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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/563

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m’apportez des excuses et de vains prétextes. Vous ne savez ce qui se dit ? Priez donc Dieu de vous l’apprendre. Mais il ne peut se faire que vous ignoriez tout ; beaucoup de parties sont claires et lucides, et, lors même que vous ne comprendriez rien, il faudrait encore vous tenir tranquille, afin de ne point chasser ceux qui sont attentifs, et alors comme votre silence et votre réserve seraient agréables à Dieu, il rendrait clair ce qui est obscur pour vous. Mais vous ne pouvez vous taire ? Sortez donc, afin de ne ; point apporter de dommage aux autres. Car il faut que dans l’église il n’y ait qu’une seule voix, comme s’il n’y avait qu’une seule personne. C’est pour cela que celui qui lit parle seul, que celui qui préside l’assemblée demeure assis en silence, que celui qui chante, chante seul, et quand les autres lui répondent, c’est comme une seule voix qui sort d’une seule bouche ; et celui qui parle au peuple parle seul. Mais lorsqu’un grand nombre de docteurs discutent sur des choses diverses, pourquoi nous nous imposerions-nous un jeu inutile ? En effet, si vous n’aviez point la légèreté de croire que nous vous imposons une gêne inutile, quand nous parlons de choses si importantes, vous ne parleriez point de ce qui n’y a aucun rapport. Ainsi, ce n’est pas seulement dans votre conduite, c’est encore dans votre appréciation des choses qu’il y a de la perversité ; vous convoitez ce qui est superflu, et, négligeant la vérité, vous poursuivez des ombres et des rêves.
Tous les biens présents, ne sont-ce pas de l’ombre et des rêves, et quelque chose de plus vain que l’ombre ? Avant qu’ils apparaissent, ils se dissipent, et, avant de s’envoler, ils nous laissent un trouble bien plus grand que le plaisir qu’ils ont pu nous procurer. Celui qui a enfoui des richesses incalculables, est pauvre quand la nuit est passée, et avec raison. Ceux qui sont riches en rêve, une fois qu’ils sont sortis du lit, n’ont rien de ce qu’ils ont cru voir pendant leur sommeil : il en est de même des avares et de ceux qui sont tourmentés du désir de toujours posséder davantage, que dis-je ? leur état est pire encore. Celui qui est riche en rêve, n’a point les richesses qu’il a cru voir en songe, et se lève sans avoir reçu de son rêve aucun mal ; mais l’avare est à la fois privé des richesses, et rempli de tous les péchés qui naissent des richesses ; les plaisirs qui viennent des richesses, il n’en jouit que dans une espèce de fantôme, mais les maux qui en viennent ne sont pas un fantôme, mais la vérité même ; le plaisir n’a existé qu’en rêve, le supplice qui suit le plaisir n’existe pas seulement en rêve, il est réel ; et, même avant ce supplice, l’avare est puni des plus forts châtiments ; en amassant les richesses, il est en proie aux soucis innombrables, aux inquiétudes, aux accusations, aux calomnies, aux tumultes et aux désordres. Pour être donc délivrés des rêves et des maux qui ne sont pas des rêves, au lieu de l’avarice et du désir d’amasser adoptons les aumônes, et au lieu des rapines, la bienveillance. C’est ainsi que nous obtiendrons les biens présents et futurs par la grâce et la faveur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, appartiennent la gloire, la puissance, l’honneur, aujourd’hui et toujours, et jusque dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. ==