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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/96

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désir. Rougissez aussi, vous qui n’êtes pas encore éclairés. « Et il fit arrêter le char ». Il parle, il commande, avant même d’écouter. « Lorsqu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe ». C’était pour montrer l’action de la divinité, et faire comprendre à l’eunuque que Philippe n’était point un homme ordinaire. « Et il continuait son chemin, plein de joie ». Ces paroles indiquent qu’il se fût attristé, s’il avait tout su ; mais la vivacité de sa joie l’empêchait de voir le présent, quoiqu’il eût été honoré de la visite de l’Esprit. « Et il se trouva dans Azoth ». Il y eut ici grand profit pour Philippe : car ce qu’il avait ouï-dire des prophètes, d’Habacuc, d’Ézéchiel et d’autres, se réalisait en lui, puisqu’en un instant il avait parcouru une grande distance et se trouvait à Azoth, où il resta, parce qu’il devait y prêcher l’Évangile.

« Cependant Saul respirant encore menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur, alla trouver le prince des prêtres, et lui demanda des lettres pour la synagogue de Damas, afin que s’il y trouvait des hommes et des femmes de cette voie, il les conduisît enchaînés à Jérusalem ». C’est à propos qu’il parle ici du zèle de Paul, pour montrer qu’il a été attiré au milieu de son extrême ardeur. Non encore rassasié par le meurtre d’Étienne, par la persécution et la dispersion de l’Église, il va trouver le prince des prêtres. Ici s’accomplit la parole du Christ à ses disciples : « L’heure vient où quiconque vous fera mourir, croira rendre hommage à Dieu ». (Jn. 16,2) Ainsi agissait Paul, mais non pourtant comme les Juifs, tant s’en fallait ! Et la preuve que c’est le zèle qui l’anime, c’est qu’il passe aux villes étrangères. Mais eux ne s’inquiétaient pas même de ce qui se passait à Jérusalem ; ils n’avaient qu’une chose en vue, l’honneur. Et pourquoi allait-il à Damas ? C’était une grande ville, une ville royale ; il craignait qu’elle ne fût envahie. Et voyez son empressement, voyez son ardeur, et comme il se conforme bien à la loi ! Il ne va pas trouver le gouverneur, mais le prince des prêtres. « Il lui demande des lettres, afin que s’il en trouvait de cette voie ». Il applique ce mot « voie » aux croyants, parce qu’alors tout le monde les appelait ainsi, peut-être parce qu’ils suivaient la voie qui mène au ciel. Mais pourquoi ne reçoit-il pas le pouvoir de les punir sur place, mais de les conduire à Jérusalem ?

Afin que le châtiment leur fût infligé par une puissance plus élevée. Voyez dans quel péril il se jette, et aussi comme il craint que mal ne lui arrive. Il s’associe des compagnons, peut-être par peur ; ou bien, comme il marchait contre une multitude, il s’entoure d’une multitude, afin de pouvoir plus hardiment « amener, enchaînés, à Jérusalem, les hommes et les femmes qu’il trouverait ». Il voulait, d’ailleurs, montrer à tous, le long du chemin, qu’il était seul l’auteur de l’entreprise, dont les autres n’avaient pas autant de souci. Et voyez que déjà auparavant il jetait en prison. Les autres n’en avaient pas le pouvoir, mais son ardeur le lui donnait. « Et comme il était en chemin et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui ; et, tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? »

3. Pourquoi cela ne s’est-il point passé à Jérusalem ? à Damas ? Afin que d’autres ne pussent pas en altérer le récit, et que celui qui était parti pour un tel motif, fût cru quand il le raconterait. En effet, il l’expose lui-même, quand il se défend devant Agrippa. Ses yeux sont malades, parce qu’une lumière trop vive est nuisible ; car les yeux ont leur mesure de force. On dit aussi qu’un son trop éclatant rend sourd et stupide. Mais il fut seul aveuglé, et la crainte éteignit sa colère, en sorte qu’il entendît ces paroles : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » On ne lui dit pas : crois, ni rien de semblable ; mais on l’accuse. Et celui qui l’accuse lui dit à peu près quel tort, grand ou petit, t’ai-je fait, pour que tu agisses ainsi ? « Il dit : Qui êtes-vous, Seigneur ? » Déjà il se reconnaît serviteur. Le Seigneur répondit : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Comme s’il disait : Ne t’imagine pas que tu fasses la guerre aux hommes. Ceux qui étaient avec lui entendirent bien la voix de Paul, mais ne virent point celui à qui il répondait. Et c’était juste : ils n’entendirent que ce qu’il y avait de moins important. Car s’ils avaient entendu cette voix, ils n’eussent pas cru : mais en voyant que Paul répondait, ils furent frappés d’étonnement. « Lève-toi, entre dans la ville, et là on te dira ce que tu dois faire ». Remarquez qu’on ne lui révèle pas tout, d’abord, qu’on se contente en premier lieu de calmer son âme et de lui donner bon espoir qu’il recouvrera la vue. « Or