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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/580

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mais que, si ces autres morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus ne – soit pas ressuscité, où est la raison ? Cette raison ne paraissant pas assez manifeste, voyez la manière dont l’Apôtre s’y prend pour la rendre manifeste ; il commence par jeter la semence d’en haut, il la prend dans la cause même de la prédication ; ainsi il dit que celui qui est mort pour nos péchés, est ressuscité, et qu’il est les prémices de ceux qui se sont endormis. Ces prémices, de qui sont-elles les prémices, sinon de ceux qui ressuscitent ? Or,-comment peuvent-elles être des prémices sans la résurrection de ceux pour qui elles sont des prémices ? comment donc peut-il se faire qu’ils ne ressuscitent pas ? et maintenant, s’ils ne ressuscitent pas, pourquoi le Christ est-il ressuscité ? pourquoi est-il venu ? pourquoi a-t-il revêtu la chair, s’il ne devait pas ressusciter la chair ? car ce n’est pas pour lui qu’il avait besoin de ressusciter, ce n’est que pour nous. Toutefois il ne présente ces réflexions que successivement, à mesure que le raisonnement se développe ; en attendant, il dit : « Si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ n’est donc point ressuscité », car il y a là connexité ; si Jésus-Christ n’avait pas dû ressusciter, il n’aurait pas fait ce qu’il a fait. Voyez-vous comme le dogme de l’incarnation arrive peu à peu à être détruit par ces paroles téméraires qui refusent de croire à la résurrection ? Toutefois, quant à présent, l’apôtre ne dit rien de l’incarnation ; il ne parle que de la résurrection. Ce n’est pas en effet l’incarnation du Christ, mais sa mort qui détruit la mort car, tant que le Christ fut revêtu de sa chair, la mort posséda son pouvoir tyrannique. « Et si Jésus-Christ n’est point ressuscité, notre prédication est vaine, et votre foi est vaine aussi (14) ». Il était conséquent de dire : Si le Christ n’est pas ressuscité, vous combattez l’évidence, tant de prophéties, la réalité des événements ; il leur dit ce qui est beaucoup plus terrible : « Notre prédication est vaine, et votre foi est vaine aussi ». C’est qu’il veut donner à leurs esprits une forte secousse. Nous perdons tout, s’écrie-t-il, c’en est fait de tout, si le Christ n’est pas ressuscité. Comprenez-vous toute la grandeur du mystère : Si Jésus-Christ mort n’a pu ressusciter, le péché n’a pas été aboli, la mort n’a pas été détruite, la malédiction n’a pas été enlevée, et non seulement nous n’avons prêché que des vanités, mais votre foi, à vous aussi, n’est que vanité. Et non seulement il montre par là l’absurdité de ces doctrines coupables, mais il ajoute à la puissance de ses armes, en disant : « Nous sommes même convaincus d’être de faux témoins à l’égard de Dieu, comme ayant rendu ce témoignage contre Dieu même, qu’il a ressuscité Jésus-Christ, tandis que néanmoins il ne l’a pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent pas (15) ».
Et maintenant si cela est absurde, (car c’est accuser Dieu et le calomnier), si Dieu n’a pas ressuscité le Christ, comme vous le dites, il s’ensuit encore d’autres absurdités. Ces absurdités, il les prouve, il les montre, il dit : « Car si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ, non plus, n’est pas ressuscité (16) ». Car s’il n’avait pas du les ressusciter, il ne serait pas venu. Mais il ne parle pas de l’avènement du Christ, il lie parle que du but final de cet avènement, de la résurrection, et, par cette résurrection, il entraîne tout. « Si Jésus-Christ n’est pas ressuscité, votre foi est donc, vaine. « (17) ». C’est à ce qui est manifeste, incontesté, qu’il rattache, qu’il joint la résurrection du Christ, c’est par ce qui est plus fort : qu’il fortifie ce qui semble faible, qu’il donne l’évidence à ce qui est contesté. « Vous êtes encore dans vos péchés ». En effet, s’il n’est point ressuscité, il n’est pas mort ; s’il n’est pas « mort, – il n’a pas détruit le péché ; car sa mort, c’est la destruction du péché. Car, dit l’Évangéliste : « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde ». (Jn. 1,29) Or ; comment les ôte-t-il ? par sa mort. Et de – plus, s’il l’appelle un agneau, c’est qu’il devait être tué. Or s’il n’est pas ressuscité, il n’à pas été tué ; s’il n’a pas été tué, le péché n’a pas été aboli ; si le péché n’a pas été aboli, vous y êtes encore ; si vous y êtes encore, c’est en vain que nous avons prêché ; si c’est en vain que nous avons prêché, c’est en vain que vous avez cru. D’ailleurs, la mort subsiste immortelle, s’il n’est pas ressuscité. Car si lui-même a été retenu par la mort, s’il n’a pas rompu les liens qui le retenaient dans ses flancs, comment a-t-il pu délivrer tous les autres, ne se délivrant pas lui-même ? Voilà pourquoi l’apôtre, ajoute : « Ceux qui se sont endormis dans le Christ, ont donc péri ? « (18) ».
Et à quoi bon, dit-il, parler de vous seulement, si tous ceux-là ont péri, qui ont achevé