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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/539

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HOMÉLIE XXXIV.==
OU LES PROPHÉTIES SERONT RENDUES INUTILES, OU LES LANGUES CESSERONT, OU LA SCIENCE SERA ABOLIE. (CHAP. 13, VERS. 8)

ANALYSE.

  • 1. La charité supprime tous les maux.
  • 2. La connaissance que nous avons de Dieu en cette vie ne peut être qu’une connaissance imparfaite.
  • 3. Éloge de la charité.
  • 4-7. Avec quelle ardeur il faut embrasser la charité. – Combien Dieu a fait de choses pour unir les hommes entre eux. – Des mariages. – Pourquoi bien les a défendus entre parents. – Comparaison de deux villes, l’une toute de riches, l’autre toute de pauvres. – Du respect pour l’Écriture. – N’y rien ajouter, n’en rien retrancher. – D’où viennent les richesses et la pauvreté. – Dieu attend les mauvais riches à pénitence.


1. Après avoir montré l’excellence – de la charité, en ce que les grâces et les succès du monde ont besoin d’elle, après avoir énuméré toutes ses vertus, et montré qu’elle est le fondement de la philosophie parfaite, il montre dans un nouveau et troisième point quelle est sa valeur. Et il le fait pour persuader à ceux qui sont humbles qu’ils ont le principal des biens, et que s’ils ont la charité, ils ne possèdent pas moins et possèdent même plus que ceux qui sont combles de faveurs ; et aussi pour rabaisser ceux qui, combles de ces faveurs, en seraient enorgueillis, et pour leur montrer qu’ils n’ont rien s’ils n’ont la charité. Les hommes s’aimeront entre eux quand l’envie et l’orgueil seront supprimés parmi eux, et d’un autre côté, s’ils s’aiment les uns les autres, ils écarteront loin d’eux ces vices. Car « la charité n’est sujette ni à l’envie ni à l’orgueil ». Ainsi il a entouré les hommes comme d’un mur solide, et de cette concorde générale qui supprime tous les maux, et n’en devient que plus ferme, il leur a présenté toutes les raisons qui peuvent relever leur courage. C’est un même esprit qui donne, dit-il, et il donne en vue de l’utilité ; il distribue ses dons comme il lui plaît, et il les distribue à titre de faveurs et non de dettes. Quelqu’un eût-il reçu de moindres dons, il compte cependant parmi les élus, et jouira de grands honneurs ; celui qui en a reçu de plus grands, a besoin de celui qui en a moins, et c’est la charité qui est le premier des dons et la voie la meilleure.
C’est ainsi que parlait l’apôtre, unissant les hommes entre eux par un double lien ; par la croyance qu’ils ne sont pas moins bien partagés, quand ils ont la charité, et que, s’ils s’empressent vers elle et la possèdent, ils ne souffriront plus aucun des maux de l’humanité, soit parce qu’ils ont la source de tous les biens, soit parce que tout en n’ayant rien, ils ne sont plus sujets à aucune lutte : car celui qui a été captivé par la charité, est tout aussitôt exempt de luttes. Aussi montrant tous les biens que l’on recueille de la charité, il a décrit ses fruits, dont le seul éloge est capable de guérir les maux des hommes. En effet, chacune de ces paroles est un remède suffisant pour guérir leurs blessures. C’est pourquoi il disait : « Elle est patiente », contre ceux qui s’emportent aux disputés ; « elle est exempte d’envie », contre les hommes qui portent envie à ceux qui sont au-dessus d’eux ; « elle n’est pas arrogante », contre ceux qui ne veulent condescendre à rien ; « elle ne cherche point son intérêt », contre ceux qui méprisent l’intérêt des autres ; « elle ne s’excite point, elle ne médite point le mal », contre ceux qui se portent aux outrages ; « elle ne se plaît point