Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/105

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au moment où une flotte de croisade attaquait les côtes de l’Asie Mineure et où des ingénieurs italiens dirigeaient les canons d’Ouzoun-Hassan. Par cette collaboration guerrière des Roumains, le Saint-Siège devenait le protecteur obligé de la Moldavie, et Sixte IV qualifiait le prince danubien d’ « Athlète du Christ », demandant, à plusieurs reprises, qu’il eût sa part des subsides que le roi Matthias recevait du Trésor apostolique.

Mais Mohammed était décidé à conquérir tout le pourtour de la mer Noire en écartant les derniers restes de la domination chrétienne. Déjà, tout en réclamant un tribut que le prince moldave n’avait peut-être jamais payé à la Porte, il avait prétendu, avant le combat de Vasluiu, « que les ports du Danube inférieur et de l’embouchure du Dniester, Chilia et Cetatea-Alba, lui fussent livrés ». Aussitôt que la navigation devint possible, l’attaque contre la Moldavie fut reprise ; mais elle fut précédée par le grand coup porté contre la principale ville de commerce de ces régions, la Gaffa des Génois, qui succomba, de même que le château des Comnène à Théodori, dont il ne resta que des ruines. Etienne fut plus heureux. Il venait de se réconcilier avec le roi de Hongrie, obtenant même deux places de refuge en Transylvanie, Ciceu (Gsicsô), dans le rayon de Bistritz, et Cetatea-de-Balta (Küküllövar), au milieu même de la province, sur le cours des Târ-nave, et cela sans avoir prêté l’hommage, ni signé un engagement formel de vassalité. Il put donc concentrer ses forces pour résister énergiquement à l’assaut turc contre ses ports.

La grande lutte contre la Moldavie devait être cependant reprise, sous le commandement du Sultan lui-même, avec toutes les forces de l’Empire, une année plus tard. Le roi Matthias avait employé les circonstances pour fortifier seulement sa propre position sur