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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/601

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par dissiper la première ; il s’occupe maintenant d’en finir avec la seconde : après avoir établi deux classes, celle des justes et celle des pécheurs, il les subdivise encore, et il montre que ni les justes d’un côté, ni les pécheurs d’un autre, ne recevrait le même traitement, qu’il n’y aura ni égalité pour tous les justes, ni égalité pour tous les pécheurs. Voilà donc la première séparation qu’il établit, celle des justes et celle des pécheurs, en disant : « Des corps célestes et des corps terrestres », car les corps terrestres sont comme l’image des pécheurs, et les corps célestes, celle des justes. Ensuite il fait entendre la différence de pécheurs à pécheurs : « Toute chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des poissons, autre, la chair des oiseaux et des animaux différents ». Il n’y a là que des corps, mais, les uns plus, les autres moins méprisables. Il en est de même de la vie, même différence dans la même constitution ; après ces paroles, il reprend de nouveau son essor au ciel : « Le soleil a son éclat, qui diffère de l’éclat de la lune. » Comme il y a différence entre les corps terrestres ; de même, entre les corps célestes, il y a aussi différence, et ce n’est pas une différence accidentelle, mais il y a diversité de degrés poussée à l’extrême. Car il n’y a pas seulement la différence du soleil et de la lune, ni de la lune et des étoiles, mais, d’étoiles à étoiles, il y a encore différence. Si tous ces astres sont dans le ciel, ils n’y sont pas tous également glorieux, mais, les uns plus ; les autres, moins. Que nous apprennent donc ces images ? Que si tous sont admis au royaume des cieux, tous n’y jouiront pas des mêmes biens ; que si tous les pécheurs sont dans la géhenne, tous n’y subiront pas le même traitement. Voilà pourquoi l’apôtre ajoute : « Il en arrivera de même dans la résurrection des morts (42). ». De « même », comment cela ? parce qu’il y aura une grande différence. Ensuite, laissant ce point, comme prouvé, il reprend encore la démonstration relative au mode de la résurrection, il dit : « Le corps est ensemencé dans la corruption, et il renaît incorruptible ». Voyez la sagesse du docteur ; quand il parlait des semences, il prenait des expressions appropriées aux corps : « Ne reprend point vie », disait-il, « s’il ne meurt auparavant » ; voici qu’en parlant des corps, il prend les termes appropriés aux semences, il dit : « Le corps est ensemencé dans la corruption, et il renaît incorruptible ». Il ne dit pas, le corps pousse, parce qu’il ne veut pas qu’on y voie le travail de la terre, mais « il renaît ». Quant à la semence, l’apôtre n’entend pas ici notre génération dans la matrice, mais l’enterrement des morts, la décomposition, la cendre des tombeaux. Aussi, après avoir dit : « Le corps est ensemencé dans la corruption, et il renaît incorruptible », l’apôtre ajoute : « Il est ensemencé, dans la honte (43) ». Car quoi de plus hideux qu’un cadavre en décomposition ? « Il renaît dans la gloire. « Il est ensemencé dans la faiblesse ». Car il ne faut pas trente jours, pour qu’il n’en reste plus rien ; la chair ne peut pas se conserver, elle ne peut pas seulement durer un jour. « Il renaît dans la force ». Car alors il ne lui restera plus rien de corruptible. L’apôtre avait besoin de ces exemples pour que les auditeurs n’allassent pas s’imaginer que tous renaissant dans l’incorruptibilité, dans la gloire, dans la force, il n’y avait aucune différence entre les ressuscités. Car si tous ressuscitent, et dans la force, et dans l’incorruptibilité, et dans cette gloire de l’incorruptibilité, tous pourtant ne possèdent pas le même honneur, la même inébranlable félicité. « Il est ensemencé comme un corps animal, il renaît corps spirituel. Comme il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel (44) ». Que dites-vous ? le corps que nous avons présentement, n’est-il pas un corps spirituel ? Spirituel, sans doute, mais l’autre le sera beaucoup plus. Car maintenant ; trop souvent, l’abondance des grâces du Saint-Esprit se perd par de graves péchés ; quoique le souffle de l’âme persiste encore, la voie de la chair n’y est plus ; une fois la grâce éteinte, le corps n’est plus rien ; mais alors il n’en sera plus de même ; sans s’éteindre jamais, elle subsiste dans la chair des justes, et sa puissance restera unie au souffle de l’âme. Ou c’est là ce que l’apôtre a voulu faire entendre en disant « spirituel », ou il a voulu dire que le corps sera plus léger, plus subtil, capable d’être porté par l’air, ou plutôt il a prétendu indiquer le tout à la fois. Si vous n’en croyez rien, voyez les corps célestes si brillants, si persistants, qui ne vieillissent pas, et croyez donc que Dieu a bien aussi le pouvoir de faire, de nos corps soumis à la corruption, des corps incorruptibles, de beaucoup supérieurs à ceux que nous voyons, « Selon qu’il est écrit : le premier homme, Adam, a été créé avec une âme vivante, et le second