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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/602

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Adam a été rempli d’un esprit vivifiant (45) ». Le commencement de cette citation se trouve bien dans l’Écriture (Gen. 2,7), mais la suite n’y est pas ; comment donc l’apôtre a-t-il pu dire, « selon qu’il est écrit ? » Il se fonde sur ce qui est arrivé ; c’est son habitude. C’est le style ordinaire des prophètes. Ainsi un prophète a dit que Jérusalem, sera appelée la ville de la justice, et elle n’a pas été appelée de ce nom. (Zac. 8,3) Eh quoi ? le prophète adonc parlé à faux ? nullement : il a voulu dire que les événements, lui mériteraient ce nom. Un autre a dit encore que le Christ serait appelé Emmanuel (Is. 7,14), et le Christ n’a pas eu ce nom, mais les événements accomplis le lui donnent assez. De même, pour ces paroles, « et le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant ».
Ces paroles sont pour vous faire comprendre que vous avez déjà reçu les symboles et les gages de la vie présente et de la vie à venir ; de la vie présente, par Adam ; de la vie à venir, par le Christ. Comice les biens les plus précieux ne peuvent être proposés que comme des espérances, l’apôtre tient à montrer que le commencement est déjà réalisé, il fait voir la racine et la source. Que si la racine et la source sont visibles pour tous, il n’est pas permis de révoquer les fruits en foute. De là ces paroles : « Et le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant ». Ailleurs encore il dit : « Vivifiera vos corps mortels par son esprit qui habite en vous ». (Rom. 8,11) C’est donc l’esprit qui vivifie. Maintenant on aurait pu dire, pourquoi dès les premiers jours a-t-on réalisé ce qui est le moins précieux, pourquoi ce qui concerne l’âme vivante a-t-il reçu un accomplissement plein et entier qui ne s’est pas arrêté aux prémices, pourquoi, en ce qui concerne l’esprit vivifiant, n’a-t-on reçu que les prémices ; l’apôtre montre que des deux côtés, les principes sont établis. « Mais ce n’est pas le corps spirituel qui a été formé le premier, c’est le corps animal, et ensuite le spirituel (46) ». L’apôtre ne dit pas pourquoi ; il se contente de l’ordre établi par Dieu ; le suffrage des événements lui garantit l’excellence de l’administration des choses par Dieu ; il montre que tout ce qui nous concerne s’avance toujours vers un état meilleur, et il assure par là l’autorité de ses paroles. Si le moindre est arrivé, à bien plus forte raison faut-il attendre ce qui est supérieur.
Donc, puisque nous devons jouir de ces biens si précieux, prenons notre place dans ce bel, ordre, et ne versons pas de pleurs sur ceux qui s’en vont, pleurons ceux qui finissent mal. L’agriculteur ne pousse Ras de gémissements à la vue du grain qui se corrompt, c’est quand il le voit conserver dans la terre sa solidité, qu’il a peur et qu’il tremble ; mais, du moment que les semences se décomposent, l’agriculteur, se réjouit. Car c’est le commencement de la semence à venir, cette décomposition. Faisons de même, sachons nous réjouir quand tombe la maison ainsi décomposée, quand un homme est ensemencé. Ne vous étonnez pas qu’il donne le nom d’ensemencement à la sépulture ; car la sépulture vaut mieux encore que l’ensemencement. Après les semences des champs, viennent les morts, les labeurs pénibles, les dangers, les soucis ; après la sépulture, si nous avons bien vécu, les couronnes et les prix glorieux ; après les semences de la terre, la corruption et la mort ; après la sépulture, l’incorruptibilité, l’immortalité, et des biens en foule ; dans un de ces ensemencements, ce qui se rencontré, ce sont les embrassements, les plaisirs, le sommeil ; dans le dernier de tous, les ensemencements, rien, plus rien qu’une voix descendant des hauteurs du ciel, et soudain toutes choses ont leur accomplissement. Celui qui ressuscite, n’est plus ramené aux fatigues d’une vie d’épreuves, il entre dans cette vie qui ne connaît ni la douleur, ni le deuil, ni, les gémissements. Si, dans l’homme que vous pleurez, ce qui provoque vos regrets, c’est l’appui, c’est le guide, le protecteur perdu, cherchez votre refuge dans le protecteur, dans le sauveur commun, dans le bienfaiteur de tous les hommes, en Dieu, cet invincible compagnon d’armes, cet auxiliaire toujours prêt, toujours présent, qui nous entoure, qui nous défend de toutes parts. Mais les longues liaisons forment des nœuds si aimables et méritent tant nos regrets ! Je le sais bien ; mais si vous soumettez à la raison les mouvements de votre âme, si votre raison se représente, ô femmes, celui qui vous a repris un époux, si vous faites tous à Dieu, dans vos afflictions, un généreux sacrifice de vos pensées, voilà qui apaisera les orages de vos cœurs, et vous né laisserez pas à faire au temps l’œuvre de la sagesse ; mais si vous vous laissez amollir, le temps adoucira vos douleurs, mais vous ne remporterez aucune récompense. 591 <