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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/514

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de plus terrible, de plus amer que la parole qu’entendront ceux qui partiront d’ici, sans les richesses de l’aumône, à qui l’époux dira « Je ne vous connais pas ». (Mt. 25,42) Loin de nous le malheur d’entendre une telle parole ! Puissions-nous bien plutôt entendre ces mots si doux et si désirables : « Venez avec moi, ô les bénis de mon Père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde ». (Id. 34) Car c’est ainsi que nous passerons une vie bienheureuse ; et que nous jouirons de tous les biens qui surpassent la pensée de l’homme. Puissions-nous tous les obtenir, par la grâce, et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père ; en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXXI.


OR, L’ŒIL NE PEUT PAS DIRE À LA MAIN : JE N’AI PAS BESOIN DE VOUS, NON PLUS, QUE LA TÊTE NE PEUT DIRE AUX PIEDS : JE N’AI PAS BESOIN DE VOUS. (CHAP. 12,21, JUSQU’AU VERSET 26)

ANALYSE.

  • 1. Contre l’orgueil dé ceux qui se croient les préférés de Dieu.
  • 2. Suite de la comparaison entre l’Église et le corps humain. – Les membres les plus faibles sont les plus-nécessaires.
  • 3. Discussion un peu subtile, souvent très ingénieuse sur l’égalité dans la diversité des membres, soit du corps, soit de l’Église.
  • 4. Du respect pour tous ; ce respect, les attentions, la prévoyance, tout de la part de tous doit être ; pour tous, égal. – Contre l’envie. – Différence de l’envie et de l’émulation. – Comparaison piquante. – Développement chaleureux, éloquent contre la bassesse funeste et exécrable de l’envie.


1. Il vient de corriger l’envie des inférieurs ; il vient de consoler le chagrin qu’inspirait naturellement la vue de ceux qui avaient reçu des dons plus glorieux. Maintenant il réprime l’orgueil de ceux qui ont été jugés dignes de faveurs plus hautes. C’est d’ailleurs ce qu’il avait déjà fait quand il discutait avec eux ; (en effet, leur dire qu’ils avaient reçu un don gratuit, qu’ils ne jouissaient pas du fruit de leurs bonnes œuvres, c’était exprimer la même pensée) ; mais maintenant cette pensée, il la reprend d’une manière plus vive, en conservant la même image. C’est toujours le corps et l’unité du corps, et la comparaison, de ses membres, qui lui inspirent les réflexions les plus agréables pour les fidèles. Ce fait que tous ne formaient qu’un seul corps, ne les consolait pas autant que cette vérité, que la diversité des fonctions ne constituait pas une grande infériorité, et il leur dit : « Or, l’œil ne peut pas dire à la main : je n’ai pas besoin de vous ; non plus que la tête ne peut dire aux pieds : je n’ai pas besoin de vous ». Car, si le don est moindre, il est nécessaire ; et, de môme que si le pied manquait dans le corps, il en résulterait une grande incommodité, de même, sans les membres inférieurs l’Église boîte, et n’a pas sa plénitude. Et l’apôtre ne dit pas : Or, l’œil ne dira pas, mais : « Ne peut dire ». Comprenez bien : Quand même il aurait voulu dire, quand même il dirait, ses paroles seraient sans valeur, non fondées en nature. Voilà pourquoi l’apôtre, prenant les deux extrêmes, leur prête la parole. D’abord il suppose la main et l’œil, ensuite la tête et le pied, pour développer son exemple. Quoi de