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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/95

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mais de celle de Dieu. « Pour Philippe, il se trouva dans Azoth, et il évangélisait en passant toutes les villes, jusqu’à ce qu’il vînt à Césarée ». Ceci démontre qu’il était un des sept, puisqu’on le trouve ensuite à Césarée. L’Esprit l’enleva à propos ; autrement l’eunuque l’aurait prié de venir avec lui, et Philippe l’aurait peut-être affligé par son refus ; car le moment n’était pas encore venu. Voyez-vous les anges coopérer à la prédication ? Sans prêcher eux-mêmes, ils appellent les prédicateurs. Et c’est là qu’est la merveille : ce, qui était rare et difficile autrefois, devient maintenant très-fréquent. Ce qui s’était passé, présageait d’ailleurs qu’ils triompheraient des étrangers. Car le témoignage des croyants était digne de foi et propre à inspirer le même zèle à ceux qui les écoutaient. Voilà pourquoi l’eunuque s’en allait plein de joie ; mais il n’eût pas été aussi joyeux s’il avait tout su. Mais qu’est-ce qui empêchait, direz-vous, qu’il n’apprit tout en détail, pendant qu’il était assis sur son char, surtout dans le désert ? C’est qu’il ne s’agissait point de faire de l’ostentation.
Mais examinons ce qui a été lu plus haut. « Et voilà qu’un Éthiopien, eunuque, puissant auprès de Candace, reine d’Éthiopie ». Il est clair que Candace régnait sur les Éthiopiens. Autrefois les femmes régnaient, et c’était la loi en Éthiopie. Philippe ne savait pas pourquoi il se trouvait dans le désert, parce que ce n’était pas l’ange, mais l’Esprit qui l’avait enlevé. L’eunuque ne voit rien de cela, ou parce qu’il est encore imparfait, ou parce que c est l’affaire des hommes spirituels et non des hommes charnels, et il ne sait pas ce qu’a appris Philippe. Et pourquoi l’ange ne lui apparaît-il pas, pour le conduire à Philippe ? Parce que peut-être il eût été plutôt frappé d’étonnement que convaincu. Voyez la sagesse de Philippe ! Il ne blâme pas, il ne dit pas : Vous êtes un ignorant, moi je vous instruirai. Il ne dit pas : je sais cela parfaitement. Il ne le flatte pas en disant : Vous êtes bienheureux de lire. Son langage est donc également éloigné de la présomption et de la flatterie ; c’est plutôt celui du véritable intérêt et de la bonté. Il fallait que l’eunuque questionnât, exprimât un désir. Mais Philippe fait assez voir qu’il connaît son ignorance, quand il lui dit : « Croyez-vous comprendre ce que vous lisez ? » Il lui indique en même temps qu’il y a là un grand trésor caché.
2. Mais voyez avec quelle prudence l’eunuque s’excuse. « Comment le pourrais-je », dit-il, « si personne ne me l’explique ? » Il n’a point regardé à l’habit, il n’a point dit : Qui es-tu ? Il ne blâme pas, il ne parle pas avec arrogance, il ne se vante pas de savoir, mais il confesse qu’il ignore ; et voilà pourquoi on l’instruit. Il montre sa plaie au médecin ; il comprend que celui-ci sait et veut l’instruire. Il le voit exempt de faste : car Philippe était modestement vêtu. Voilà pourquoi il est avide d’entendre et attentif à ce qui se dit ; en lui s’accomplissait cette parole : « Celui qui cherche, trouve. (Mt. 7,3) Il pria Philippe « de monter et de s’asseoir près de lui ». Voyez-vous son empressement ? Voyez-vous son désir ? Il le prie de monter et de s’asseoir près de lui ; il ne savait pas ce qu’il allait lui dire, mais il s’attendait simplement à entendre expliquer une prophétie. C’était de sa part une plus grande marque d’honneur de ne pas seulement faire monter Philippe, mais de l’en prier. « Et Philippe accourant l’entendit qui lisait ». La course indique un homme avide d’enseigner, la lecture un homme avide de savoir. Car il lisait précisément à l’heure où le soleil est le plus ardent. Or le passage était celui-ci : « Comme une brebis, il a été mené à la boucherie ». Une autre preuve de son désir de s’instruire, c’est qu’il a dans les mains le plus sublime des prophètes. Aussi Philippe s’explique-t-il avec lui sans vivacité mais avec calme ; il ne parle même qu’après avoir été interrogé, après en avoir été prié. Questionnant de nouveau, l’eunuque demande : « De qui, je vous prie, le prophète dit-il cela ? » Il me semble qu’il ignorait que les prophètes parlent des autres, ou tout au moins d’eux-mêmes, sous des noms supposés. Pauvres et riches, que l’exemple de cet intendant nous fasse rougir. « Ensuite ils rencontrèrent de l’eau, et il dit : Voilà de l’eau ». Ceci est l’indice de son extrême ferveur. « Qu’est-ce qui « empêche que je ne sois baptisé ? » Voyez-vous son désir ? Il ne dit pas : Baptisez-moi ; il ne se tait pas non plus ; mais son langage tient en quelque sorte le milieu entre le désir et le respect : « Qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ». Voyez comme il a la doctrine complète ; car le prophète embrasse tout : l’incarnation, la passion, la résurrection, l’ascension, le jugement futur ; et c’est ce qui inspire à l’eunuque un grand