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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/508

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même corps et tous ces membres, c’est un seul et même tout. Eh bien donc, si tous ne font qu’un, si le corps unique et tous les membres ne sont qu’un seul et même tout, où est la différence, où est le plus, où est le moins ? « Ils ne sont tous », en effet, dit-il, « qu’un même corps ». Et non seulement ils ne sont qu’un même corps, mais, en serrant, la réalité de plus près, eu égard à ce corps, en tant qu’ils sont un corps, tous se trouvent ne faire qu’un. Et maintenant, eu égard aux parties, s’il y a différence, cette différence, dans toutes les parties, est semblable. En effet, il n’y a pas aine partie capable par elle-même de constituer le corps ; dans chacune des parties, égale défaillance, même insuffisance à former le corps, parce qu’il faut entre elles l’union. Ce n’est que quand beaucoup de parties ne forment qu’un seul tout, qu’il y a un seul et même corps. Voilà ce que l’apôtre insinuait par ces paroles : « Et, bien qu’il y ait plusieurs membres, ils ne sont tous néanmoins qu’un même corps ». Et il ne dit pas : Les plus grands et les moindres, il dit : « Rien qu’il y ait plusieurs membres ». La pluralité s’applique à tous les membres. Et comment peut-il se faire qu’ils ne soient qu’un ?. Vous n’avez qu’à négliger la différence pour considérer le corps. Ce qu’est l’œil, le pied l’est aussi, à savoir qu’ils sont également des membres, et qu’ils font le corps ; il n’y a en effet, ici, aucune différence, et vous ne sauriez dire que tel membre, par, lui-même, constitue le corps ; que tel autre n’en fait pas autant ; il y a à cet égard parité entre tous les membres, parce que tous ne font qu’un même corps.
Après cette démonstration tirée de la nature qui ne pouvait être contestée de personne, l’apôtre ajoute : « Il en est de même du « Christ ». Il aurait dû dire : Il en est de même de l’Église, car c’était la conséquence naturelle ; il ne le dit pas. Au lieu de l’Église, il met le Christ, afin d’élever son discours et de faire, sur l’auditeur, une plus profonde impression. Ce qu’il dit revient à ceci : Ainsi en est-il du corps du Christ qui est l’Église. En effet, de même que le corps et la tête ne font qu’un homme ; de même, et l’Église et le Christ, ne font qu’un. Voilà pourquoi il a mis le Christ au lieu de l’Église, appelant ainsi son corps. Donc, dit-il, de même que notre corps n’est qu’un corps, quoiqu’il soit composé de beaucoup de, membres, de même, dans l’Église, nous ne faisons qu’un, tous tant que nous sommes ; bien qu’elle se compose d’un grand nombre de membres, de ce grand nombre de membres ne résulte qu’un corps, Après avoir ainsi consolé, redressé celui qui se croyait moins bien partagé, il passe de cette preuve tirée d’un exemple familier à une considération spirituelle encore plus consolante, et qui démontre la parfaite égalité dans l’honneur. Quelle est cette considération ? « Car », dit-il, « nous avons tous été baptisés dans le même Esprit, pour n’être tous ensemble qu’un même corps, Juifs ou gentils, esclaves ou libres (13) ». Voici ce qu’il veut dire : Ce qui a fait de nous un seul corps, ce qui nous a régénérés, c’est un seul et même Esprit ; car tel de nous n’a pas été baptisé dans un Esprit ; tel autre, dans un autre Esprit ; non seulement ce qui nous a baptisés, est un, mais ce en quoi il nous a baptisés, c’est-à-dire, ce pourquoi il nous a baptisés, est un ; c’est, non pas pour qu’il y eût des corps différents, c’est, au contraire, pour que tous tant que nous sommes, nous plissions conserver, entre nous, la parfaite union d’un seul et même corps ; et voilà pourquoi nous avons été baptisés : c’est pour que nous soyons tous un seul et même corps, que nous avons été baptisés.
2. Ainsi ; et celui qui nous a, faits chrétiens est un, et ce en vue de quoi nous avons été faits chrétiens est un également ; et l’apôtre ne dit as : C’est afin que nous appartenions au même corps, mais : Afin que nous soyons un seul et même corps tous, car l’apôtre prend toujours les expressions les plus fortes ; et il fait bien de dire ; « Nous avons tous », en se comprenant lui-même. En effet, moi apôtre, je n’ai rien de plus que toi ; car tu es ce corps autant que moi ; moi, autant que toi ; nous avons tous précisément la même tête, et nous sommes nés du même enfantement. C’est pourquoi nous, sommes, le même corps. Et que dis-je ? dit l’apôtre, ne parlé-je que des Juifs ? Les, gentils, si éloignés de nous autrefois, il les fait rentrer dans ce même corps. Aussi, après avoir dit : Nous avons tous, il ne s’est pas arrêté là, il ajoute : «. Juifs ou gentils, esclaves ou libres, ». Si après avoir été tant éloignés, nous nous sommes unis, nous ne faisons plus qu’un ; à bien plus forte raison, maintenant que nous ne faisons plus qu’un, serions-nous coupables de nous, affliger et de