparaissaient ; mais ils seront éternels. Comme les peines de cette vie passent avec la vie même, ainsi celles de l’autre monde ne finiront jamais. Quand il parle de « la fin des temps », il veut simplement dire que, le terrible jugement est proche. « Que celui donc qui croit être ferme prenne garde de tomber ». Ici il abat encore l’orgueil de ceux qui s’enflaient de leur science. Si ceux qui avaient reçu de tels bienfaits ont été ainsi punis, si d’autres l’ont été pour avoir simplement murmuré, d’autres pour avoir offert des tentations, et parce que le peuple ne craignait plus Dieu, bien qu’il eût été si favorisé ; à bien plus forte raison nous en arrivera-t-il autant, si nous ne veillons sur nous. Il a donc raison de dire : « Que celui qui se croit ferme ». Car avoir confiance en soi, ce n’est pas être ferme comme on doit l’être ; avec cela, on tombe vite ; les Juifs n’auraient pas subi un tel sort, s’ils avaient été humbles, et non orgueilleux et pleins de confiance. Il est donc clair que la source de ces maux sont d’abord la présomption, puis la négligence et la gourmandise.
Si donc vous êtes ferme, prenez garde de tomber. Car être ferme ici-bas ce n’est pas l’être solidement, tant que nous ne serons pas débarrassés des orages de cette vie et que nous n’aurons pas abordé au port : Ne soyez donc pas trop fier d’être ferme, mais prenez garde à la chute. Si Paul, le plus ferme des hommes, a craint, à bien plus forte raison devons-nous craindre nous-mêmes. L’apôtre disait : « Que celui qui croit être ferme prenne garde de tomber » ; et nous, nous ne pouvons pas même dire cela, puisque presque tous sont déjà tombés, abattus, étendus à terre. Car à qui parlerai-je ? Est-ce à celui qui vole tous les jours ? Mais il a fait une lourde chute. Est-ce au fornicateur ? Mais il est couché sur le sol. Est-ce à l’ivrogne ? Mais lui aussi est à bas, et il ne s’en aperçoit pas même. En sorte que ce n’est pas le temps de tenir ce langage, mais bien plutôt celui que le prophète adressait aux Juifs, quand il leur disait : « Est-ce que celui qui tombe ne se relève pas ? » (Ps. 40,4) Car tous sont à terre, et ne veulent pas se relever. Nos exhortations ne tendent donc plus à empocher de tomber, mais à donner à ceux qui sont tombés la force de se relever. Relevons-nous donc, enfin, mes bien-aimés, quoiqu’il soit bien tard, relevons-nous et tenons-nous debout solidement. Jusqu’à quand resterons-nous couchés ? Jusqu’à quand resterons-nous ivres, appesantis par la convoitise des biens temporels ? C’est bien le cas de dire maintenant : À qui parlerai-je ? Qui prendrai-je pour témoin ? Tous sont si bien devenus sourds à l’enseignement de la vérité ! Et ils se sont par là attiré tant de maux ! Si on pouvait voir les âmes à nu, on aurait dans l’Église le spectacle que présente un champ de bataille après le combat : des morts et des blessés.
C’est pourquoi je vous en prie et vous en conjure : tendons-nous la main les uns aux autres et relevons-nous. Car moi aussi je suis du nombre des blessés et de ceux qui ont besoin de la main qui applique les remèdes. Cependant ne désespérez pas pour cela ; si les blessures sont graves, elles ne sont pas incurables. Notre médecin est si puissant ! sondons seulement nos plaies ; et fussions-nous tombés au plus profond du vice, il nous ouvrira bien