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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/560

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lui-même et à Dieu ». S’il ne peut, dit-il, se taire, et s’il a un tel désir des honneurs et de la vaine gloire, qu’il se parle à lui-même. Ainsi par cela même qu’il a permis, il a défendu, en inspirant la honte d’un pareil acte.
4. C’est ce qu’il a fait ailleurs aussi en parlant du commerce de l’homme avec sa femme, et en disant : « Je le dis à cause de votre incontinence ». (1Cor. 7) Mais quand il parlait de la prophétie, il ne disait pas ainsi : et comment disait-il ? il ordonne, il impose une loi. « Que deux ou trois prophètes parlent ». Et ici il ne demande point d’interprète, et il ne ferme point la bouche à celui qui prophétise, comme en cet autre endroit où il dit : « S’il n’y a point d’interprète, qu’il se taise ». Car parler les langues ne suffit point. C’est pourquoi si quelqu’un a l’un et l’autre don, qu’il parle ; s’il ne les a point et veut parler, qu’il le fasse avec un interprète. Le prophète est l’interprète, mais l’interprète de Dieu, et vous, celui de l’homme. « S’il n’y a point d’interprète, qu’il se taise ». Il faut que rien ne se fasse inutilement, rien pour l’ambition et l’amour des honneurs.
« Qu’il se parle a lui-même et à Dieu », c’est-à-dire, dans son esprit et sans bruit, s’il le veut absolument. Ce n’est point là un ordre formel, c’est le fait d’un homme qui tâche d’inspirer la fonte par ce qu’il permet, comme quand il dit « Si quelqu’un a faim, qu’il mange chez lui ». (1Cor. 2,34) Tout en lui permettant quelque chose, il ne l’en reprend que plus vivement. Vous n’êtes pas réunis, dit-il, pour montrer que vous avez des dons, mais pour édifier ceux qui vous écoutent ; c’est ce qu’il a dit au commencement : « Que tout se fasse pour l’édification. Que deux ou trois prophètes parlent et que les autres décident (29) ». Il n’en demande pas un grand nombre comme pour les langues. Et pourquoi cela, direz-vous ; il montre que la prophétie ne suffit point, puisqu’il confie la décision à d’autres. Au contraire, elle est tout à fait suffisante, et en effet il ne ferme pas la bouche à celui qui prophétise comme à celui qui parle les langues ; il ne lui impose pas silence, s’il ne se trouvé point là d’interprète ; et s’il, a dit de l’autre : « S’il n’y a point d’interprète, qu’il se taise », il ne dit point de celui-ci : S’il n’est personne qui comprenne, qu’il ne prophétise point ; il a seulement prémuni l’auditeur. Il les a avertis de se mettre sur leurs gardes, et de ne pas permettre que les devins et les charlatans se présentent au milieu d’eux.
Dès le commencement il les a mis en garde contre cela, quand il a donné la différence de la divination et de la prophétie. Et maintenant il les engage à user de discernement, et à prendre garde que quelque chose de diabolique ne s’introduise parmi eux. « Si un des assistants a une révélation, que le premier se taise. Vous pouvez tous prophétiser les uns après les autres, afin que tous apprennent et que tous soient exhortés (30, 31) ». Que signifient ces paroles ? Si pendant que vous parlez, dit saint Paul, et que vous prophétisez, un autre est touché de l’Esprit-Saint, cessez de parler. Ce qu’il a exigé pour les langues, il l’exige ici, que cela se fasse isolément, mais d’une façon plus divine : il n’a pas dit : isolément, mais « si un autre a une révélation », qu’est-il besoin, quand l’autre est saisi d’un mouvement prophétique, que le premier continue à parler ?
Car, tandis qu’il parlait, l’Esprit-Saint a touché l’autre, afin qu’il dit aussi quelque chose à dire. Puis, pour consoler celui à qui il ferme la bouche, il dit : « Vous pouvez tous prophétiser les uns après les autres, afin que tous apprennent et soient consolés ». Voyez comment il met encore en avant le motif qui le guide en tout ? S’il défend absolument à celui qui parle les langues de parler, quand il n’y a point d’interprète, c’est à cause qu’il est inutile ; ainsi fait-il à l’égard de la prophétie, quand elle est inutile, et ne pourrait apporter que la confusion, le trouble et un tumulte inopportun ; alors il la fait taire. « Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (32) ». Voyez avec quelle force il prend ses auditeurs par la honte ? pour que l’homme ne lui résiste point et ne soulève point de sédition, il montre que le don lui-même est inférieur, car ce qu’il appelle ici l’Esprit est l’inspiration. Or, si l’inspiration a ses degrés, il ne serait pas juste que celui qui en est possédé luttât contre une inspiration supérieure. Puis il montre qu’un pareil arrangement est agréable à Dieu par ces mots qu’il ajoute « C’est que notre Dieu n’est pas un Dieu de discorde, mais un Dieu de paix, comme je l’enseigne dans toutes nos saintes assemblées (33) ». Voyez-vous de combien de manières il s’y prend pour imposer silence à la vanité et pour consoler celui qui cède la parole à l’autre ? Voici son premier et son principal motif de consolation ; vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre. Son second