Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

elle. C’est à cette divine inspiration qu’obéissait Socrate et dans la pureté de sa vie et dans son suprême sacrifice au devoir. C’est elle aussi qui fait dire au Christ : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père qui est au Ciel. » C’est elle encore qui dirige les âmes simples et droites, sincèrement attachées au bien, et qui les unit dans un même sentiment, plus fort et plus vivant que le dogmatisme sectaire des religions humaines. Il y a des hommes qui croient que l’on peut accomplir la loi morale, alors même qu’on n’a aucune religion ; il y a même des philosophes qui prétendent que la soumission à cette loi est d’autant plus parfaite qu’il ne s’y mêle aucun autre sentiment que celui de l’obligation morale. Mais il nous semble que la piété seule peut soumettre entièrement l’âme au devoir. C’est aussi l’opinion exprimée par Jean-Paul, dans ces paroles inspirées d’une âme croyante : « Ce qu’il fait et ce qu’il souffre n’est pas un sacrifice à Dieu, car il aime Dieu. Du ciel, la flamme descend sur l’autel et consume la bête, mais la flamme et le prêtre restent. La loi morale commande à ceux qui sont dépourvus d’amour, afin de les rendre meilleurs. Mais la contemplation de l’ami de l’âme, qui vivifie cette loi et la rend infinie, bannit non seulement la mauvaise pensée qui triomphe, mais aussi celle qui tente. Ainsi que l’aigle plane au-dessus de la plus haute cime, l’amour sincère s’élève au-dessus du devoir inaccessible. »

Jean-Paul se demande comment il faut introduire