Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/18

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est la puissance d’un système en vigueur, lors même qu’il n’est pas universel, lors même que toutes les périodes de l’histoire, et surtout les communautés les plus prospères et les plus illustres, présentent de nobles et grands exemples du système contraire. Dans un gouvernement despotique, celui qui s’approprie le pouvoir et a intérêt à le garder est seul, tandis que les sujets qui subissent sa domination forment à la lettre tout le reste de la nation. Le joug est nécessairement et naturellement une humiliation pour tous, à l’exception de l’homme qui occupe le trône, et tout au plus de celui qui espère lui succéder. Quelle différence entre ces pouvoirs et celui de l’homme sur la femme ! Je ne préjuge pas la question de savoir s’il est justifiable, je montre seulement que, ne le fût-il pas, il est et ne peut pas ne pas être plus stable que les autres genres de domination qui se sont perpétués jusqu’à nos jours. Quelque satisfaction d’orgueil qu’il y ait à posséder le pouvoir, quelque intérêt personnel qu’il y ait à l’exercer, cette satisfaction, cet intérêt ne sont point le privilège d’une classe, ils appartiennent au sexe masculin tout entier. Au lieu d’être pour la plupart de ses partisans une chose désirable d’une manière abstraite, ou comme les fins politiques que les partis poursuivent à travers leurs débats, d’une médiocre importance pour l’intérêt privé de tous, les meneurs exceptés ; ce