Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/85

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chrétien de la liberté, c’est l’amour de la liberté tel qu’il existait généralement chez les anciens et au Moyen Age, c’est un sentiment intense de la dignité et de l’importance de sa propre personnalité qui fait trouver avilissant pour soi un joug qui n’inspire pas d’horreur par lui-même, et qu’on est très disposé à imposer aux autres pour son propre intérêt ou pour satisfaire sa vanité.

Je suis prêt à admettre, et c’est là-dessus que je fonde mes espérances, que bien des personnes mariées même sous la loi actuelle, et probablement la majorité des classes supérieures, vivent selon l’esprit d’une loi d’égalité et de justice. Les lois ne seraient jamais améliorées, s’il n’y avait beaucoup de personnes dont les sentiments moraux valent mieux que les lois existantes : ces personnes devraient soutenir les principes que je défends ici, qui ont pour seul objet d’amener tous les couples à leur ressembler. Mais avec une grande valeur morale, si on n’a pas en même temps un esprit philosophique, on est très porté à croire que les lois et les habitudes dont on n’a pas personnellement subi les effets fâcheux ne produisent aucun mal, qu’elles produisent même probablement du bien, si elles semblent obtenir l’approbation générale, et que les autres ont tort d’y faire des objections. Ces personnes ne songent pas une fois par an aux conditions