Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/196

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Le bras agité par la fièvre de la passion, ne peut ni tenir sûrement, ni diriger les pinceaux de la poésie. L’indignation seule peut à la vérité faire des vers, satire elle-même devient plus mordante par sa douceur que par son fiel, de même que le mais non les meilleurs. La vinaigre dont l’acidité augmente si l’on y jette des tiges de roses, et qui dégénère si l’on y mêle l’amertume du houblon.


Les passions ressemblent au lion audacienx et généreux, quoique dévorant. L’égoisme est semblable à la punaise, qui mord et se repat en silence. L’homme a deux poches au ceur ; dans l’une il place le moi, dans l’autre ce qui lui est étranger ; il aime mieux laisser vide cette dernière que la mal remplir. L’égoiste n’a qu’une seule poche, comme les vers et les insectes : le véritable égofste réclame sans pudeur l’amour qu’il refuse… il pourrait moudre le monde dans un moulin à coche-