Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/586

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ressort de la création ; il est le roi des fidèles, de ceux qui se soumettent volontairement à lui, cette royauté ressort de l’union intime et familière. Cette royauté aussi a son empire que reconnaît l’Écriture, car c’est d’elle qu’il est dit dans le second des psaumes « Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage » (Ps. 2,8) ; c’est d’elle encore que parle Jésus, disant à ses disciples : « Toute puissance m’a été donnée par mon Père ». (Mt. 28,18) S’il attribue tout à celui qui l’a engendré, ce n’est pas qu’il soit de lui-même insuffisant, mais il veut montrer qu’il est le Fils, qu’il n’est pas non engendré. Donc cette expression qu’il remet son royaume, signifie qu’il accomplit ce qu’il faut.
Mais pourquoi l’apôtre ne dit-il rien du Saint-Esprit ? C’est parce que le sujet présent ne comportait pas une mention du Saint-Esprit, et que l’apôtre n’a pas l’habitude de confondre les questions : Ainsi quand il dit : « Il n’y à qu’un seul Dieu le Père, et qu’un seul Seigneur Jésus » (1Cor. 8,6), s’il garde le silence sur le Saint-Esprit, ce n’est pas du tout qu’il le croie d’un rang inférieur, mais c’est qu’il n’avait pas sujet d’en parler. Il lui arrive de ne faire mention que du Père, et nous n’irons pas pour Gela rejeter le Fils ; il lui arrive de ne nommer que le Fils et le Saint-Esprit, et nous n’irons pas pour cela dépouiller le Père de sa divinité : Mais maintenant ; que signifie : « Afin que Dieu soit tout en tous ? » Afin que tout dépende de lui. Il ne faut pas s’imaginer qu’il y a deux principes sans principe, qu’il y a division dans la royauté ; car lorsque les ennemis du Fils seront abattus sous ses pieds, comme il ne peut y avoir aucun soulèvement du Fils contre celui qui l’a engendré, comme la perfection de la concorde règne entre eux, alors Dieu sera tout en tous. Maintenant quelques personnes veulent que. Paul ait entendu par là que le vice sera aboli, vu que tous désormais céderont à la volonté de Dieu, sans qu’aucun lui résiste, et commette de mauvaises actions. Et en effet ; il n’y aura plus de péché, d’où il suit évidemment que Dieu sera tout en tous. Mais s’il n’y a pas de résurrection des corps, comment comprendre cette vérité ? Voici que l’ennemi le plus acharné de tout ce qui a vie, la mort, subsisté, ayant mené son œuvre à la fin qu’elle a voulu. – Non pas, réplique-t-on, car il n’y aura plus de pécheurs. – Et qu’importe ? Il n’est pas ici question de la mort de l’âme, mais de celle du corps. Comment donc la mort corporelle est-elle détruite ? Ce qui constitue la victoire, c’est le recouvrement de ce qu’on avait perdu, de ce qu’on s’est vu retenir. Si les corps sont retenus dans la terre, la tyrannie de la mort persiste, puisqu’elle retient ces corps, et que nous n’avons pas d’autres corps où nous puissions la vaincre. Mais s’il arrive ce que dit Paul, et ce, qui certes doit arriver, la victoire sera éclatante pour le Dieu capable de ressusciter ce que la mort retenait, à savoir nos corps. Vaincre l’ennemi, cela veut dire qu’on le dépouille, et non pas qu’on lui laisse tout ce qu’il a pris ; si au contraire personne n’ose dépouiller l’ennemi, comment dire que l’ennemi est vaincu ?
7. C’est une victoire de ce genre que le Christ dit lui-même dans l’Évangile qu’il a remportée : « Quand il aura lié le fort, il pillera sa maison ». (Mt. 12,29) Autrement, rien ne montre la victoire. Car, de même que pour l’amour de l’âme, l’affranchissement du péché, par le fait de la mort, ne constitue pas une victoire, car la victoire ne consiste pas à ne rien ajouter à ses maux, mais à briser les fers où les passions retiennent l’âme captive, de même, ici, arrêter la mort faisant des corps sa pâture, ce n’est pas remporter une éclatante victoire ; la victoire, c’est de lui arracher les corps dont elle s’est déjà saisie. Si l’on s’obstine à disputer, à soutenir que les paroles de l’apôtre désignent la mort de l’âme, comment sera-t-il vrai de dire qu’elle est la dernière détruite, puisque, dans chaque baptisé, elle est déjà entièrement détruite ? Si au contraire, vous appliquez ces paroles au corps, elles ont un sens, alors on comprend que la mort est la dernière détruite. Maintenant, si l’on demande pourquoi, traitant de la résurrection, il n’a pas parlé des morts ressuscités au, temps du Seigneur, nous disons que ce n’eût pas été à propos dans un discours sur la résurrection. Montrer des ressuscités qui meurent une seconde fois, ce n’était pas démontrer que la mort finit elle-même par être détruite. S’il dit qu’elle est elle-même détruite la dernière, c’est pour qu’on n’aille pas s’imaginer qu’elle aussi ressuscite. En effet, le vice étant supprimé, à bien plus forte raison la mort cessera. Il ne serait pas raisonnable de croire que la source