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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/599

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avec éloquence :« Ne voyez-vous pas que ce que vous serrez », vous qui êtes mortel et périssable. Et remarquez l’appropriation de ses expressions au sujet qu’il traite. « Ne reprend point vie », dit-il, « s’il ne meurt auparavant ». L’apôtre abandonne les expressions qui ont trait aux semences, germe, pousse, se gâte, se décompose, il emploie des termes en rapport avec notre chair, ainsi ; « reprend vie », ainsi « meurt » ; manières de parler qui ne s’appliquent pas proprement aux semences, mais aux corps. Et il ne dit pas, meurt et vit ensuite, mais, ce qui est plus expressif, ne vit qu’à la condition de mourir. Vous voyez si j’ai raison de vous répéter qu’il prend toujours l’inverse du raisonnement de ses contradicteurs. Ce qu’ils regardaient comme une réfutation de la résurrection, il le prend pour démonstration de cette même résurrection ; ils disaient en effet que le corps ne pouvait pas ressusciter ; puisqu’il était mort. Que leur oppose-t-il donc ? C’est que précisément s’il ne mourait pas, il ne ressusciterait pas ; ce qui fait qu’il ressuscite, c’est qu’il est mort. De même que le Christ, pour démontrer cette vérité, prononce ces paroles : « Si le grain de froment ne meurt après qu’on l’a jeté en terre, il demeure seul ; mais, quand il est mort, il porte beaucoup de fruit » (Jn. 12,24), de même Paul emprunte son exemple aux semences, et il ne dit pas : Ne vit pas, mais « ne reprend vie » ; cette expression prouve encore le pouvoir de Dieu, elle montre que ce n’est pas la force propre de la terre, que c’est, Dieu seul qui fait tout. Et pourquoi ne montre-t-il pas ce qui tenait plus étroitement au sujet, je veux dire la semence humaine ? En effet notre génération commence par la corruption, comme celle du froment. C’est quelles deux semences n’ont pas pour le raisonnement, une force égale, celle du froment est bien plus éloquente. Ce que veut l’apôtre, c’est quelque chose qui soit entièrement détruit, il n’y a dans la génération humaine de corruption qu’en partie. Voilà pourquoi c’est la semence du froment qui sert d’exemple. D’ailleurs l’autre, sortie d’un vivant, tombe dans un ventre vivant ; mais ici ce n’est pas dans de la chair, mais dans de la terre que la semence tombe, et elle s’y décompose comme le corps, comme le cadavre. Voilà ce qui fait que l’image prise du grain de froment convenait mieux au sujet. « Et quand vous semez, vous ne semez pas le corps qui doit naître (37) ». Tout ce qui précède, concerne le mode de la résurrection ; cette dernière observation répond au doute sur les corps dans lesquels les morts doivent revenir. Or que signifie : « vous ne semez pas le corps qui doit naître ? » L’épi entier, le froment nouveau. Ici en effet, le discours ne se rapporte plus à la résurrection même, mais au mode de la résurrection, à la nature du corps qui ressuscitera, à savoir.: s’il ressemblera au corps précédent, ou s’il sera meilleur et plus beau ; et le môme exemple sert à deux fins, l’exemple prouve que le corps ressuscité sera de beaucoup supérieur.
Mais ici les hérétiques, ne comprenant rien à ces choses, font un assaut et disent : C’est un corps qui tombe, c’en est un autre qui ressuscite. Que devient alors la résurrection ? Car la résurrection ne peut être que la résurrection de ce qui est tombé. Que devient la merveilleuse, l’étonnante victoire remportée sur la mort, si le corps qui tombe n’est pas le même qui ressuscite ? Dans ce cas, on ne pourra certes pas dire que la mort a rendu soir prisonnier. Et, maintenant, comment l’exemple donné serait-il approprié à là vérité ? Car l’essence que l’on sème n’est pas autre que celle qui reparaît, c’est la même essence devenue meilleure. Autre conséquence : le Christ n’aura pas repris le même corps, lui, les prémices de ceux qui ressuscitent ; à vous entendre, il a rejeté son corps, quoiqu’il fût exempt de tout péché, et c’est un autre corps qu’il a pris. Et d’où l’a-t-il tiré, ce second corps ? Le premier, il l’a pris d’une vierge, mais le second, d’où le tenait-il ? Voyez-vous à quelles absurdités est arrivée la démonstration ? Car enfin, pourquoi le Christ montre-t-il les traces et les empreintes des clous, sinon pour faire voir que c’est le même corps qui a été attaché à la croix, et qui est ressuscité ? Que signifie la figure de Jouas ? Que le Jonas qui a été englouti est le même qui a été rejeté sur la terre. Et pourquoi le Christ disait-il encore : « Détruisez ce temple, et je le rétablirai en trois « jours ? » (Jn. 2,19-21) C’est que le corps détruit est le corps qu’il a ressuscité. Aussi l’évangéliste ajoute-t-il : « Mais il parlait du temple de son corps ». Que signifie donc : « Vous ne semez pas le corps qui doit naître ? » C’est-à-dire, vous ne semez pas l’épi ; en effet, c’est le même et ce n’est pas le même ; c’est le