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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/573

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sépulture, la résurrection, telle qu’on vous l’a enseignée ? « Qu’il s’est fait voir à Céphas (5) ». L’apôtre nomme tout de suite celui qui est de tous le plus digne de foi. « Puis aux douze apôtres. Qu’après il a été vu en une seule fois de plus de cinq cents frères, dont il y en a plusieurs qui vivent encore aujourd’hui, et quelques-uns sont endormis ; qu’ensuite il s’est fait voir à Jacques puis à tous les apôtres ; et qu’enfin, après tous les autres, il s’est fait voir à moi-même, qui ne suis qu’un avorton (6, 7, 8) ». Après la démonstration qui se fait par le moyen des Écritures, il ajoute la démonstration par les faits, il cite comme témoins de la résurrection, après les prophètes, les apôtres et les autres fidèles. S’il eût pensé que cette résurrection ne fut que l’affranchissement du péché, il eût été inutile de dire que Jésus-Christ fût vu de celui-ci, de celui-là. Les yeux n’ont pu voir que le corps ressuscité, et non l’affranchissement du péché.
4. Voilà pourquoi l’apôtre ne s’est pas contenté de dire une fois seulement : « Il a été vu », quoiqu’il eût pu se borner à le dire une fois pour toutes ; mais ici Il répète deux et trois fois cette expression, autant de fois presque qu’il y a eu d’apparitions différentes. « Qu’il s’est fait voir », dit-il, « à Céphas ; il a été vu en une seule fais de plus de cinq cents frères ; il s’est fait voir à moi-même ». Cependant l’Évangile dit, au contraire, qu’il s’est fait voir d’abord à Marie. C’est qu’il n’est question ici que des hommes, et Jésus-Christ s’est montré d’abord à celui qui désirait le plus de le voir. Mais quels sont ces douze apôtres dont il parle ? Car ce ne fut qu’après l’ascension que Matthias fut mis au rang des apôtres, ce ne fut pas aussitôt après la résurrection. Mais il est vraisemblable que le Seigneur se fit voir même après l’ascension. Donc Matthias fut nommé apôtre après l’ascension, et vit Jésus, ressuscité. Voilà pourquoi Paul ne distingue pas les temps, et se borne à énumérer indistinctement les apparitions il est vraisemblable qu’il y en eut un grand nombre Voilà pourquoi Jean disait : Ce fut la troisième fois qu’il se manifesta. Qu’après il a été vu[1]. Έπάνω πενταχοσίοις άδελφοίς. Quelques interprètes expliquent cet Έπάνω, comme il suit : Jésus-Christ s’est fait voir, aux cinq cents frères, du haut des cieux, non plus marchant sur la terre, mais d’en haut, sur leurs têtes, c’est ainsi qu’on l’a vu. En effet, le Christ ne voulait pas faire croire à sa résurrection seulement mais aussi à son ascension. D’autres interprètes expliquent le même mot par « à plus » de cinq cents frères. « Dont il y en a plusieurs qui vivent encore aujourd’hui ». Quoique je vous raconte, dit-il, des faits anciens, j’ai pourtant des témoins encore vivants. « Et quelques-uns sont endormis ». Il ne dit pas : Sont morts, mais : « Sont endormis » ; expression choisie pour confirmer la résurrection. « Qu’en« suite il s’est fait voir à Jacques », c’est-à-dire, je crois, à son propre cousin germain : c’est Jésus-Christ lui-même qu’on rapporte lui avoir imposé les mains, l’avoir ordonné, avoir fait de lui – le premier évêque de Jérusalem. « Ensuite à tous les apôtres ». Car ; outre les douze, il y en avait d’autres ; les apôtres étaient environ au nombre de soixante-dix. « Et qu’enfin, après tous les autres, il s’est fait voir à moi-même, qui ne suis qu’un avorton ». Parole pleine de modestie. Ce n’est pas parce que Paul était le moindre de tous, que le Sauveur ne se fit voir à lui qu’en dernier lieu. Bien qu’il ait été appelé le dernier, on l’a vu bien plus éclatant de gloire que le grand nombre de ceux qui l’ont précédé, ce n’est pas assez dire, plus illustre qu’eux tous. Les cinq cents frères n’étaient pas meilleurs que Jacques bien qu’ils aient vu le Christ avant lui.
Et pourquoi ne s’est-il pas fait voir à tous en même temps ? Il voulait jeter d’avance les semences de la foi. Celui qui vit Jésus le premier, et qui fut bien certain de l’avoir vu, en porta la nouvelle aux autres : à ce récit, les auditeurs étaient dans une grande attente du miracle, et la foi se préparait avant la réalité de l’apparition. Voilà pourquoi le Sauveur ne se montra pas à tous en même temps, ni d’abord au grand nombre, mais pour commencer, à un seul, à celui qui était le chef de tous, et le plus fidèle. Car il fallait que ce fût l’âme la plus fidèle qui reçût la première cette vision, c’était tout à fait nécessaire. Ceux qui l’apercevaient après d’autres, et à qui d’autres l’avaient annoncée, ceux-là, préparés par le témoignage des autres, y trouvaient un grand secours pour leur foi, leur âme était prévenue, disposée : quant au premier jugé digne de recevoir cette vision, il avait grand besoin, je

  1. La phrase grecque présente, à cause de cet  Έπάνω, un double sens que la traduction ne peut rendre.