Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/598

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XLI.==
MAIS, DIRA-T-ON : EN QUELLE MANIÈRE LES MORTS RESSUSCITERONT-ILS, ET QUEL SERA LE CORPS DANS LEQUEL ILS REVIENDRONT ? – INSENSÉ QUE VOUS ÊTES, NE VOYEZ-VOUS PAS QUE CE QUE VOUS SEMEZ NE REPREND POINT VIE, S’IL NE MEURT AUPARAVANT ? (CHAP. 15, VERS. 35, 36)

ANALYSE.

  • 1. Sur la manière dont les morts doivent ressusciter. – Comparaisons prises du grain de froment qui se décompose pour produire la tige et l’épi. – Le corps qui ressuscite est à la fois le même et plus beau.
  • 2 et 3. Des différents degrés, soit parmi les justes dans la gloire, soit parmi les réprouvés dans le châtiment. Sur le corps animal et le corps spirituel.
  • 4 et 5. Il ne faut pas pleurer les morts avec une tristesse exagérée. – Il faut leur venir en aide par la prière et par les bonnes œuvres. – De la sécurité des morts dans le sein de Dieu.


1. Malgré la douceur, l’humilité que montre partout l’apôtre, ici, ses paroles ont une aspérité que justifie l’absurdité de ses contradicteurs. Il ne se contente pas toutefois de les rudoyer, il emploie des raisonnements, des comparaisons capables de réduire tes disputeurs les plus acharnés. Il dit plus haut : « Ainsi parce que la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme que doit venir la résurrection ». Ici, il résout l’objection des païens. Voyez encore comme il adoucit la dureté de la réprimande. Il ne dit pas, mais vous direz peut-être, il s’adresse à un contradicteur qu’il ne définit pas, de manière que la liberté de son discours ne puisse pas blesser les auditeurs. Maintenant il énonce les deux motifs de doute, le doute relatif au mode de la résurrection, le doute relatif à la qualité des corps. C’étaient là, en effet, les deux points qui troublaient les esprits : comment ressuscite ce qui a été décomposé ? et, « quel sera le corps dans lequel reviendront » les morts ? Que signifie, quel sera le corps ? Sera-ce le corps qui se sera corrompu, qui aura péri, ou un autre corps quelconque ? Ensuite l’apôtre, pour leur montrer que leurs doutes s’attaquent à des vérités incontestables, reconnues de tous, les refoule d’un ton véhément : « Insensé que vous êtes, ne voyez-vous pas que ce que vous semez ne reprend point vie, s’il ne meurt auparavant ? » C’est la méthode que l’on suit avec ceux qui contredisent des vérités reconnues. Pourquoi n’invoque-t-il pas tout de suite la puissance de Dieu ? C’est qu’il s’adresse à des infidèles. En effet, lorsque c’est aux fidèles qu’il parle, il fait bon marché des raisonnements. Voilà pourquoi il dit ailleurs : « Il transfigurera votre corps, tout vil qu’il est, afin de le rendre conforme à son corps glorieux » (Phil. 3,21), il montre quelque chose de plus que la résurrection, il n’apporte aucun exemple ; polir toute démonstration, le pouvoir de Dieu lui suffit, et il le rappelle-en disant : « Par, cette vertu efficace, par laquelle il peut s’assujettir toutes choses », Mais ici, il produit des raisonnements. Car après avoir confirmé la vérité par les textes de l’Écriture, il ajoute, de l’abondance de son cœur, contre ceux qui ne sont pas encore persuadés par l’Écriture : « Insensé que vous êtes, ne voyez-vous pas que ce que vous semez ». C’est-à-dire ; vous avez sous vos yeux la démonstration de cette vérité, vous la trouvez dans ce que vous faites chaque jour et vous, doutez encore ? Si je vous appelle insensé, c’est parce que vous ne voyez pas ce que vous faites vous-même chaque jour, c’est parce que vous êtes vous-même un artisan de résurrection et que vous doutez de la résurrection opérée par Dieu. Voilà pourquoi l’apôtre dit