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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/70

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HOMÉLIE XV.


MAIS ÉTIENNE, PLEIN DE GRACE ET DE FORCE, FAISAIT DES PRODIGES ET DES MIRACLES ÉCLATANTS PARMI LE PEUPLE (VERS. 8, JUSQU’AU VERS. 5 DU CHAP. VII)

ANALYSE.

  • 1. Saint Étienne devant le conseil.
  • 2 et 3. Les premiers mots du discours de saint Étienne sapent le judaïsme par sa base.
  • 4 et 5. –, La vie présente est une lutte, un temps d’épreuve. – Agissons toujours de sorte que le Seigneur soit de notre côté. – Avantages de la tribulation. – Qu’il faut réprimer la colère.


1. Voyez comme il y en a un parmi les sept qui se distingue et tient le premier rang. Bien que tous aient reçu l’ordination, il a néanmoins attiré sur lui une plus grande grâce. Il ne faisait pas de miracles avant sa manifestation ; afin que nous apprenions que pour faire descendre le Saint-Esprit, la grâce ne suffit pas, mais qu’il faut encore l’ordination. Que si auparavant ils étaient remplis de l’Esprit, c’était de celui du baptême. « Quelques-uns de la synagogue se levèrent ». Il emploie encore cette expression « se levèrent », pour marquer leur exaspération et leur colère. Voyez ici leur grand nombre et aussi une nouvelle accusation. Car Gamaliel ayant écarté leur premier sujet d’accusation, ils en produisent Uni autre. « Alors se levèrent quelques-uns de la synagogue dite des Affranchis, de celle des Cyrénéens et des Alexandrins, et de ceux qui étaient de Cilicie et d’Asie, pour disputer avec Étienne ; et ils ne pouvaient résister à sa sagesse et à l’Esprit qui parlait. Alors ils subornèrent des hommes pour dire qu’ils l’avaient entendu proférer des paroles de blasphème contre Dieu et contre Moïse ». Pour établir l’accusation, ils disent : Il parle contre Dieu et contre Moïse. Voilà pourquoi ils disputaient avec lui, afin de le forcer à dire quelque chose. Mais lui s’énonçait avec clarté, et peut-être parlait-il de l’expiration de la loi ; ou, s’il n’en parlait pas ouvertement, tout au moins l’insinuait-il : car, s’il en eût parlé explicitement, il n’y aurait pas eu besoin de suborner de faux témoins.
Les synagogues des Affranchis et des Cyrénéens étaient différentes. Les habitants de Cyrène, ville au-delà d’Alexandrie, avaient des synagogues là et parmi les nations, et peut-être demeuraient-ils là pour ne pas être obligés de voyager continuellement. On appelait « libertini », les esclaves affranchis par les Romains. Comme beaucoup d’étrangers habitaient à Jérusalem, ils y avaient des synagogues où l’on devait lire la loi et prier. Examinez un peu avec moi comment Étienne est forcé ici d’enseigner, et comment ses adversaires, à la vue des miracles, ne sont pas seulement excités à la jalousie, mais subornent de faux témoins, parce qu’il les confond par ses discours et qu’ils ne peuvent plus le supporter. Ils ne voulaient point le tuer sans motif, mais après condamnation, afin de compromettre la réputation des apôtres ; puis, laissant les apôtres, ils viennent aux diacres, toujours pour épouvanter les premiers. Ils ne disent pas : Il parle ; mais : « il ne cesse de parler », aggravant ainsi la calomnie. « Ils soulevèrent les anciens et les scribes, et, accourant ensemble, l’entraînèrent et l’amenèrent au conseil ; et ils produisirent de faux témoins qui dirent : Cet homme ne cesse de parler contre ce lieu saint et contre la loi. Il ne cesse », disent-ils, comme pour montrer le but de ses efforts. « Nous l’avons entendu dire :