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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/517

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plus petits. Craignez die vous blesser, avant de les blesser eux-mêmes. Ceux-ci étant séparés de vous, c’en est fait de tout le corps ; car qu’est-ce que le corps, sinon un ensemble de membres, comme l’apôtre le dit lui-même : « Aussi, le corps n’est pas un seul membre, mais un ensemble de membres ». Donc, si c’est là ce qui constitue le corps, ayons grand soin que le plus grand nombre reste le plus grand nombre ; car autrement, nous recevons une blessure mortelle. Aussi l’apôtre ne se contente-t-il pas, d’exiger que nous ne nous séparions pas les uns des autres ; il veut de plus que nous demeurions étroitement unis. En effet après avoir dit : « Afin qu’il n’y ait point de schisme dans le corps », il ajoute : « Mais que tous les membres aient un égal souci les uns des autres », et il donne ainsi la seconde raison de la supériorité d’honneur accordée aux membres inférieurs. Car Dieu n’a pas voulu seulement qu’il n’y eût pas de séparation, mais de plus qu’il y eût l’abondance de la charité, et la plénitude de la concorde. Eu effet, si c’est un besoin pour chaque membre de veiller au salut du prochain, ne parlez ni du plus ni du moins, car il n’y a là ni plus ni moins. Tant que le corps subsiste, il peut y avoir une différence ; au contraire, que le corps périsse, il n’en est plus de même. Or, le corps périra si les parties moindres ne subsistent pas.
3. Si donc les membres supérieurs périssent lorsque les inférieurs en sont violemment séparés, ces membres supérieurs doivent avoir autant de souci des autres que d’eux-mêmes, puisque c’est de l’union avec les membres les plus modestes, que dépend le, salut des membres plus grands. Aussi vous aurez beau répéter à satiété, membre obscur, membre inférieur, si vous n’avez pas, pour cet inférieur, autant de souci que pour vous-même ; si vous le négligez comme moins important que vous, c’est vous qui souffrirez de cette négligence. Voilà pourquoi l’apôtre ne dit pas seulement : Que les membres aient souci les uns des autres ; il dit plus : « Que les membres aient un égal souci les uns des autres » ; c’est-à-dire, que l’attention, que, la prévoyance doit s’étendre sur le plus petit autant que sur le plus grand. Ne dites donc pas : un tel n’est que d’une condition vulgaire ; cet homme, que vous regardez comme le premier venu ; considérez que c’est un membre du corps, qui se compose de toutes ses parties ; tout aussi bien que l’œil, ce membre quel qu’il puisse être, contribue à faire que le corps soit le corps. En ce qui concerne la constitution du corps, nul ne possède plus que le prochain. Car ce qui constitue le corps, ce n’est pas que l’un soit plus grand, l’autre plus petit, mais qu’il y ait pluralité et diversité. De la même manière que vous, plus grand, vous aidez à former le corps ; de même cet autre y contribue aussi, en étant plus petit que vous. De telle sorte que la petitesse de celui-ci, en ce qui concerne la constitution du corps, est aussi précieuse que votre grandeur, pour cet harmonieux agencement ; il a la même efficacité que vous ; c’est ce que va rendre évident une supposition. Supprimons la différence du plus petit et du plus grand, parmi les membres ; qu’il n’y en ait plus, ni de plus honorables ni de moins honorables ; que tout soit œil, ou bien que tout soit tête, n’est-il pas vrai que le corps périra ? C’est de la dernière évidence. Faisons le contraire ; amoindrissons tous les membres ; même résultat ; de sorte que, par là encore, éclate l’égalité d’importance des inférieurs avec les supérieurs. Faut-il dire encore quelque chose de plus fort ? ce n’est que pour faire subsister le corps, que le moindre est le moindre ; si donc tel membre est moindre, ce n’est qu’à cause de vous, ce n’est qu’afin que vous soyez grand : Voilà pourquoi l’apôtre réclame de tous, une égalité d’attention mutuelle ; après avoir dit : « Que les membres aient un égal souci les uns des autres », il explique encore cette pensée, en disant : « Et si l’un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui ; ou si l’un des membres reçoit de l’honneur, tous les autres s’en réjouissent avec lui (26) ».
Si Dieu a voulu, dit l’apôtre, que l’attention réciproque des membres s’étendît sur tous, c’était pour assurer, au sein de la diversité même, l’unité, afin que tout ce qui arriverait fût ressenti dans une communion parfaite. Car, si l’attention pour le prochain est le salut de tous, il est nécessaire et que tous les sujets de gloire et toutes les causes d’afflictions soient ressenties en commun par tous. L’apôtre fait donc ici trois recommandations : pas de division, union parfaite ; égale réciprocité d’attention ; regarder toute chose qui survient, comme arrivant pour tous. Sans doute, il dit