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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/581

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leur course, et qui ne sont plus soumis à l’incertitude de l’avenir ? Quant à ces mots, « dans le Christ », ils s’appliquent soit à ceux qui se sont endormis dans la foi, ou qui sont morts pour le Christ, qui ont affronté tant de dangers, qui ont supporté tant d’épreuves pénibles, qui ont marché dans la voie étroite. Où sont-ils maintenant ces manichéens à la bouche criminelle, qui prétendent que l’apôtre entend la, résurrection qui s’accomplit sur la terre, à savoir, l’affranchissement du péché ? Ses raisonnements accumulés et continuels à conséquences réciproques ne prouvent rien de ce que ces hérétiques prétendent, mais uniquement ce que nous soutenons. Résurrection veut dire que ce qui est tombé se relève. Voilà pourquoi l’apôtre ne se lasse pas de répéter, non seulement que le Christ est ressuscité, mais, « ressuscité d’entre les morts ». Et d’ailleurs les Corinthiens ne contestaient pas la rémission des péchés, mais la résurrection des corps. Mais de ce que les hommes ne sont pas impeccables, la logique nous oblige-t-elle à conclure que le Christ lui-même – ne fut pas impeccable non plus ? S’il ne devait pas ressusciter les morts, il était conséquent de dire : Pourquoi est-il venu, pourquoi s’est-il incarné, pourquoi est-il ressuscité ? Cette dernière conclusion est légitime, mais non la précédente. En effet, soit que l’homme pèche, soit qu’il ne pèche pas ; Dieu possède toujours en propre l’impeccabilité, et il n’y a pas entre notre condition de pécheurs et l’impeccabilité divine la même connexité, la même réciprocité que pour la résurrection des corps. « Si nous n’avions d’espérance en Jésus-Christ que pour cette vie, nous serions les plus misérables de tous les hommes (19) ».
3. Que dites-vous ; ô Paul ? Comment est-il vrai que nous n’ayons plus d’espérance que pour cette vie, sans la résurrection des corps, puisque l’âme demeure immortelle ? C’est que, quelle que soit la persistance de l’âme immortelle, eût-elle mille fois l’immortalité, comme elle la possède en fait, sans la chair elle : ne recevra – pas ces biens ineffables, de même qu’elle ne subira pas les châtiments. « Car toutes choses seront manifestées devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qui est dû aux bonnes ou aux mauvaises actions qu’il aura faites pendant qu’il aura été revêtu de son corps. » (2Cor. 5,10). Voilà pourquoi l’apôtre dit : « Si nous n’avions d’espérance en Jésus-Christ que pour cette vie, nous serions les plus misérables de tous les hommes ». En effet, si le corps ne ressuscite pas, l’âme demeure sans couronne, en dehors de la félicité des cieux ; s’il en est ainsi, alors nous n’obtiendrons absolument rien ; si nous ne devons rien obtenir alors, C’est dans la vie présente qu’ont lieu les rémunérations. Qu’y aurait-il donc, dit-il, de plus infortuné que nous ? Or, par de tels discours, l’apôtre voulait à la foi ; raffermir la doctrine de la résurrection des corps et persuader l’immortalité de l’âme, afin qu’on n’allât pas s’imaginer que tout est détruit, que tout cesse dans le moment présent. Après avoir, par ce qui précède, suffisamment raffermi ce qu’il voulait consolider, après avoir dit : « Si les morts ne ressuscitent point, Jésus-Christ, non plus, n’est pas ressuscité ; or, si Jésus-Christ n’est pas ressuscité », nous sommes perdus, et encore, nous sommes encore dans les péchés, il introduit de plus la pensée qui suit, afin de secouer fortement les âmes. Car lorsque l’apôtre se prépare à énoncer un des dogmes qui sont nécessaires, c’est par la terreur qu’il commence à attaquer les cœurs durs, c’est la pratique qu’il suit, en ce moment, après avoir jeté la confusion, inspiré des inquiétudes, montré que tout serait perdu, il reprend le même sujet sur un autre ton, et, pour produire, la consternation, « nous serions », dit-il, « les plus misérables de tous les hommes », si, après tant de guerres et de morts, et de maux innombrables, nous devions être privés de tant de biens, si tout se réduisait pour nous à la vie présente : car tout dépend de la résurrection. Aussi est-ce là une nouvelle preuve qu’il ne parlait pas de péchés, niais de la résurrection des corps, et de la vie présente, et de la vie à venir.
« Mais maintenant Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts, et il est devenu les prémices de ceux qui dorment (20) ». Après avoir montré tous les maux qui résultent de ce que l’on ne croit pas à la résurrection, il reprend de nouveau ce qui a été dit, et il fait entendre ces paroles : « Mais maintenant Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts » ; il ajoute tout de suite, « d’entre les morts », pour fermer la bouche aux hérétiques. « Les prémices de ceux qui donnent ». S’il est les prémices, nécessairement ceux-là aussi doivent ressusciter. S’il entendait par résurrection l’affranchissement