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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/507

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HOMÉLIE XXX.==
ET COMME NOTRE CORPS N’ÉTANT QU’UN, EST COMPOSÉ DE PLUSIEURS MEMBRES, ET QUE BIEN QU’IL Y AIT PLUSIEURS MEMBRES, ILS NE SONT TOUS NÉANMOINS QU’UN MÊME CORPS, IL EN EST DE MÈME DU CHRIST. (CHAP. 12, VERS. 12, JUSQU’AU VERS. 20)

ANALYSE.

  • 1. Sur l’habitude de Paul d’employer des comparaisons. – Comparaison de l’Église et du corps humain. – Par qui et pourquoi avons-nous été baptisés Y par un même Esprit, pour ne faire qu’un même corps.
  • 2. Avantage inappréciable de la pluralité et de la diversité pour ne constituer qu’un seul et même corps. – Fuir toute indiscrète curiosité : Dieu a fait le corps de telle manière, l’Église, de telle manière, parce qu’il l’a voulu ainsi.
  • 3. L’égalité d’honneur de tous les membres résultant de ce qu’ils forment tous un seul et même corps, et le corps n’étant possible qu’à la condition de la diversité dans l’unité, il en résulte que l’égalité d’honneur de tous les membres provient de la différence même qui les distingue.
  • 4 et 5. Importance du moindre des membres, dans le corps humain, dans l’Église. – Appel à la concorde. – Importance des veuves dans l’Église et des mendiants. – Beau développement sur l’efficacité de l’aumône. – De la vraie pauvreté. – Contre les frayeurs qu’elle inspire.


1. Après les avoir consolés par la gratuité du don, par cette réflexion que tous les dons proviennent d’un seul et même Esprit, par cette réflexion que les dons ont été faits en vue de l’utilité, par cette réflexion que les moindres dons suffisent à manifester l’Esprit ; après avoir fermé la bouche aux contradicteurs, en disant qu’il faut céder à la souveraine puissance de d’Esprit, puisque, « c’est un seul et même Esprit », dit-il, « qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun ses dons, selon qu’il lui plaît », et voilà pourquoi il ne faut pas d’indiscrète curiosité ; après ces paroles, il les console encore par un exemple tiré de la vie commune, il prend à témoin la nature même, selon son habitude. Ainsi, lorsqu’il discourait sur la chevelure des hommes et celle des femmes, après certaines considérations, il en vient à cette raison : « La nature a même ne vous enseigne-t-elle pas qu’il serait honteux à un homme de laisser toujours croître ses cheveux, et qu’il est, au contraire, honorable à une femme de les laisser toujours croître ? » (1Cor. 11,14-15). Quand il parlait des viandes consacrées aux idoles, pour défendre d’y toucher, il ajoutait à des preuves inhérentes au sujet des réflexions empruntées du dehors ; il rappelait les combats olympiques : « Ne savez-vous pas que, quand on court dans la carrière, tous « courent, mais un seul remporte le prix ? » (Id. 9,24) Et il demande des preuves aux bergers, aux soldats, aux agriculteurs.
Il fait de même ici ; il emprunte à la vie commune un exemple puissant pour montrer que personne n’a moins reçu que les autres, vérité étonnante, difficile à prouver, bien faite cependant pour réconforter les âmes simples ; cet exemple il l’emprunte au corps humain. Rien de plus propre à consoler celui qui est faible et qui se croit moins bien gratifié, que d’apprendre qu’eu réalité il n’est pas moins bien partagé que les autres. Voilà ce que l’apôtre veut établir par ces paroles : « Comme notre corps n’étant qu’un, est composé de plusieurs membres ». L’apôtre fait preuve ici d’une intelligence parfaite ; il montre que le même corps est à la fois un et multiple, et il ajoute, en insistant sur ce qu’il se propose : « Et, bien qu’il y ait plusieurs membres, ils ne sont tous néanmoins qu’un même corps ». Il ne dit pas : Bien qu’il y ait plusieurs membres, ils appartiennent tous à un même corps ; mais il dit : Ils sont tous ce même corps ; ce