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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/572

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la mort corporelle, en montrant qu’avant la mort il était sans péché, (car mourir pour les péchés des autres entraîne nécessairement cette conséquence que l’on est sans péché) l’apôtre n’est pas encore content, il ajoute : « Selon les Écritures » ; nouvelle preuve à l’appui de son discours, et qui marque de quelle mort il entend parler. Car les Écritures parlent partout de la mort du corps : « Ils ont percé mes mains et mes pieds » (Ps. 21,17) ; et : « Ils verront celui qu’ils ont percé ». (Jn. 19,37)
3. On peut voir un grand nombre d’autres passages, pour ne pas les énumérer tous un à un, exprimant soit par des paroles, soit par des figures, et que c’est la chair quia été meurtrie, et que le Christ est mort pour nos péchés. « C’est pour les péchés de mon peuple », dit le prophète, « qu’il est mort », et « le Seigneur l’a livré pour nos péchés », et « il a été percé de plaies pour nos péchés ». (Is. 53,8, 6, 5) Si vous ne voulez pas de l’Ancien Testament, entendez la voix de Jean qui vous crie, qui vous montre les deux choses à la fois, et le corps meurtri, et la cause de la mort. « Voici », dit-il, « l’agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » (Jean 1,29) ; et Paul disant « Celui qui ne connaissait pas le péché, il l’a rendu pour nous le péché, afin que nous devenions la justice de Dieu en lui » (2Cor. 5,21) ; et encore : « Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, s’étant rendu pour nous malédiction » (Gal. 3,13) ; et encore : « Et avant désarmé les principautés et les puissances, il les a menées en triomphe » (Col. 2,15) et combien d’autres, passages, qui montrent et que c’est le corps qui à été meurtri, et qu’il l’a été pour nos péchés : C’est le Seigneur lui-même qui dit : « Je me sanctifie moi-même pour vous » (Jn. 17,19) ; et : « Le prince de ce monde est déjà condamné » (Id. 16,11), pour montrer que le Christ a été mis à, mort, quoique sans – péché. « Qu’il a été enseveli. (4) ». Nouvelle preuve à l’appui de ce qui précède ; car ce qu’on ensevelit, est nécessairement un corps. Ici, l’apôtre n’ajoute plus : Selon les Écritures ; il pouvait le faire assurément, mais il ne le fait pas. Pourquoi ? ou bien par la raison que le sépulcre de Jésus-Christ était alors, comme aujourd’hui, un monument public, manifeste, ou bien parce que l’observation : « Selon les Écritures » s’applique à tout.
Pourquoi donc ajoute-t-il en cet endroit « Selon les Écritures ? et qu’il est ressuscité, le troisième jour, selon les Écritures ? » pourquoi ne se contente-t-il pas de l’observation une fois pour toutes ? C’est parce que la résurrection, au troisième jour, était un fait incertain pour le grand nombre. Voilà pourquoi, ici encore, l’apôtre cite les Écritures, et en cela il est inspiré de la sagesse divine. Pourquoi en ce qui concerne la mort, ne les mentionne-t-il pas ? C’est que le crucifiement état, pour tous ; un fait avéré ; la croix, tous l’avaient vue, tous ne voyaient pas de même là cause de la mise en croix. Que le Christ fût mort, tous le savaient, mais qu’il eût souffert pour les péchés de tous, c’est ce que la multitude ne savait pas également bien. Voilà pourquoi l’apôtre cite le témoignage des Écritures : Mais c’est ce que nous avons déjà suffisamment démontré. Or ; dans quels passages les Écritures ont-elles annoncé la sépulture et la résurrection au troisième jour ? par la figure de Jonas que le Christ lui-même rappelle en disant. « Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre ». (Mt. 12,40) Par le buisson ardent du désert (Ex. 3) : de même que ce buisson brûlait sans se consumer, de même le corps du Sauveur subit la mort, mais ne fut pas retenu par la mort. Autre image encore : le dragon de Daniel (Dan. 14) : de même que ce dragon, après avoir pris la nourriture que lui donna le prophète, éclata : par le milieu du corps ; ainsi l’enfer, après avoir dévoré le corps, divin, fut déchiré ; ce corps lui brisa le ventre, et ressuscita.
Si maintenant vous tenez à entendre des paroles expresses après des figures, écoutez Isaïe : « Sa vie est arrachée à la terre, et le Seigneur veut le purifier de la plaie, pour lui montrer la lumière », (Is. 53,8, 10). Et David, avant Isaïe : « Vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et ne souffrirez point, que votre saint éprouve la corruption ». (Ps. 15,10). Et si Paul, à son tour, vous renvoie aux Écritures, c’est pour vous faire savoir, que ces choses n’ont pas été faites au hasard ; et sans dessein. Pourrait-on le penser, après tant d’images des prophètes qui proclament que l’Écriture n’entend nulle part la mort du péché, quand elle parle de la mort du Seigneur, mais qu’elle annonce la mort du corps, la