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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/531

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LA CHARITÉ EST PATIENTE ; ELLE EST BIENFAISANTE ; ELLE N’EST POINT ENVIEUSE ; ELLE N’AGIT POINT À LA LÉGÈRE ; ELLE NE S’ENFLE POINT D’ORGUEIL. (CHAP. 13, JUSQU’Au VERS. 8)}}

ANALYSE.

  • 1-4. Explication littérale du fameux texte de saint Paul sur la charité.
  • 5-7. Des effets admirables de la charité. – Combien les saints de l’ancienne Loi, par exemple David et Jacob ; excellaient dans cette vertu.


1. Après avoir déclaré que la foi, la science, le don de prophétie, le don des langues, le don d’assistance, le don de guérison ne servent pas à grand-chose sans la charité, il nous la dépeint dans toute sa beauté et dans toute sa pureté. Il répand sur ce portrait les charmes, c’est-à-dire, les couleurs et les traits de la vertu ; il a soin d’établir entre toutes les parties de cette image une parfaite harmonie. Gardez-vous de n’accorder aux paroles de l’apôtre que peu d’attention, pesez-les au contraire avec soin, l’une après l’autre ; c’est le moyen d’apprécier ce trésor et l’habileté du peintre. Voyez par où il commence et quelle est la qualité qu’il regarde comme la source de tout bien. Cette qualité, c’est la patience. Voilà la base de toute philosophie ! C’est pourquoi un sage disait : « L’homme patient fait preuve d’une haute sagesse ; l’homme impatient n’est qu’un grand fou ». (Prov. 14,29) Et comparant la patience à une place forte, il déclare que la comparaison est tout à l’avantage de cette qualité. Cette qualité est une armure impénétrable, une tour à l’épreuve de tous les assauts. Comme l’étincelle qui tombe sur l’abîme et qui, sans endommager l’abîme, s’éteint d’elle-même, chaque trait imprévu qui tombe sur une âme patiente, s’émousse aussitôt, sans troubler le repos de cette âme. Quoi de plus fort que la patience ! Les armées, les richesses, la cavalerie, les remparts, les armures, tout est faible auprès de la patience. Avec tout cet appareil guerrier, un conquérant, vaincu souvent par sa fureur, se voit renversé comme un faible enfant, en semant – sur ses pas le trouble et la tempête. Mais l’homme patient est comme dans un port, où il goûte un calme profond. Le dommage que vous lui causerez ne pourra émouvoir ce roc ; vos outragés ne pourront ébranler cette tour ; vos coups s’amortiront sur ce métal indomptable. La patience s’appelle aussi longanimité, parce que l’homme patient a une âme d’une vaste étendue, c’est-à-dire une grande âme ; car « longueur et grandeur » sont des ternies synonymes. Mais cette qualité vient de la charité et rapporte de grands avantages à ceux qui la possèdent et qui en jouissent.
Ne me parlez pas ici de certaines âmes dont on peut désespérer, de ces hommes qui faisant le mal impunément, se plongent encore plus avant dans le mal. Cette corruption n’est pas l’effet de la patience du sage, mais de la perversité des méchants qui en abusent. Parlez-moi, non de ces hommes pervers, mais de ces âmes plus douces, à qui la patience du sage rapporte un grand profit : quand ces hommes font le mal et qu’on ne le leur rend pas, ils admirent la douceur de l’homme patient, ils y puisent un grand enseignement philosophique. Mais l’apôtre ne s’arrête pas là, et détaillant les autres perfections de 1a charité, il ajoute : « La charité est bienfaisante ». Il y a des hommes en effet pour lesquels la patience n’est pas, la