Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/84

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l’égalité, mais la vie politique ne remplit qu’une très petite place dans la vie moderne, ne pénètre pas dans les habitudes journalières et n’atteint pas les sentiments les plus intimes. La famille constituée sur des bases justes serait la véritable école des vertus de la liberté. Assurément c’est tout autre chose qu’on y apprend. Ce sera toujours une école d’obéissance pour les enfants, et de commandement pour les parents. Ce qu’il faut de plus, c’est qu’elle soit une école de sympathie dans l’égalité, de vie en commun dans l’amour, où la puissance ne soit pas toute d’un côté et l’obéissance toute de l’autre. Voilà ce que la famille doit être pour les parents. On y apprendrait alors les vertus dont on a besoin dans toutes les autres associations ; les enfants y trouveraient un modèle des sentiments et de la conduite qui doivent leur devenir naturels et habituels et qu’on cherche à leur inculquer par la soumission qu’on exige d’eux pendant la période de leur éducation. L’éducation morale de l’espèce ne s’adaptera jamais aux conditions du genre de vie dont tous les progrès ne sont qu’une préparation, tant qu’on n’obéira pas dans la famille à la même loi morale qui règle la constitution morale de la société humaine. Le sentiment de la liberté tel qu’il peut exister chez un homme qui fait reposer ses affections les plus vives sur les êtres dont il est le maître absolu, n’est pas l’amour véritable ou l’amour