Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/484

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il pouvait y tenir : c’est une école, répondait-il, une palestre de philosophie, que j’ai à la maison. Je n’en serai que plus doux avec les personnes du dehors, disait-il, vu l’exercice quotidien qu’elle me fait faire. Vous poussez de grands cris ? Eh bien, moi, je pousse un grand gémissement, à voir que des païens sont plus sages que nous, que nous qui avons l’ordre d’imiter les anges, je me trompe, qui avons l’ordre de rivaliser avec Dieu même pour la douceur et la bonté. Donc ce sage, dit-on, pour cette raison, ne chassa pas cette méchante femme ; quelques-uns même prétendent que ce fut pour cette raison qu’il l’épousa. Quant à moi, vu le grand nombre d’hommes peu susceptibles de raison, je vous conseille de tout faire d’abord, de ne rien négliger pour que les femmes que vous prendrez, soient bien assorties et remplies de toute espèce de vertu : mais s’il vous arrivait de vous tromper, d’introduire une méchante femme, une femme insupportable dans votre maison, je dis qu’alors vous devriez au moins imiter ce sage, et sans maltraiter cette femme, tâcher de la corriger de ses imperfections. Le marchand fait un traité avec son associé, prend toutes ses précautions, pour assurer le bon accord, avant de lancer son vaisseau à la, mer, et il ne se préoccupe d’aucune autre affaire. Eh bien, nous aussi, prenons toutes nos précautions pour que l’associé de notre vie se tienne en paix avec nous pendant toute la durée de la traversée. Voilà comment nous serons sûrs d’avoir, pour tout le reste, la tranquillité ; voilà comment nous traverserons en toute sécurité la mer de la vie présente. Ce qu’il faut préférer à tous les biens, maisons, esclaves, trésors, domaines, fonctions politiques. Regardons comme le bien le plus précieux, que celle qui demeure avec nous, dans la même habitation que nous, ne soit pas en désaccord, en dispute avec nous. Si nous possédons ce bien, tous les autres couleront sur nous d’eux-mêmes, et nous jouirons de l’abondance des biens spirituels, douce récompense de notre concorde sous le même joug ; nous ferons comme il faut tout ce qu’il convient de faire, et nous obtiendrons les biens qui nous sont réservés : puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXVII.


MAIS JE NE PUIS VOUS LOUER EN CE QUE JE VAIS VOUS DIRE, À SAVOIR : QUE VOUS VOUS CONDUISEZ DE TELLE SORTE, DANS VOS ASSEMBLÉES, QU’ELLES VOUS NUISENT, AU LIEU DE VOUS SERVIR. (CHAP. 11, VERS. 17, JUSQU’AU VERS. 27)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Des repas en commun ; ancien usage ; désordres qui en altéraient l’esprit ; reproches de Paul.
  • 3. Réflexions sur la manière dont l’Apôtre exerce la réprimande.
  • 4. De l’institution de la cène.
  • 5. Admirable invective contre ceux qui s’approchent de la table sainte sans préparation, et contre ceux qui courent de la table sainte aux orgies.


1. Il faut d’abord dire la cause du reproche qu’il leur adresse en ce moment ; la suite du discours se comprendra mieux. Quelle est donc la cause de ce reproche ? Les trois mille qui avaient, au commencement, accepté la foi, mangeaient en commun, possédaient tout en commun ; cette communauté subsistait aux temps où écrivait l’apôtre, mais la vie n’était